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Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Les Cévennes Lun 2 Aoû - 9:02
Les Cévennes un étonnant parcours
Les Cévennes, c’est un pays de granit et de schiste situé en bordure méridionale du Massif Central et sur le versant méditerranéen, entre les sources de l’Ardèche et de l’Hérault. Nature belle et rebelle, farouche et généreuse tout à la fois dont le paysage rasé fût entièrement redessiné par la main de l’homme qui y créa bancels, faysses, terrasses aménagées pour la culture de la vigne, des mûriers et des céréales. Et ceci avec un habitat tantôt de schiste, tantôt de granit, couvert de lauzes, qui se confond dans l’environnement. Ce fût le pays des Camisards. Les Huguenots des Cévennes portaient la chemise blanche la nuit en signe de reconnaissance d’où le nom "Camisard". Mais l’Histoire des Cévennes a eu ses heures sanglantes lorsque la révocation de l’Edit de Nantes en 1685, provoque l’interdiction de pratiquer la religion "réformée". Telles des bêtes traquées, pourchassées par les dragons du Maréchal de Villars, bergers, cardeurs de laine, ramasseurs de châtaignes, les gens du peuple prophétisent au monde "la liberté de conscience". Le relief accidenté, les montagnes et les vallées impénétrables mais familières, sont des abris naturels où se tiennent des assemblées secrètes... Quelques noms de chefs camisards : Roland, Jean Cavalier, mais aussi de martyre : Marie Durand. Ces guerres de religions ont inspiré de célèbres écrivains, tels que J.P Chabrol, André Chamson, J. Carrière, Michel Jeury, de cinéaste:René Allio et poète: Marcel Pagès, mais aussi de villageois comme le bourgeois Durand de Massane dans son "Livre de Raison". tube Jean Ferrat La Montagne :
D'autres auteurs, amoureux des Cévennes, s'en sont inspirés tel Jean Ferrat dans une chason qu'il intitula La Montagne.
Saint-Germain-de-Calberte, chef lieu de canton, vous raconte son histoire A Mialet, au Mas Soubeyran, le Musée du Désert retrace cette partie de l’Histoire des Cévennes. Sur les versants : Châtaignier, majestueux et fier "L’arbre à pain du Cévenol". Les châtaignes, assurèrent la subsistance quotidienne des montagnards: tout était utilisé. Les feuilles servaient de fourrage aux moutons et aux chèvres, de litière aux porcs... Le bois était employé à la fabrication des charpentes, meubles et tonneaux.Les châtaignes étaient tantôt séchées dans les "clèdes", consommées sous forme de soupe " le bajanot ", tantôt fraîches et grillées " l’affachado ". Le châtaignier a régressé au profit du chêne vert, du pin maritime et en altitude du chêne blanc et du hêtre.. Quelques rares mûriers sont encore accrochés aux " bancels " (bandes de terrain aménagées sur sols pentus). Autrefois très répandu, le mûrier, arbre importé d’Orient par les Croisés au XIII ème siècle, fit la prospérité des Cévennes. Il fût à ce titre surnommé " l’arbre d’or ". Ses feuilles nourrissaient les chenilles voraces qui étaient entreposées dans des magnaneries. Après mutation des vers en cocons, accrochés sur des branches de bruyère, ils étaient alors dévidés de leur fil de soie. Dernière étape: le tissage... Les fils synthétiques, la maladie du ver et l’abandon de la soie naturelle provoquèrent le déclin de la sériciculture cévenole. Le Musée de la Soie à St Hippolite du Fort et la Magnanerie de La Roque à Sainte-Croix-Vallée-Française retracent son épopée. La bibliothèque municipale de Saint-Germain-de-Calberte a constitué un fond de livres historiques relatifs aux Cévennes. Ce sont des ouvrages de grande qualité à la disposition des personnes intéressées, et ce gratuitement. Chaque sommet, chaque vallée a sa légende, comme celle du Loup du Gévaudan. Mais tout n’est pas que légende... R.L.Stevenson, jeune écossais, auteur de "L’Ile au Trésor" décida de traverser les Cévennes en 1878. D’abord randonneur solitaire, curieux de l’histoire de ses frères de religion, puis accompagné de Modestine, une ânesse pleine de caractère et de courage, il parcourut : Le Velay, Le Gévaudan, Le Mont Lozère puis le coeur des Cévennes... Son carnet de route, intitulé "Voyage avec un âne dans les Cévennes", inspire de nombreux randonneurs, qui effectuent scrupuleusement le même parcours ou partiellement (voir randonnées avec un âne) Au XIX ème siècle et jusqu’au début du XXéme comme en témoignent les anciens, une population dense occupait la majeure partie du territoire. Une grande partie de la grande faune avait été éliminée. Mais aujourd’hui le renouveau des forêts et l’étendue des landes laissées en friches ont recréé un habitat favorable pour les sangliers, cerfs, chevreuils, mouflons.... Les vautours fauves ont retrouvé les gorges du Tarn et de la Jonte, et les castors, les eaux des rivières. Eux aussi font partie du patrimoine. ... Chacune des crêtes, entre St-Jean-du-Gard et le Mt Lozère sont des "drailles", pour "l’estives", le passage des troupeaux de la transhumance. Lorsque l’on parle des Cévennes, on les évoque bien souvent au passé, mais elles sont bien présentes... Passager du paysage, si vous rencontrez une difficulté pour franchir une crète, pour traverser un Gardon, ne désespérez pas et rappellez-vous que cette région se mérite...
Le Massif des Cévennes et son Parc National dans les montagnes du Sud de la France, entre Auvergne et Languedoc, sur les départements de la Lozère, de l'Ardèche, du Gard et de l'Aveyron. Randonnées, Histoire de France, Gîtes d'étapes et de séjours, Chambres et tables d'hôtes.
Histoire des Cévennes Cévennes: Apparenté au gallois cefn, « dos », et au gaulois Cebenna, nom propre "les Cévennes": aucun équivalent sûr en dehors du celtique (LEBM, Lexique Étymologique des termes les plus usuels du Breton Moderne). Par ext. dossier, échine, quille (bateau). (Forme plus ancienne kefn/kevn – Dict. celto-bret. Le Gonideg, 1850). Nom sans doute ligure "Cemmenon” ou "Cibenon". Strabon écrit ce nom au sing. "kèmmènon", Ptolémée au plur. "kèmènna". Avienus écrit "Cimenici regio". Les gaulois ont substitué à ce terme ligure dénué de sens pour eux le nom de "Cebenna", dos (en gall. "cefn", "cefyn"; utilisé aussi en Pays de Galles pour désigner des montagnes). Pline écrit "Cebenna", César "Cevennna". (H. d’Arbois de Jubainville). Gallois "cefn", dos. Etimologia: gallès < britònic (gallois < brittonique) *KEMN- = esquena (dos, échine).Formes emparentades (formes apparentées): bretó kein = esquena. (Dict. gall.-catalan). ***
La découverte d'une partie de la boîte crânienne d'un homme, engagée dans des sables et des lapilli du volcan pléistocène de Denise près du Puy en Velay, a prouvé que l'homme a été témoin des dernières éruptions quaternaires. L'homme pour se défendre contre les animaux formidables de cette période avait armé son bras d'épieux, de pierres tranchantes (coup de poings), enfin de flèches frappant mortellement à distance. Pour cela les silex qu'il sut tailler en tranchant par éclats lui furent de première utilité. Les terrains qu'il rencontrait dans les Cévennes ne renfermaient que peu de silex, mais les terrains de l'Aveyron en étaient pourvus et le crétacique de la rive gauche du Rhône en offrait abondamment. Il est probable qu'il y eut de bonne heure un mouvement de transhumance des peuplades de pêcheurs et de chasseurs entre les rives du Rhône ou le littoral maritime et les hauts plateaux cévenols, où il est évident qu'ils purent se fournir abondamment des silex nécessaires. A l'époque néolithique, alors que l'homme avait appris à tailler finement et à polir les pierres, il usa des matériaux durs qu'il trouvait, notamment dans la région volcanique, basalte, quartz, jadéite, fibrolite (silicate d'alumine), actinote, etc. Le grand nombre de grottes et d'abris sous roche qu'il trouva dans les calcaires de l'Ardèche, pays des Gras, causses de Saint-Remèze, etc., dans ceux de la Lozère, cans cévenols, causse Noir, causses Méjean, de Sauveterre, de Sèverac, du Larzac, etc., permit à l'homme préhistorique de s'y multiplier. Aussi, nombreux sont les monuments mégalithiques qu'il y laissa; l'Aveyron possède le dixième des dolmens classés de la France. Les menhirs ou pierres levées sont aussi très nombreux : le menhir était une pierre de première utilité et son caractère sacré en assurait la conservation. Il faut avoir erré sur ces immenses plateaux, soit par temps de brouillard, soit par les fameuses tourmentes de neige appelées sibères, pour se rendre compte de la nécessité de ces points de repère pour tous, bergers, transhumants, colporteurs de silex.
