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"La voix de Nolwenn ? une élégance souveraine, de la soie, du velours." Patrice Demailly. - - - - "Le talent sans génie est peu de chose. Le génie sans talent n'est rien" Valery. |
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| Léo Ferré | |
| | Auteur | Message |
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Gilou Admin
Nombre de messages : 15295 Localisation : Sud Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Léo Ferré Sam 12 Avr - 6:40 | |
| https://www.youtube.com/watch?v=jqcWh4EVYzMLéo Ferré
Cette blessure Cette blessure Où meurt la mer comme un chagrin de chair Où va la vie germer dans le désert Qui fait de sang la blancheur des berceaux Qui se referme au marbre du tombeau Cette blessure d'où je viens
Cette blessure Où va ma lèvre à l'aube de l'amour Où bat ta fièvre un peu comme un tambour D'où part ta vigne en y pressant des doigts D'où vient le cri le même chaque fois Cette blessure d'où tu viens
Cette blessure Qui se referme à l'orée de l'ennui Comme une cicatrice de la nuit Et qui n'en finit pas de se rouvrir Sous des larmes qu'affile le désir
Cette blessure Comme un soleil sur la mélancolie Comme un jardin qu'on n'ouvre que la nuit Comme un parfum qui traîne à la marée Comme un sourire sur ma destinée Cette blessure d'où je viens
Cette blessure Drapée de soie sous son triangle noir Où vont des géomètres de hasard Bâtir de rien des chagrins assistés En y creusant parfois pour le péché Cette blessure d'où tu viens
Cette blessure Qu'on voudrait coudre au milieu du désir Comme une couture sur le plaisir Qu'on voudrait voir se fermer à jamais Comme une porte ouverte sur la mort
Cette blessure dont je meurs | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Léo Ferré Sam 12 Avr - 12:11 | |
| Il n'aurait fallu by Léo Ferré Album: Les chansons d'Aragon chantées par Léo Ferré
Il n'aurait fallu Qu'un moment de plus Pour que la mort vienne Mais une main nue Alors est venue Qui a pris la mienne
Qui donc a rendu Leurs couleurs perdues Aux jours aux semaines Sa réalité A l'immense été Des choses humaines
Moi qui frémissais Toujours je ne sais De quelle colère Deux bras ont suffi Pour faire à ma vie Un grand collier d'air
Rien qu'un mouvement Ce geste en dormant Léger qui me frôle Un souffle posé Moins une rosée Contre mon épaule
Un front qui s'appuie A moi dans la nuit Deux grands yeux ouverts Et tout m'a semblé Comme un champ de blé Dans cet univers
Un tendre jardin Dans l'herbe où soudain La verveine pousse Et mon cœur défunt Renaît au parfum Qui fait l'ombre douce
Il n'aurait fallu Qu'un moment de plus Pour que la mort vienne Mais une main nue Alors est venue Qui a pris la mienne |
| | | claudia
Nombre de messages : 9072 Age : 76 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Léo Ferré Mar 22 Avr - 16:45 | |
| https://www.youtube.com/watch?v=x0rMSHdi5JwC'est extra Une robe de cuir comme un fuseau Qu'aurait du chien sans l'faire exprès Et dedans comme un matelot Une fille qui tangue un air anglais C'est extra Un moody blues qui chante la nuit Comme un satin de blanc d'marié Et dans le port de cette nuit Une fille qui tangue et vient mouiller
C'est extra c'est extra C'est extra c'est extra
Des cheveux qui tombent comme le soir Et d'la musique en bas des reins Ce jazz qui d'jazze dans le noir Et ce mal qui nous fait du bien C'est extra Ces mains qui jouent de l'arc-en-ciel Sur la guitare de la vie Et puis ces cris qui montent au ciel Comme une cigarette qui brille
C'est extra c'est extra C'est extra c'est extra
Ces bas qui tiennent hauts perchés Comme les cordes d'un violon Et cette chair que vient troubler L'archet qui coule ma chanson C'est extra Et sous le voile à peine clos Cette touffe de noir jésus Qui ruisselle dans son berceau Comme un nageur qu'on attend plus
C'est extra c'est extra C'est extra c'est extra
Une robe de cuir comme un oubli Qu'aurait du chien sans l'faire exprès Et dedans comme un matin gris Une fille qui tangue et qui se tait C'est extra Les moody blues qui s'en balancent Cet ampli qui n'veut plus rien dire Et dans la musique du silence Une fille qui tangue et vient mourir
C'est extra C'est extra C'est extra C'est extra | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Léo Ferré Dim 27 Avr - 2:16 | |
| Léo Ferré
Poète et musicien, Ferré a mêlé le lyrisme à l'argot, l'amour à l'anarchie. Il occupe une place centrale dans le monde de la chanson française et est sans doute une des références absolues dans ce domaine.