Dans la Haute-Loire, le Velay, n'a pas révélé, en dehors de la trouvaille de Denise, de traces de la période paléolithique ou de la pierre taillée; la période néolithique ou de la pierre polie n'y est pas mieux représentée. Le Velay, enserré par de hautes montagnes et de grands plateaux volcaniques, ne communiquant que par d'étroites gorges avec la Loire ou l'Allier, pas du tout avec le Bas-Rhône, semble être resté en dehors des explorations saisonnières dont nous avons parlé plus haut. On n'y signale que huit dolmens : parmi ceux-ci, il faut citer celui qui était au sommet du Mont-Anis et dominait la station où s'est établi Le Puy en Velay. Son caractère sacré survécut aux religions de la préhistoire et des Druides; il devint pierre des ladres, pierre des fièvres, et demeure toujours l'objet d'un pèlerinage suivi. L'âge du bronze a donné du moins lieu à quelques heureuses trouvailles : le musée du Puy en Velay a gardé la plupart des objets recueillis à Saint-Pierre-Ainac, à 850 m. d'altitude et à 13 k. E. du Puy en Velay, pacotille de marchand ambulant, composée de 78 objets, neufs pour la vente ou brisés pour la fonte; le musée de Lyon a acquis un petit trésor de bijoux en or provenant de la Montée des Capucins au Puy en Velay. De l'âge du fer, il a été trouvé peu de choses en Haute-Loire, malgré les recherches d'Aymard. La Lozère, ouverte vers la vallée du Lot, au S.-O., comme la Dordogne, a été habitée évidemment dès la période paléolithique, mais n'a pas donné lieu à de nombreuses trouvailles de cette époque. Cependant un atelier de taille de silex travaillait, à Saint-Léger-de-Malzieu, un excellent gisement d'un silex d'origine lacustre. Par contre, l'époque néolithique a des haches et des pointes de lances finement taillées, des simulacres de hachettes pour tombeaux en jadéite, des colliers en jais, en os, des aiguilles, des poteries (non tournées), enfin les restes de toute une sorte de civilisation. La préhistoire en Lozère a donné lieu à d'importants travaux de l'abbé Delaunay, de l'abbé Solanet, de Malafosse, du Dr Prunières surtout, et de Marcellin Boule. C'est a l'occasion d'une trouvaille faite en 1873, que le Dr Prunières, appuyé par le Dr Broca, révéla l'existence de la trépanation préhistorique sur des crânes intentionnellement perforés et où le travail des bourrelets de cicatrisation est nettement visible. Le musée de la Société d'Agriculture à Mende contient un trésor de l'âge du bronze trouvé à Carnac, près de La Malène, sur le causse Méjean : pointes de flèches, vases, boutons, bracelets, bagues, etc. Il est à remarquer que les dolmens et tumuli des Causses ont continué à recevoir des sépultures jusqu'à la fin de l'époque mérovingienne; on y a trouvé des deniers des évèques de Mende du XII°, tant a été grande sur le causse la permanence de la vie traditionnelle. Les stations et grottes préhistoriques du département du Gard (stations de Collorgues, de Fontbouisse; cachette de Vers; grottes de Meyrannes, grotte Sartanette, grottes du Gardon, etc.), ont fourni au musée archéologique et au muséum de Nîmes des documents préhistoriques particulièrement intéressants. L'oppidium de Murviel-lès-Montpellier, celui de Nages, près Nîmes, les grottes de Bize, le dolmen de Villeneuye-Minervois, sont, en dehors de la vallée du Rhône, les principales curiosités préhistoriques du Bas-Languedoc; il faut leur joindre les collections du musée de la Société archéologique de Montpellier, celles du musée de Narbonne, composées en partie d'objets trouvés dans le voisinage de ces villes. Le département du Tarn a fourni peu de monuments ou objets préhistoriques.
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: Les Cévennes Lun 2 Aoû - 9:12
A l'aube de la période historique tout le Sud-Est de la France est habité par les Ligures. Ils avaient créé ce que l'on a pu appeler la civilisation des oppida, commune à la région qui nous occupe et à la Provence. Cette civilisation remplaçait celle des cavernes mais elle en dérivait directement. Quelles sont en effet, au point de vue de l'activité humaine, les caractéristiques du Midi méditerranéen français. C'est de comporter deux grandes voies de circulation d'une importance exceptionnelle l'une orientée de l'Est à l'Ouest qui, par les vallées de l'Argens et de l'Arc, puis par la plaine du Bas-Languedoc, la vallée de l'Aude, celles de l'Hers et de la Garonne, conduit d'Italie à l'Atlantique avec facile bifurcation vers l'Espagne; l'autre, orientée du Sud au Nord, la vallée du Rhône, qui conduit droit à la mer du Nord. La première apportait le bronze, la seconde apportait l'ambre. Mais c'est aussi que ces deux grands passages sont bordés de montagnes abruptes où abondent les fortes positions d'où l'on peut en sécurité surveiller la plaine. C'est enfin l'importance inévitable des échanges économiques entre la montagne et la plaine. Les oppida, nœuds de routes et centres de zones cultivées, marquaient donc un incontestable progrès sur l'âge des cavernes, mais ce progrès fut encore accentué par les relations que les habitants, prenant un contact direct avec la civilisation hellénique, entretinrent avec les comptoirs que les Phéniciens au VIII°, puis au VI° les Phocéens installèrent sur la côte (Marseille, la Rouanesse près Beaucaire, Agde). C'est vraisemblablement au milieu du IV° que les Celtes ou Gaulois envahirent la région, occupant militairement les oppida afin de dominer les autochtones probablement plus nombreux qu'eux. Mais une fusion semble s'être faite assez rapidement et, à défaut d'autres témoignages, les curieuses monnaies gauloises suffiraient à montrer avec quelle facilité les rudes conquérants subirent l'influence civilisatrice des marchands grecs. L'année 218 vit se dérouler, à travers la région qui nous occupe, un des plus fameux événements de l'histoire dont les répercussions devaient être, pour elle, considérables: l'expédition d'Annibal. L'armée carthaginoise, bien qu'elle ait, d'une façon générale, su acquérir la netitrailté bienveillante des Gaulois, dut cependant disputer aux Volces le passage du Rhône, puis, négligeant les troupes que les Romains avaient débarquées à Marseille, s'enfonça dans les Alpes pour les franchir. On sait comment finit le conflit de Rome avec Carthage. Une de ses conséquences fut la conquête de l'Espagne par les Romains et cette conquête eut à son tour pour conséquence fatale l'occupation du littoral gaulois. Malgré la facilité relative des communications maritimes, les vainqueurs songèrent bientôt à utiliser et à améliorer la route qu'avaient empruntée les envahisseurs puniques. Ils profitèrent de la faiblesse de leurs alliés marseillais, incapables de se défendre contre les agressions des Celto-Ligures, pour venir à leur aide et occuper méthodiquement le pays: Nice en 154, Aix en 123, Nîmes en 120, Narbonne en 118, Toulouse en 106. La route suivie par Annibal devenait une voie romaine, la voie Domitienne, et la région conquise devenait la Gallia transalpina et, un peu plus tard, la Provincia Romand, gouvernement militaire dont la Provence conserve le nom. Les Romains, en effet, avaient été obligés, pour mettre la voie Domitienne à l'abri des coups de main, d'occuper l'arrière-pays, et il est très curieux de noter que la partie de la Provincia située sur la rive droite du Rhône a déjà à peu près les mêmes limites que notre Languedoc du XVIII°: elle embrasse en effet les Helviens (Vivarais), les Volces Arécomiques (Bas-Languedoc) et les Volces Tectosages (Toulousain et Albigeois). Le pays des Rutènes (Rouergue) reste en dehors de la Province de même que, à la fin du XVIII°, il appartient au gouvernement de Guyenne et à l'intendance de Montauban, formant un grand saillant qui s'avance au cœur du Languedoc. Toutefois, le pays des Vellaves (Velay) et celui des Gabales (Gévaudan) restent en dehors de la Province romaine. Celle-ci sera naturellement la base des opérations de César pour la conquête de la Gaule et c'est lui qui, le premier, nous parle du mons Cevenna que, par une manœuvre stratégique célèbre, il fit franchir malgré la neige, en février 52, aux troupes stationnées sur la côte, simple feinte destinée à masquer l'arrivée en Auvergne, par le Nord, des dix légions qu'il avait concentrées dans la région de Langres: c'était le début de la campagne que devaient marquer le siège d'Avaricum et l'attaque manquée de Gergovie. Après la conquête, la Province Romaine devint la Narbonnaise, province proconsulaire. Elle fut administrée avec ce respect des traditions locales, cette exactitude méticuleuse qui était partout la marque du génie romain. Dans les vieilles villes celto-ligures, des colonies de vétérans ou de citoyens romains forment les cadres d'une occupation toute pacifique, tant la population autochtone subissait aisément les vainqueurs. A la fin du IV°, la Narbonnaise Première, détachée de la grande Narbonnaise, préfigure à peu de chose près notre Languedoc. Narbonne l'emporte sur Nîmes, sur Béziers et même sur Toulouse. Les vins du Biterrois sont déjà réputés. La romanisation de cette région déjà touchée par l'hellénisme fut si profonde qu'elle eut deux curieuses conséquences: la première, c'est que, encore aujourd'hui, la population ne parle pas autre chose qu'un latin vulgaire transformé; la seconde, c'est que le christianisme y progressa moins rapidement que sur les bords de la Saône, de la Loire ou de la Seine; il ne s'y organisera véritablement que dans la seconde moitié du IV° et il est permis de dire que, à travers les siècles, le génie languedocien, tout marqué de christianisme qu'il soit, est demeuré davantage encore romain. Les grandes invasions furent marquées par l'installation, en 419, avec le consentement de l'empereur Honorius, des Visigoths en Aquitaine (Nantes, Bordeaux, Toulouse). Au milieu du V°, ils occupent le reste de la Narbonnaise. Ces barbares, qui étaient depuis quelque temps déjà à la solde de l'Empire, ne détruisirent pas la civilisation gallo-romaine, mais l'utilisèrent aussi bien que possible, en sorte que la région n'a pas fourni de « monuments » visigoths, sauf des sépultures et des bijoux. Fustel de Coulanges a d'ailleurs montré que les envahisseurs devaient être beaucoup moins nombreux que les Gallo-Romains ils ne furent que des garnisaires un peu rudes.
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: Les Cévennes Lun 2 Aoû - 9:14
La fin du V° marqua l'apogée du royaume des Visigoths qui s'étendait alors d'Orléans jusqu'aux colonnes d'Hercule, embrassant presque toute l'Espagne. La victoire remportée par Clovis à Veuille en 507 chassa du Sud-Ouest de la France les Visigoths qui réussirent à conserver l'ancienne Narbonnaise moins le district de Toulouse. Cette région, province du royaume visigoth d'Espagne, prit alors le nom de Septimanie ou Gothie. Le VIII° vit apparaître les Sarrasins. Il est démontré, aujourd'hui, que ces nouveaux envahisseurs se conduisirent en simples pillards, incapables de rien créer, et que la région n'a pas conservé la moindre « antiquité arabe ». Il faut probablement voir la cause du souvenir extraordinairement vivant qu'ont laissé ici, comme en Provence, les « Maures » ou « Sarrasins », dans le fait que, pendant cinq siècles, la croisade fut prêchée sans cesse pour la délivrance de l'Espagne et que, bien avant les grandes expéditions de Terre Sainte, de nombreux Français du Midi avaient, par petits paquets, franchi les Pyrénées pour combattre les Infidèles. Quoi qu'il en soit, ce fut par Narbonne que, en 719, les Arabes commencèrent l'aventureuse équipée à laquelle Charles Martel mit fin à Poitiers en 732. Mais ils réussirent à garder la Septimanie jusqu'en 760, date à laquelle ils en seront expulsés par Pépin le Bref. Sous les Mérovingiens et sous les Carolingiens, Toulouse demeurera la capitale de l'Aquitaine et changera de maîtres au gré des partages qui ruinèrent ces deux dynasties. Charlemagne avait conservé la Septimanie comme division administrative de son Empire, une « marche » dont le rôle était de renforcer la marche d'Espagne, le futur comté de Barcelone. Dans l'anarchie qui suivit la décomposition de l'Empire de Charlemagne, les comtes de Toulouse, simples fonctionnaires, suivant le temps, de l'empereur, du roi ou du duc d'Aquitaine, devinrent comtes héréditaires, et le comté de Toulouse, démembré du duché d'Aquitaine, fut, dès le début de la dynastie capétienne, un des grands fiefs mouvant directement de la Couronne. Mais le roi était loin et sa suzeraineté toute théorique. Au cours des XI° et XII°, la dynastie des comtes de Toulouse ne cessa pas de grandir. Sans entrer dans les détails de cette histoire compliquée, il suffit de dire que, à l'aube du XIII°, le comte de Toulouse possédait le Toulousain, l'Agenais, le Quercy et le Rouergue, qu'il était duc de Narbonne (ancienne Septimanie) et marquis de Provence (Comtat Venaissin et Valentinois), et qu'il avait pour vassaux les comtes ou vicomtes de Foix, d'Astarac, d'Armagnac, de Pardiac, de Lomagne, de Razès, d'Albi, de Carcassonne, de Narbonne, de Béziers et de Nîmes. On voit en quoi ce domaine différait de la future province de Languedoc il empiétait fortement sur la Gascogne; par contre il y manquait les comtés ecclésiastiques de Viviers, de Velay et de Gévaudan. Protégée par des princes éclairés, héritière de la civilisation gallo-romaine, entretenant avec l'Orient, par le port que Montpellier avait à l'embouchure du Lez, des relations que les croisades avaient développées, la population du comté de Toulouse était, au moins par la littérature et les mœurs, bien en avance sur le Nord de la France. Convictions chrétiennes, attirance de l'Orient, goût des aventures, ambition ? nous ne saurons jamais la complexité des raisons qui poussèrent le comte Raymond IV à se croiser pour mourir, en 1105, comte de Tripoli. La civilisation toulousaine est caractérisée par la fréquence de la petite propriété privée, par le petit nombre des serfs, surtout dans la plaine, par l'usage du « droit écrit » d'origine romaine, par le groupement de la population en villes et en gros villages, ceux-ci ayant généralement succédé à une villa gallo-romaine. De là la puissance précoce des « communes » qui, à partir du XII°, sont dirigées par des consuls ou capitouls et jouissent d'une véritable autonomie administrative et, dans une certaine mesure, politique. C'est par là, par l'ascension continue d'une bourgeoisie qui prête aux seigneurs dépensiers l'argent qu'elle a gagné dans le négoce et en fait ainsi ses obligés, que le Languedoc, comme la Provence, ressemble beaucoup plus à l'Italie qu'à la France du Nord. Par opposition encore à la France du Nord, la civilisation toulousaine est laïque. L'Eglise a cependant, ici comme ailleurs, joué son rôle; dans le chaos du haut Moyen Age elle a été la seule armature du pays, elle a maintenu ce qu'elle a pu de la culture gréco-latine, elle a organisé la bienfaisance, créé des « villes franches », facilité la diminution du servage. Mais c'est un fait que les Méridionaux, du moins ceux de la plaine, ceux qui ont pour eux le nombre et la richesse, ne fournissent à l'Eglise, ni théologiens, ni mystiques; comme en Provence, la faiblesse du monachisme bénédictin est frappante et encore faudrait-il faire, dans les fondations qui en relèvent, la part des hommes du Nord. Pris par la vie mondaine des villes où ils résident, les évêques, qui appartiennent généralement à la noblesse du comté, en subissent l'influence fâcheuse et on pourrait en dire autant des curés qu'il faut, en l'absence d'une véritable paysannerie, recruter dans le peuple des communes. De là le relâchement de la doctrine et des mœurs, de là une tolérance en matière de foi qui, à cette époque, ne s'explique que par une insolite indifférence. A la croisade même, les