Léo Ferré est né le 24 août 1916 dans la Principauté de Monaco d'un père employé de la Société des Bains de Mer, Joseph, et d'une mère Marie, qui possède un atelier de couture. Il a une grande soeur, Lucienne, de trois ans son aînée. A l'âge de neuf ans, il est envoyé comme pensionnaire chez les Frères des Ecoles Chrétiennes du collège Saint-Charles de Bordighera en Italie. Léo supporte mal la discipline rigoriste de cet internat français. Il commence à prendre en horreur les Frères qui lui dispensent leur enseignement. Malgré la présence d'un camarade avec lequel il découvre la musique et la poésie, il ressent une grande solitude. Il en veut à son père de l'avoir envoyé si loin de sa famille. En 1934, il passe le baccalauréat à Rome avec succès. Son père refusant de lui laisser faire le conservatoire de musique, il l'oblige à donner des cours de français au collège de Borghera.
A l'automne 35, il monte à Paris pour suivre des études de droit qui aboutiront en 39 à l'obtention du diplôme de Sciences Politiques. Puis il fait son service militaire avant d'être démobilisé en 40. De retour à Monaco, il occupe un poste de distributeur de bons de ravitaillement aux hôteliers. Entre temps, il se marie en octobre 43 avec Odette. Il entre ensuite à Radio Monte-Carlo où il est tout à la fois, suivant l'occasion, speaker, bruiteur ou pianiste. Il commence à composer des poèmes, chante dans des cabarets, découvre Charles Trenet et rencontre même Edith Piaf qui lui conseille de se produire à Paris.
A la libération, il se produit au Boeuf sur le toit, cabaret parisien où il partage l'affiche avec les Frères Jacques et le tandem Roche-Aznavour. Il gagne assez mal sa vie mais fait enfin ce qu'il aime.
En 1947, débarquant d'une tournée catastrophique en Martinique, il travaille avec Francis Claude au Milord l'Arsouille, cabaret de la capitale et crée "l'Ile Saint-Louis" ou "A Saint-Germain-des-Prés". C'est l'époque de ses grandes amitiés : Jean-Roger Caussimon, Juliette Gréco ou Renée Lebas qui la première chantera une de ses chansons "Elle tourne... la terre".
Mais la vie courante est difficile et Odette sa femme, ne peut plus supporter les incertitudes de "la Vie d'artiste", célèbre chanson de Léo Ferre. Ils divorcent en décembre 1950.
Ferré le libertaire
Après s'être tenu longtemps à l'écart des événements politiques, y compris au moment du Front Populaire, Léo Ferré fréquente de plus en plus les milieux libertaires (à la fin des années 40, il avait accepté de participer aux galas de la Fédération Anarchiste), mais fait un détour rapide par le Parti Communiste Français, qu'il considérera toute sa vie comme un parti de référence.
Puis dans un café parisien, il rencontre sa deuxième compagne Madeleine, femme de tête qui prend en charge le destin de l'artiste. D'ailleurs cette année-là, il écrit un opéra, "la Vie d'Artiste", qui révèle un véritable talent de compositeur. Quatre ans plus tard, il récidive avec un oratorio sur la "Chanson du mal-aimé" de Guillaume Apollinaire, qu'il crée à l'Opéra de Monte-Carlo.