Français du Nord remarquent la bravoure et le brillant des Méridionaux, mais aussi leur légèreté et leur scepticisme. Par contre, bien avant la constitution régulière des universités de Toulouse et de Montpellier, les études sont florissantes, surtout le droit et la médecine, en second lieu les lettres. Comme à Bologne ou à Salerne, l'enseignement y doit beaucoup aux Arabes et aux Juifs. On verra plus loin que l'architecture religieuse du pays a d'étroits rapports avec celle de la Lombardie et avec celle de la Catalogne et qu'elle a, en outre, produit quelques grands monuments et une école de sculpture proprement languedociens, mais rien ne sera plus original que la littérature des troubadours par son art, par sa technique, par la subtilité des sentiments exprimés, par la place éminente qu'elle fait à la femme, cette poésie a contribué à l'adoucissement des mœurs, à l'enrichissement de la sensibilité, et, au XIII°, tandis qu'elle s'éteindra dans son pays d'origine, elle ira, avec la prodigieuse architecture de l'Ile-de-France et de la Bourgogne, porter en Italie et en Allemagne la marque du génie français. Les rois de France qui venaient de faire avec les ducs de Normandie et les comtes d'Anjou une dure expérience, ne pouvaient laisser un semblable péril se reconstituer dans le Midi que les comtes de Toulouse s'installassent en Espagne comme les Plantagenets l'avaient fait en Angleterre, et la France était à nouveau démembrée. Philippe Auguste, ce grand roi qui venait de reprendre la Normandie et l'Anjou, profita, pour intervenir, d'une occasion extraordinaire. Les états du comte de Toulouse étaient remplis d'hérétiques que l'histoire a appelés Cathares, et aussi Albigeois parce qu'ils étaient, en effet, particulièrement nombreux autour de cette ville. Cette hérésie était un mélange de l'arianisme et du manichéisme apportés par les Visigoths et entretenus par les marchands qui venaient de l'Europe orientale, de judaïsme apporté par les nombreux Juifs qui vivaient paisiblement dans la région où ils avaient des écoles florissantes, et même d'islamisme laissé par les Arabes. L'extrême facilité des mœurs méridionales faisait que l'hérésie bénéficiait d'une étonnante tolérance. Pratiquement, les Cathares, sous prétexte de répudier la corruption d'une société fortement hiérarchisée, tendaient vers une sorte de communisme. Libérer l'esprit de l'emprise de la matière était leur principale préoccupation; pour y parvenir ils conseillaient la chasteté, la restriction de nourriture allant jusqu'à la mort d'inanition et, par une conséquence logique, ils conseillaient !e libertinage et l'avortement à ceux ou à celles qui ne se sentaient pas capables de mener la vie pure des « parfaits ». De la célèbre parole du Christ sur l'épée ils concluaient que la société n'a ni le droit de punir ni celui de faire la guerre. C'étaient, en somme, ce que nous appelons aujourd'hui des anarchistes et des objecteurs de conscience. La papauté essaya d'abord de les convertir par la prédication. Ce fut en vain, et, en 1208, l'assassinat du légat détermina Innocent III à prêcher la croisade. Comme dans toutes ces entreprises, les considérations matérielles se mêlèrent aux raisons religieuses. Si la noblesse méridionale voyait dans l'affaiblissement du catholicisme l'occasion de mettre la main sur les biens de l'Eglise, la noblesse du Nord vit dans la croisade l'occasion de mettre la main sur les biens des seigneurs hérétiques, et si une partie du peuple était attachée à l'hérésie, il en était une autre, les boutiquiers, par exemple, qui voyaient leurs affaires péricliter au fur et à mesure qu'étaient délaissés églises, abbayes et pèlerinages. La noblesse méridionale favorable à l'hérésie, et qui fournissait les cadres militaires nécessaires à la résistance se trouvait donc engagée dans une lutte sans merci. Prudemment, le roi de France se contenta d'autoriser un petit nombre de seigneurs — mais le chiffre fut dépassé — à participer à la croisade. Cinquante mille Français du Nord conduits par l'abbé de Citeaux, Arnaud Amalric, se ruèrent sur le Midi. Après la prise de Béziers et de Carcassonne dont on massacra les habitants (1209), Simon de Montfort (Montfort-l'Amaury près Paris), homme insensible et dévot, mais honnête, intelligent, homme de guerre et administrateur remarquable, prit la direction des opérations désarmement méthodique du pays par des colonnes volantes et éviction des seigneurs locaux compromis. Jusque-là, le comte de Toulouse Raymond VI, fort indécis, sans convictions bien arrêtées, avait laissé faire. Mais les procédés des croisés qui se conduisaient comme des étrangers en pays conquis (ils ne faisaient d'ailleurs que suivrent les instructions pontificales), ayant fait l'unanimité de ses sujets catholiques ou hérétiques, il prit les armes et, levant véritablement contre les « Barbares » du Nord le drapeau de l'indépendance des pays de langue d'oc, il appela à son secours le roi d'Aragon son beau-frère. De religieuse qu'elle était, la lutte devenait politique. Les deux princes furent vaincus par Simon de Montfort à Muret, aux portes de Toulouse, le 12 septembre 1213, et le roi d'Aragon périt en brave dans la bataille. Ainsi furent brisées des espérances sans doute chimériques, mais certains Languedociens déplorent encore aujourd'hui les conséquences de cette journée pour eux néfaste. Quoi qu'il en soit, la puissance toulousaine était ruinée et, notons-le, sans que le roi de France y fût, en tant que suzerain, pour quelque chose. Ce n'était pas une armée royale mais une armée de croisés qui avait mis le pays à feu et à sang. La monarchie se réservait.
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: Les Cévennes Lun 2 Aoû - 9:16
En 1215, l'année de Bouvines et de la Grande Charte, l'héritier de la Couronne, le futur Louis VIII, occupe Toulouse tandis que le pape dépossède Raymond de ses états. Celui-ci reprend les armes en 1217 et réoccupe Toulouse où les « Français » sont massacrés. Montfort vient assiéger la ville, mais, le 25 juin 1218, un projectile lui cassa la tête et le siégé fut levé. Pendant son règne de trois ans (1223-1226), Louis VIII, désireux de recueillir les fruits de la politique paternelle, se croisa contre les Albigeois à des conditions plus avantageuses pour la France que pour la papauté. Il mourra au cours de l'expédition, mais le comté fut réoccupé. Enfin, après des alternatives diverses, Raymond VII, fils de Raymond VI, renonça à la lutte et, par le traité de Meaux (1229), œuvre de Blanche de Castille, ne conserva qu'une partie de ses domaines à la condition de marier sa fille à Alphonse de Poitiers, frère de Louis IX, étant entendu que, à la mort de Raymond VII qui eut lieu en 1249, Alphonse de Poitiers deviendrait comte de Toulouse, et que si celui-ci mourait sans enfants, le comté ferait retour à la Couronne, ce qui eut lieu en 1271. Depuis lors, le Languedoc, qui ne sera jamais donné en apanage, sera administré directement par des fonctionnaires royaux. La politique à la fois ferme et bienveillante de Louis IX et de son frère ne tarda pas à réparer les ruines causées par la croisade et les habitants du comté devinrent tout de suite, il faut le proclamer, des Français sans condition. La répression de l'albigéisme, tâche ingrate, parfois odieuse, fut l'œuvre de l'Inquisition. Dès 1207, le futur St Dominique avait organisé la lutte contre l'hérésie. C'est à Toulouse que, en 1215, il fonda pour la réprimer l'ordre des frères prêcheurs et que, en 1229, un concile réunissant les évêques du Midi, institua le tribunal de l'Inquisition dont les excès, que les gens du Roi tâchaient à chaque instant de réprimer, faillirent plusieurs fois ranimer la guerre. Mais les rigueurs du fameux tribunal, qui durèrent jusqu'au milieu du XIV°, et qui, de fait, extirpèrent les derniers restes de l'hérésie, semblent avoir laissé des souvenirs