En 1953, Léo Ferré chante en vedette américaine de Joséphine Baker, à l'Olympia. Il signe aussi avec la maison de disques Odéon pour qui il enregistre "Paris Canaille" créée l'année précédente par Catherine Sauvage. Il s'installe avec Madeleine et sa fille (qu'elle a eu d'un précédent mariage et que Ferré considère comme sa propre enfant) sur le boulevard Pershing à Paris. Malgré le peu d'argent dont ils disposent, l'appartement est toujours ouvert aux amis : Catherine Sauvage et le comédien Pierre Brasseur, les Frères Jacques et d'autres.
Avec le succès de "Paris Canaille", il peut s'acheter une maison à la campagne. En mars 55, il fait son premier Olympia en tant que vedette. Il y chante "l'Homme", "Monsieur William", "Graine d'Ananar", etc.
A la fin de cette année-là, il enregistre aussi huit nouvelles chansons dont "Pauvre Ruteboeuf"et le "Guinche". Il s'accompagne seul au piano et même à l'orgue. On y trouve aussi "l'Amour", chanson qui plaît énormément au poète surréaliste André Breton. De là, naît une belle amitié qui se termine malheureusement le jour où Ferré présente au vieil homme "Poètes... vos papiers" en 56. Ce recueil de soixante-dix-sept poèmes rassemble aussi des chansons qu'il a déjà chantées et des textes dans lesquels tout au long de sa vie, il ira puiser. Cette véritable profession de foi du poète est aussi une prise de position contre l'écriture automatique des Surréalistes. André Breton, mécontent, conteste cette vision de la poésie et refuse finalement d'écrire la préface. Les ponts sont rompus et la fâcherie dure jusqu'en 1966, date de la mort de Breton.
L'année 56 est aussi marquée par l'écriture de la "Nuit", ballet avec textes et chansons destiné au chorégraphe Roland Petit et à sa compagnie : l'accueil des critiques est défavorable et au bout de quatre représentations, le spectacle est retiré de l'affiche du Théâtre de Paris.
Débuts à Bobino
En avril 57, paraît "Les Fleurs du Mal chanté par Léo Ferré", disque en hommage à Charles Baudelaire, grand poète français du XIXème siècle. En janvier 58, il donne son premier tour de chant à Bobino, auquel il sera fidèle. Puis en avril, il enregistre un nouvel album, "Encore du Léo Ferré" chez Odéon, dans lequel Jean-Roger Caussimon lui a écrit "Le Temps du Tango" mais on peut entendre aussi "l'Eté s'en fout" ou "Mon Camarade".
Désormais, à l'abri des soucis financiers, il achète sur un coup de tête une île en Bretagne, l'Ile du Guesclin.
En 1961, il enregistre pour la firme Barclay "les Chansons d'Aragon", soit dix poèmes mis en musique par l'artiste : de "L'Affiche Rouge" à "l'Etrangère", d'Elsa" à "Est-ce ainsi que les hommes vivent ?", Léo Ferré donne à ces textes en les interprétant une autre dimension. Louis Aragon est très impressionné et très fier. Se noue alors une amitié sincère et simple entre le poète et le chanteur.
A quelques mois d'intervalle, il enregistre "Paname", succès qui annonce une décennie prolifique et prospère. Il se produit au Théâtre du Vieux Colombier : parmi les nouvelles chansons , "Merde à Vauban", "les Rupins" ou "Thank you Satan". La presse est dithyrambique. Dans la foulée, il chante dans le célèbre music-hall, l'Alhambra.