ineffaçables et transformé le caractère des habitants qui, de tolérants et indifférents qu'ils étaient, devinrent en tout de redoutables fanatiques comme la suite de leur histoire le montrera. L'assimilation fut surtout l'œuvre de Philippe le Bel. Par un curieux retour des choses, c'est le Languedoc qui lui fournira les légistes dont il se servira dans sa lutte contre la papauté. Beaucaire et Nîmes se développent, le roi de France prend pied à Montpellier que le traité de Meaux avait laissé au roi d'Aragon et, à défaut de Marseille, tire d'Aigues-Mortes tout le parti possible comme port. Le XIII° vit encore la fondation des Universités de Toulouse (1229) et Montpellier (1289). Le territoire du Languedoc devait encore subir des modifications. Par le traité d'Amiens (1279), l'Agenais et l'Armagnac rentrent dans la mouvance du duché de Guyenne que le roi d'Angleterre tenait à fief du roi de France. Par contre, à la suite de l'acquisition de Lyon, Philippe le Bel, en 1307, conclut avec les évêques du Puy en Velay, de Mende et de Viviers des contrats de pariage qui, pratiquement, réunissent à la Couronne le Velay, le Gévaudan et le Vivarais. L'occupation de cette dernière contrée donnait à la France presque toute la rive droite du Rhône. Philippe le Bel fait bâtir une tête de pont à Villeneuve devant Avignon, et Philippe de Valois en fait bâtir une autre à Sainte-Colombe devant Vienne. Le même roi achève, en 1349, l'acquisition de Montpellier. Enfin, par une conséquence du malheureux traité de Brétigny (1360), le Rouergue est cédé au roi d'Angleterre, et bien que Charles V l'ait reconquis dix ans plus tard, il suivra désormais, au point de vue administratif, les destinées de la Guyenne. Les limites du Languedoc ne subiront plus de changement jusqu'à la destruction de la province par la Révolution. Sauf l'incursion du Prince Noir qui, en 1355, poussera jusqu'à Carcassonne, le Languedoc ne sera pas directement atteint par la guerre de Cent Ans, mais son loyalisme et son patriotisme joueront un rôle capital dans la lutte contre les Anglais. Il ne cessera pas de fournir de l'argent et des hommes pour la défense nationale; partout les villes se fortifient pour pouvoir arrêter l'ennemi, et nos rois reconnurent ces services en accordant aux Etats de la province un rôle exceptionnel sur lequel nous reviendrons. Il est curieux de noter l'importance qu'eut, pendant la guerre de Cent Ans, l'antique Voie Regordane, voie romaine attribuée sans preuve à l'empereur Gordien, et qui, de Nîmes, conduisait à Clermont-Ferrand par Alès et la vallée de l'Allier. C'était depuis longtemps un des grands chemins de pèlerinage, la via Tolosana il réunissait, en effet, les célèbres sanctuaires de Notre-Dame-du-Port, Brioude et Le Puy en Velay, franchissait les Cévennes, débouchait à Nîmes, gagnait le sanctuaire de Saint-Gilles puis celui de Saint-Guilhem, d'où, par Toulouse, il allait franchir les Pyrénées pour aboutir à Compostelle. Comme cette route, par Bourges et Orléans, conduisait à Paris, elle se trouva être, après la réunion du Languedoc, le grand axe, en longitude, du domaine royal et, pendant la guerre de Cent Ans, sa grande artère stratégique et politique puisque, d'une part, la vallée du Rhône n'était qu'en partie française, et que, d'autre part, les Anglais interceptaient les routes de l'Aquitaine. C'est par là que Languedociens et Gascons viendront combattre pour le roi de Bourges avec Jeanne d'Arc. La réunion de la Provence à la Couronne, en 1483, fit de Marseille le grand port français sur la Méditerranée, entraînant la décadence d'Aigues-Mortes et du commerce montpelliérain. La prospérité qui suivit la fin de la guerre de Cent Ans fut à nouveau ruinée par les guerres de Religion qui prirent, dans la région, un caractère d'âpreté exceptionnel. D'une façon générale le Toulousain et Carcassonne demeurèrent catholiques et embrassèrent contre Henri III le parti de la Ligue; comme le reste de la province, sans parler de l'Agenais, était aux mains des protestants, on imagine le degré de fureur qu'atteignit la lutte lorsque, après l'assassinat de Henri III, l'héritier du trône se trouva être un protestant. Le parlement de Toulouse, soutenu par une population fanatique, exerça contre les huguenots des rigueurs pires que celles de l'Inquisition au X° Comme à cette époque, et pour des raisons analogues, la noblesse locale fournit aux réformés leurs cadres militaires. L'Edit de Nantes ne fut qu'une trêve. Dans cette région où les deux confessions étaient si mêlées, chacune prétendit que l'Edit était trop favorable à l'autre et, profitant de la minorité de Louis XIII, les protestants, qui avaient conservé leur organisation militaire, reprirent les armes. Dès que le roi eut pris effectivement le pouvoir, les protestants furent sévèrement châtiés, mais Montpellier ne capitula qu'après un siège en règle (1622). La paix de Montpellier ne dura guère et l'année 1627 vit le soulèvement général des protestants que marqua le fameux siège de La Rochelle. Après la capitulation de cette ville (1628), le roi se retourna contre les protestants du Languedoc qui opposèrent partout, derrière les murailles que les villes avaient élevées au XVI° pour arrêter les Anglais et les routiers, une résistance acharnée. Louis XIII fit raser Privas pour l'exemple mais, aussitôt après, faisant preuve de la même admirable modération qu'il avait montrée aux habitants de La Rochelle, accorda aux réformés la célèbre paix d'Alès (1629) qui maintenait strictement les stipulations de l'Edit de Nantes mais ruinait les prétentions des protestants à former un Etat dans l'Etat. Les mesures centralisatrices que Richelieu crut devoir prendre en Languedoc pour éviter le retour de semblables événements, notamment en restreignant les attributions des Etats, provoquèrent une résistance d'abord passive d'une partie de l'épiscopat, de la noblesse et du parlement; mais cette résistance prit le caractère d'une rébellion lorsque le duc de Montmorency, gouverneur de la province, voulut jouer sa partie dans la vaste conspiration aristocratique à laquelle Gaston d'Orléans prêtait son incertaine autorité. Le loyalisme des protestants et des communes ruina les espérances des conspirateurs. Montmorency, battu et pris à la bataille de Castelnaudary, fut décapité dans la cour du Capitule de Toulouse (1632). Faible réplique de la bataille de Muret. C'est ici le lieu de dire quelques mots sur l'administration de la province. A sa tête était le gouverneur qui, de 1526 à 1632, fut toujours un Montmorency. Richelieu fit du gouverneur un simple personnage décoratif que le lieutenant général remplaçait dans l'exercice effectif de ses fonctions. Le parlement de Toulouse, le plus ancien après celui de Paris, fundé en 1303 par Philippe le Bel, supprimé par le même roi en 1312, fut rétabli en 1419 mi le régent, niais du fait que la France était alors engagée dans la période la plus critique de la guerre de Cent Ans, il ne fut définitivement reconstitué qu'en 1443. Ses magistrats se signalèrent à la fois par leur science, par leur catholicisme intransigeant et, au XVIII°, par leurs prétentions insensées et leur opposition aux réformes administratives et financières qu'envisageait la monarchie, si bien que la popularité que leur valut alors leur rôle d'opposants te naît à une équivoque, et la Révolution le leur fera bien voir en envoyant 53 d'entre eux à la guillotine. Le Languedoc fut, dès sa réunion à la Couronne, un « pays d'Etats » et les Etats de Languedoc eurent de bonne heure une importance en rapport avec celle de la province. Le patriotisme avec lequel ils votèrent, aux plus sombres moments de la guerre de Cent Ans, après les désastres de Crécy, de Poitiers et d'Azincourt, les subsides nécessaires à la défense nationale, leur valut, de la part de nos rois, une reconnaissance d'où ils tirèrent un regain de prestige et d'autorité.
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Sujet: Re: Les Cévennes Lun 2 Aoû - 9:18
Les Etats, qui se réunissaient annuellement, le plus souvent à Montpellier ou à Pézenas, comprenaient 22 archevêques ou évèques, 22 barons et 44 députés des villes; l'archevêque de Narbonne en était le président-né. Leur réunion donnait lieu à de somptueuses cérémonies. La principale des « franchises et libertés » du Languedoc consistait dans le consentement de l'impôt par les Etats, mais lorsque la monarchie fut, à la fin du XV°, redevenue assez forte pour reprendre sa besogne de centralisation et d'unification, le consentement devint peu à peu un simple marchandage destiné à sauver la face. Mais, même après les réformes de Richelieu, les Etats continuèrent de servir utilement d'intermédiaire entre les communes et le pouvoir central, de régler la répartition de l'impôt suivant les ressources de chaque contrée, enfin et surtout, c'est d'accord avec l'intendant qu'ils consacrent une partie du budget provincial à l'exécution d'importants travaux publics, au premier rang desquels le fameux canal du Midi. L'assemblée d'autre part conservait la faculté d'exprimer des remontrances ou doléances qu'examinait avec attention le Conseil du Roi. Les franchises de la province consistaient encore dans les restes importants d'autonomie que les communes avaient conservés du temps où elles étaient de véritables républiques à l'italienne. Indépendamment de l'inconvénient que ces libertés présentaient pour le pouvoir souverain, elles avaient souvent pour résultat de ruiner les finances des communes qui empruntaient et imposaient sans discernement. Déjà Henri IV avait commencé de les mettre en tutelle; Louis XIV acheva de les soumettre en transformant (1692) les charges municipales électives en offices vénaux, ce qui était tomber dans l'excès contraire. L'intendance du Languedoc, divisée en deux généralités (Montpellier et Toulouse), eut, comme les autres provinces, d'éminents titulaires (onze seulement en 150 ans) parmi lesquels Daguesseau (1674-1685) et Basville (1685-1718) qui, obéissant à l'impulsion donnée par Colbert, restaurèrent les forêts, développèrent les industries du drap, de la soie et de la dentelle, créèrent le port de Sète. La prospérité due à ces remarquables administrateurs ne fit que croître dans la seconde moitié du XVIII°, et les rapports du dernier d'entre eux, Ballainvilliers (1786-1790), nous apprennent que, les besoins régionaux une fois satisfaits, les exportations de la province représentaient un bénéfice annuel de 66 millions de livres. La population est alors de 1.700.000 habitants; Toulouse en a 60.000 et Montpellier 30.000. La prospérité de la province aurait été encore plus grande si la révocation de l'Edit de Nantes et la guerre des Camisards ne l'avaient sérieusement atteinte. On se reportera pour le détail des événements à ce que nous en disons. Il suffit ici de dire que, en essayant de faire disparaître le protestantisme, l'Etat se proposait de réaliser une unité politique et religieuse qui accroîtrait sa puissance; il ne faisait au reste qu'appliquer le précepte de droit public alors admis partout cujus regio, ejus religio; l'organisation religieuse des protestants n'avait-elle pas au surplus quelque chose de fédéral itde démocratique peu compatible avec le principe de la monarchie absolue ? Enfin il faut rapprocher la révocation des autres affaires religieuses ci rappeler que Louis XIV, en même temps qu'il s'en prenait aux protestants, soutenait contre le pape les libertés de l'église gallicane. Quoi qu'il en soit, en ce qui concerne les Cévennes, l'épiscopat languedocien et le parlement de Toulouse ne firent que pousser à l'aggravation des mesures prises contre les protestants, tandis que commerçants et artisans catholiques virent souvent dans la révocation l'occasion d'évincer des concurrents. A la veille de la Révolution, alors que le gouvernement avait renoncé à la lutte religieuse et pratiquement reconnu la liberté de conscience, évëques et parlementaires n'avaient pas désarmé. Par contre il faut noter que, d'une façon générale, cette atroce persécution n'avait pas entamé le loyalisme des protestants qui n'avaient pas émigré. Les débuts de la Révolution furent favorablement accueillis mais, par la suite, elle provoqua, dans ce pays tourmenté de ressentiments, des réactions fort variées. Si le Toulousain qui, aux XVI° et XVII°, avait été passionnément catholique, devint alors non moins passionnément « sans-culotte », le reste du Languedoc fut en somme la région de France où, après la Bretagne, l'Anjou et la Vendée, la résistance royaliste fut la plus active et si cette résistance fut surtout causée par les mesures anticatholiques des Assemblées révolutionnaires, il faut noter qu'elle se manifesta aussi dans le pays cévenol peuplé de protestants. Ce qui n'empêcha pas, en d'autres circonstances, catholiques et protestants d'en venir aux mains et si l'Empire, rétablissant le catholicisme en même temps que la liberté de conscience, fut une époque de tranquillité, la Restauration vit brusquement renaître les passions assoupies. Et, bien qu'aujourd'hui elles ne s'affrontent plus, heureusement, que sur le terrain électoral, les tendances d'autrefois se manifestent encore par le caractère très accusé de chaque parti politique, par l'intransigeance avec laquelle on est catholique, protestant ou incroyant. Tout cela passionnément et sans nuances comme il convient à une race qui a le goût des controverses oratoires, et compliqué de rivalités locales et personnelles, tant le Méridional est individualiste. Et pourtant, à côté des « militants « embrigadés dans un parti, il y a aussi nombre d'indifférents, passablement jouisseurs comme on peut l'être dans un pays où la vie est en somme si facile, et qui, laissant de côté les rancunes historiques, font probablement renaître, sans le savoir, les mœurs amènes d'avant la croisade albigeoise. Ces rivalités n'ont pas empêché, au XIX°, le Languedoc de prospérer en développant ses ressources naturelles. Des usines hydro-électriques secondent maintenant la houille locale dans la marche des manufactures un grand effort encore insuffisant, comme l'a montré l'inondation de 1930, a été fait pour le reboisement. Le port de Sète n'a cessé de grandir. Mais le XIX° a vu la physionomie traditionnelle de la région se modifier par le développement inouï qu'a pris la culture de la vigne en Bas-Languedoc, et ce fait n'a pas été sans séparer sensiblement cette région du Toulousain. Mais cette distinction entre Languedoc méditerranéen et Languedoc aquitain est une réalité si évidente que la province eut de bonne heure deux têtes Toulouse et Montpellier. Si, du Nord au Sud, la plaine et la montagne se complètent heureusement, ce sont surtout la langue et l'histoire qui ont uni l'Est et l'Ouest.
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Sujet: Re: Les Cévennes Lun 2 Aoû - 9:22
Le Massif des Cévennes et son Parc National dans les montagnes du Sud de la France, entre Auvergne et Languedoc, sur les départements de la Lozère, de l'Ardèche, du Gard et de l'Aveyron. Randonnées, Histoire de France, Gîtes d'étapes et de séjours, Chambres et tables d'hôtes.
Le Parc National des Cévennes
Créé par décret du 2 septembre 1970. Zone centrale: 91 279 hectares, 52 communes (Lozère et Gard), Population permanente: près de 600 âmes. Zone périphérique: 229 726 hectares. 117 communes (Lozère, Gard et Ardèche) et 41 000 habitants. Budget du parc en 1998: 31,8 millions de francs. 66 salariés permanents, une douzaine de non-titulaires, une vingtaine de saisonniers. Jumelé depuis 1984 avec le parc national du Saguenay au Québec. Il est entré en 1985 dans le réseau international de réserves de la biosphère, lancé par l'Unesco. La réserve des Cévennes est jumelée avec celle de Montseny en Catalogne. Parc de moyenne montagne: le Mont Lozère culmine à 1 699 mètres. Trois influences climatiques (océanique, méditerranéenne et continentale); diversité géologique (calcaire, granite et schiste). Plus de 1 600 espèces végétales: 35 espèces protégées et 21 espèces uniques au monde. La forêt a colonisé 58 000 hectares en zone centrale. 89 espèces de mammifères, 208 d'oiseaux, 35 de reptiles et batraciens, et 24 de poissons. Le parc national a réintroduit le cerf, le chevreuil, le castor, les vautours fauve et moine et le grand tétras. Le Mt Lozère est à la base une masse de granité montée des entrailles de la terre voila quelque 280 millions d'années. Les hauts plateaux présentent des "sommets" aux sols froids et lessivés, des replats aux sols plus épais et cultivés par l'homme. Mais la première impression se résume à des chaos de blocs de granité éboulés soit sur une pelouse où poussent le nard - une graminée -, la fétuque, les myrtilles, la callune. soit dans des landes à genêts aux jaunes flamboyants lors de la floraison, au-dessus desquelles planent des rapaces qui traquent rongeurs, reptiles et insectes. Des paysages ras, sur lesquels s'abat un hiver presque aussi rude qu'au cercle arctique, parcourus de ruisseaux qui se rejoignent dans les vallées. Les eaux du Tarn s'écoulent ainsi paisiblement au milieu des pâturages et des tourbières. Jusqu'à 1 300 mètres d'altitude, des troupeaux de bovins, de la race Aubrac de plus en plus fréquemment, broutent à proximité de hameaux et de fermes traditionnelles maintenues en activité.
La pauvreté ou la richesse des pâturages a toujours dépendu sur le Mont Lozère de la gestion de l'eau. L'irrigation a joué là un rôle considérable. On peut encore trouver trace des béais - des canaux - longs de plusieurs kilomètres qui permettaient de conduire l'eau jusqu'aux maisons, d'irriguer les prés et de faire tourner les moulins. Un autre signe particulier du Mt Lozère tient à la présence des tourbières. On en a dénombré près de mille, dont certaines couvrent plusieurs dizaines d'hectares (tourbière des Sagnes). Ces "mares" acides héritières de l'époque glaciaire permettent à des mousses, des laiches ou au droséra, une plante carnivore, de se développer. Les grenouilles et des oiseaux migrateurs comme les chevaliers et les vanneaux apprécient également les tourbières qui, en absorbant de grands volumes d'eau pour la restituer assez progressivement, régulent, à leur niveau aussi, son cycle. Le versant nord de la montagne du Bougés ne diffère guère dans sa configuration du Mont Lozère. Son versant sud en revanche prend des accents plus méridionaux avec des hameaux de schiste et des châtaigneraies. Dans ces contrées, l'évolution de la végétation reflète pour une grande part l'histoire du pastoralisme et, inversement, de la présence de la forêt. Ainsi, les forêts de hêtres et de sapins qui peuplaient le Mt Lozère à l'époque gallo-romaine ont été détruites progressivement par les troupeaux. Mais depuis le début du XXe siècle, la lande, les pins et les bouleaux commencent à reconquérir les pâturages délaissés. l'ONF favorise aussi l'implantation de hêtres et de sapins. Les sangliers, cerfs et chevreuils ont colonisé ces forêts. Et sur le versant nord du Bougés, le parc national a réintroduit le grand tétras, disparu depuis deux siècles. Pour mieux faire connaissance avec cette région, le parc national des Cévennes offre aux visiteurs la possibilité de faire une première étape à l'écomusée du Mont Lozère, dont le point central est situé au Pont-de-Montvert. Randonnées dans les Cévennes Les Cévennes offrent un choix royal aux marcheurs. Plus de 2000 kilomètres de sentiers balisés et jalonnés de gîtes d'étape et de chambres d'hôtes (chaque année, le parc national publie une fiche réactualisée) et parfois d'auberges s'offrent aux amateurs. - Les sentiers de grande randonnée: le GR7 et ses variantes GR70 Chemin Stevenson, GR71 et GR72, le GR6 et ses deux variantes, le GR60 le sentier de la grande draille et le GR62, et enfin les GR43 et GR44. - Les circuits de grande randonnée; parallèlement aux GR, ils constituent des itinéraires autour des principaux massifs: tour du Mont AigoualGR66, 78 km, tour des Cévennes GR67, 130 km, tour du Mt Lozère GR68, 110 km, tour du Causse Méjean GR de pays, 100 km. - Les sentiers de découverte du paysage, d'une durée de quelques heures et accessibles pratiquement à tous, ont été créés par le parc national. Un guide des randonnées du parc est en vente dans les centres d'information. - Les sentiers d'interprétation de la nature, avec tables explicatives. - Les sentiers guidés du parc national: en été, au départ des centres d'information et sur inscription préalable, ils permettent, sous la conduite du personnel du parc, de mieux découvrir la région. "Le Parc National des Cévennes", Louisette Gouverne, Nathalie Locoste, Actes Sud Edition, Acheter le livre
jacommos Admin
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Sujet: Re: Les Cévennes Lun 2 Aoû - 9:26
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Climat. — La géographie du vaste territoire explique la diversité des climats qu'on y trouve. Dans la vallée du Rhône, la température moyenne passe progressivement de 12°5 à Lyon à 15" à Arles. Mais ce grand couloir est balayé par deux grands vents qui provoquent de brusques et rudes changements de température: le mistral, vent du N.-O., dont la violence croît au fur et à mesure qu'on descend la vallée; le vent du midi, moins fréquent, encore assez violent; bien que l'un soit glacial et l'autre brûlant, tous deux ont la propriété de dessécher l'atmosphère et de la rendre ainsi incroyablement transparente. Le bassin du Puy en Velay jouit d'un climat très doux (13°5) eu égard à l'altitude de la ville du Puy en Velay (625 m.), mais, dans les montagnes du Velay comme dans celles du Gévaudan, de la Margeride et de l'Aubrac, le climat dépend surtout de l'altitude; aux environs de 1.000 m., la température moyenne tombe à 8°5 tandis que les pluies atteignent 1 m. 50 de hauteur; et il ne faut pas perdre de vue que la plupart des villages qui peuplent ces montagnes faiblement inclinées se trouvent entre 900 et 1.000 m. d'altitude. Pendant l'hiver naturellement, ces régions sont ensevelies sous la neige, une neige que les vents d'O. soumettent à des alternatives de dégel. Mais les vents du N. et de l'E. en font une véritable Sibérie. Les étés sont chauds, compte tenu de l'altitude. Sur son versant occidental, surtout sur le plateau du Mézenc, le Vivarais offre un climat analogue; mais son versant oriental appartient au climat rhodanien et la vallée de l'Ardèche jouit déjà du climat méditerranéen. Si le Vivarais offre à lui seul des climats si divers, le Rouergue et les causses ont un unique climat qui fait transition entre celui de l'Auvergne et celui de la Méditerranée. C'est que les vents de l'Atlantique, quoique affaiblis, y parviennent sans rencontrer d'obstacle et que celui du S.-E. apporte jusque-là les bourrasques brutales de la Méditerranée. Mais, par suite de la nature du terrain qui les absorbe, les fortes pluies (1 m. 25 sur le Larzac) laissent la surface des causses à peu près sans eau; le calcaire d'autre part s'échauffe rapidement au soleil et se refroidit assez lentement; d'où il suit que, du fait de leur altitude, les causses ont des hivers rudes mais sans neiges persistantes, et des étés brûlants. Le contraste est moins accusé sur les segalas du Rouergue. L'Albigeois participe du climat aquitain, doux et pluvieux avec des étés accablants. Les deux massifs du mont Lozère et de l'Aigoual sont le point de rencontre de toutes ces influences. Dominant d'environ 500 m. la région toute proche des causses, ils accrochent tous les nuages venus de l'Atlantique et reçoivent une énorme quantité de pluies en rapport avec leur altitude supérieure à 1.500 m. (1 m. 50 pour le mt Lozère, plus de 2 m. pour l'Aigoual). Mais dès qu'on descend leur versant oriental, on passe au climat méditerranéen, transition d'autant plus brusque que le dit versant est abrupt. Le Bas-Languedoc offre le pur climat méditerranéen: hivers tièdes avec des bourrasques glacées, étés précoces et brûlants, pluies rares mais torrentielles. *** Les principales ressources du territoire vers 1950 étaient: élevage du bœuf dans les montagnes granitiques et basaltiques; élevage du mouton dans les montagnes calcaires avec transhumance en été; céréales dans la plaine du Velay et sur le plateau du Rouergue; châtaignes et marrons en Vivarais et en Rouergue; primeurs et fruits dans la vallée du Rhône; vigne en Bas-Languedoc; fromage de Roquefort. Pour l'industrie: aciéries de Saint-Etienne et de ses satellites de la vallée du Gier; rubanerie de Saint-Etienne, Bourg-Argental, Anonnay; filatures et tissages de Mazamet, Castres et Lodève; peausserie de Millau et d'Annonay; dentelle du Puy en Velay. Enfin la soie qui, dans la dépendance de Lyon, occupe une partie de l'activité sur tout le versant oriental des Cévennes. Mais de même que la difficulté de trouver des bergers a entraîné la diminution progressive des troupeaux de moutons, de même, la cherté de la main-d'œuvre, qui a suivi la disparition des entreprises familiales, a entraîné la diminution rapide des magnaneries. La production en usines de la soie artificielle a relevé, tout en la modifiant totalement, cette industrie naguère si vivante. *** Vocabulaire. — Un certain nombre de mots du glossaire géographique, languedociens, sont d'usage courant: truc, sommet isolé; suc, suchet ou suquet, sommet arrondi; puech, py, puy ou pi, dôme souvent volcanique; baou, baousse, petit sommet; bar, barre, sommet en barre, du celtique barr, fermeture; caylard, cheylard, de kaïr, roc abrupt; cham, sommet; claps, clapas, éboulements de rochers; peyre, pierre (la Peyro Plantado, pierre plantée, non pas en menhir sacré mais en jalonnement utile dans les « sibères » ou tourmentes de neige); serre, serreyrède, montagne en barrière dentelée, sierra; causse, plateau calcaire; can, tout petit causse en placage sur les granits; avens ou tindouls, trous et gouffres d'absorption des eaux dans les Causses; baumes et spélunques, grottes; béai, béalière, petit canal d'irrigation; lavogne, dans les Causses, citerne à ciel ouvert recueillant les eaux de pluies pour la boisson des troupeaux, fou, sorgue, source, résurgence des eaux des plateaux calcaires; ratchs, tourbillons dans les rivières; plantai, bassin calme dû à une retenue des eaux; mas, maison; casaouet, cazalet, chazelle ou tchazelle, cabane ronde en pierre sèche à toit conique; draille ou draye, chemin de transhumance, situé sur les arêtes de partage des eaux.
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jacommos Admin
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Le nom Cévennes aurait été donné par Jules César, alors conquérant de la Gaule. Traversant notre massif montagneux, il a vu qu'il donnait naissance à sept cours d'eau qui sont: l'Allier, le Lot, le Tarn, le Gardon, l'Hérault, la Céze et l'Ardèche. Ce général a baptisé ce pays montagneux " Au sept veines" (sept rivières), d'où, le nom de Cévennes par déformation.
Les cévennes furent habitées dés l'époque néolithique, menhirs et dolmens y sont nombreux. des enceintes fortifées ou oppida en pierres sèches et aux murs très épais subsistent surtout sur la partie périphérique des cévennes.C'est contre ces formidables constructions, que César va mener une lutte sans merci lors de la conquête du Massif central. Les premiers chemins furent les " drailles" ces voies de transhumance encore utilisées aujourd'hui. Deux peuples d'origine celtique occupent les Cévennes les Gabales au nord et les Volques au sud.
Au terme de la guerre des gaules, les vallées du lot et du Tarn ont été choisie comme lieux privilégiés de l'installation romaine. Dans les Cévennes ils construisirent des routes qui leur servirent pour communiquer avec le reste de l'Empire: La Voie Régordane De Nîmes au Puy et la voie qui permettaient d'accéder au pays des gabales, le Gévaudan.
Ces routes devaient voir défiler des convois entiers de poteries "de la graugésenque" fabriquées prés de Millau et qui fournirent des quantités inouies à l'Empire. Les routes cévenoles facilitaient donc le transport de toutes ces fabications; elles étaient également utilisées pour l'évacuation des minerais de toutes sortes que recèle le sol du pays et que les romains exploitaient avec soin et même avidité. Au Ve siècle, l'empire romain se disloque, mais le christianisme s'est déjà partout implanté.
Les grands courants d'invasion qui ont déferlé successivement sur le Midi de la france (Wisigoths et Sarrasins) ont généralement évité les pays d'accéès difficile.
Cependant une légende veut que l'église carolingienne de Moissac, dans la Vallée-française, ait été bâtie pour commémorer, sur le champ de bataille même, une défaite des Sarrasins.
Après le départ des Sarrasins, Charlemagne réorganise ses provinces et favorise l'organisation religieuse par la création d'évêchés ( d'Arisitum prés du Vigan dura un siécle et celui de Mende ) et administrative par la nomination de fonctionnaires: comtes et barons. Mais ceux-ci, oublieux de leur origine précaire et révocable, transforment leurs fonctions temporaires en charges héréditaires: ainsi naquit la féodalité !
Plus tard, au IXe siècle, la répartition des évêchés se trouve modifiée.Celui d'Arisitum ayant disparu, ses dépendances sont partagées entre celui de Rodez et celui de Nîmes.
Alors que l'influence impériale, puis royale diminue peu à peu en cette fin du premier millénaire, des seigneurs locaux, laics, comme le seigneur d'Anduze,ou ecclésiastiques, comme l'évêque de mende, en profitent pour accroître leur puissance.
Les châteaux marquent toutes les vallées cévenoles de leur domination politique, militaire, et économique.
Le pays est relativement prospére en ce debut du XIIIe siècle, lorsque survient la croisade des Albigeois. Certains Cathares pourchassés se seraient, réfugiés dans les Cévennes. Les horreurs des bandes de Simon de Montfort dévastent le languedoc mais ne paraissent pas avoir atteint les montagnes, Les horreurs des bandes de Simon de Montfort dévastent le languedoc mais ne paraissent pas avoir atteint les montagnes, mais les barons du nord éliminent les seigneurs méridionaux, qu'ils soient d'Alès, d'Anduze ou de Sauve, et prennent leur place.
La fin du Moyen age est marquée par les conséquences de la guerre de Cent Ans, dont les mercenaires inemployées, appelés routiers, ont sillonné les Cévennes en pillant les villages. Au XVIe siècle la Réforme est prêchée en Cévennes et la plus grande partie de la population est conquise par cette doctrine nouvelle dont la forme de démocratie religieuse s'accorde parfaitement avec la fierté des autonomies communales et avec l'esprit d'indépendance de la population. il va en résulter pendant deux siécles une série de guerres de religion. Ce confit marqua profondément les mentalités. Alors que le nord du gévaudan redevient catholique une grande partie des habitants des paroisses cévenoles reste attachée aux idées de la Réforme. L'Edit de Nantes, signé par henri IV en 1598, améne unetréve jusqu'en 1621. Mais le pouvoir royal ne supporter cet Etat dans
L'Etat et des mesures de plus en plus vexatoires conduisent à la révocation de l'Edit de nantes d'abord ,et au départ à l'étranger de la population la plus riche et au soulévement camisard ensuite.
Des chefs camisard surgissent de ce petit peuple et conduisent leurs troupes avec habileté de 1702 à 1704: Cavalier, Roland, Castanet et Jouany. Les meilleures troupes royales, commandées par trois Maréchaux de France, ne réussissent pas, malgré des moyens considérables, à exterminer ces bandes disparates.Les représaillent qui, d'un côté comme de l'autre, s'amplifie de jour en jour, finissent par lasser à la fois le pouvoir et les révoltés. Cette lassitude et l'arrivée du fin diplomate que fut le Maréchal de villars aménent ainsi la fin des combats et un apaisement relatif.
Aucune guerre active ne viendra plus maintenant troubler les vallées cévenoles; une prospérité relative, dueen particulier au développement des vers à soie . Les cévenols transforment et agrandissent leurs demeures pour y aménager des "magnaneries de plus en plus volumineuses.
La reconnaissance du fait protestant se fait jour à la fin du XVIIIe siècle, consacrée par l'édit de tolérance (1787). Les troubles de la révolution passés, la sériculture connaît un âge d'or pendant la premiére moitié du XIXe siècle.
La guerre de 1914 - 18 fait des coupes sombres parmi les populations montagnardes et rurales. Les cévenols ont proportionnellement payé un plus lourd tribut de sang dans cette hécatombe que les populations urbaines, car les ruraux furent systématiquement mobilisés dans l'infanterie pour tenir les tranchées de premiére ligne. Il suffit pour s'en convaincre d'examiner les monuments aux morts.
La crise de l'entre-deux -guerres frappe l'industrie minière. En 1940 - 44 ,les Cévennes,suivant en cela une vieille tradition , servent de refuge aux résistants. Dans les années 50, les besoins en charbon diminuent et le bassin houiller d'Alès perd une grande partie de son dynamisme.
Au début du XXe siécle, la société cévenole s'effondre : crise de la soie, de la châtaigne, de l'industrie miniére, deux guerres, l'exode des quatre cinquièmes de la population menacent directement une nature et des paysages profondément transformés par l'homme.
Afin de préserver et de promouvoir un patrimoine culturel et naturel, un recours à la solidarité nationale est nécessaire : Création du Parc national des Cévennes.
Qui donne un élan et l'expasion constante du tourisme apportent une nouvelle dynamique. Aujourd'hui la population rurale est partiellement stabilisée, grâce à la diversification des activités.
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Les Cévennes
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