Ayant atteint l'âge de 45 ans, Ferré‚ se sent enfin à l'aise. Il sait qu'il doit beaucoup à son épouse Madeleine qui a incontestablement un sens artistique très développé. Fin 62 et début 63, il est à l'affiche de l'ABC, autre music-hall parisien où il présente de nouvelles créations qui viennent juste d'être enregistrées en 33 tours, la "Langue française", "T'es chouette" ou "T'es rock, Coco". Déménageant du boulevard Pershing, la famille Ferré, à laquelle s'est ajouté une petite guenon prénommée Pépée (que Léo et Madeleine considèrent comme leur propre fille), va s'installer dans le département du Lot, à Perdrigal.
La maturité
Puis c'est "Ferré 64", disque de maturité qui démontre que son inspiration est à son zénith : "Franco la muerte", "Sans façon", "Mon piano", etc. Inspiration d'un rebelle qui exprime avec poésie, les violences rentrées et les "coups de gueule" d'un anarchiste qui ne renie pourtant pas les facilités que lui procurent l'argent.
En 65 et 66, il effectue deux tournées au Canada. Il accorde durant cette période, de nombreuses interviews à la radio et à la télévision. En 66, c'est son retour sur une scène parisienne, Bobino. Il rend un vibrant hommage au poète Rimbaud, accompagné de son seul piano, qui laisse la salle émue par l'union si belle de la poésie et de la chanson.
Le disque qui sort durant l'été 67, est une oeuvre qui nous montre que Ferré est un grand parolier : la facture des textes est encore classique, mais ils sont toujours aussi percutants. Préfigurant ce qui deviendra la génération hippie, il écrit "Salut Beatnick" et dans des registres différents, "C'est un air", "On n'est pas des saints", "Le Lit", etc. Une chanson manque pourtant : "A une chanteuse morte", hommage à Edith Piaf, mais aussi attaque allusive à Mireille Mathieu, chanteuse que l'on présente à cette époque comme sa remplaçante. C'est le patron Eddy Barclay qui le censure.
Puis c'est à nouveau Bobino pendant tout le mois de septembre. Malheureusement, la vie de reclus que mènent Léo et Madeleine Ferré, quand ils ne sont pas à Paris pour des raisons professionnelles, commence à rendre leur existence difficile : dans le vieux château du Lot, la compagnie de leurs nombreux animaux domestiques et de leur tribu de chimpanzés (devenus au fil des ans de véritables enfants à leurs yeux) va finalement les éloigner l'un de l'autre. C'est une rupture douloureuse qui a lieu début 68.
Chantre de la contestation
Les événements de mai 68 en France, marquent profondément Léo Ferré. Il se produit d'ailleurs le 10 mai lors du célèbre gala de la Mutualité, gala des anarchistes. Il est au yeux du public enthousiaste le chantre de la contestation et de la révolution permanente. En fait, il est toujours aussi distant par rapport à l'action politique.
En octobre, il s'embarque pour une tournée en Afrique du Nord qui ne sera pas un succès. Début 69, sort un nouveau disque inspiré par l'agitation de mai 68 : "Comme une fille", "L'été 68", "Les Anarchistes" même si cette dernière chanson est antérieure aux événements.
Cette année-là, Léo Ferré refait Bobino en janvier et février. Porté par la chanson "C'est extra", devenu depuis un véritable tube, l'ensemble du récital est enregistré et est publié en double album.
Le 6 janvier a lieu une rencontre au sommet entre Ferré, Jacques Brel et Georges Brassens, considérés tous les trois comme les piliers de la chanson française. Cette rencontre est à l'initiative d'un journaliste d'un magazine musical français, Rock & Folk. Ils abordent leurs thèmes de prédilection et échangent leur opinions.
Rencontrée avant sa séparation d'avec Madeleine, Marie-Christine est devenue la nouvelle compagne de Léo Ferré. Ils s'installent en Italie, près de Florence en Toscane. En mai 70, naît leur premier fils Mathieu. Cette année-là verra aussi la sortie d'un double album, "Amour Anarchie", considéré par beaucoup comme le summum de son œuvre discographique : "Le Chien", "la The Nana", "Paris je ne t'aime plus" ou "la Mémoire et la mer".
Tournées avec le groupe Zoo
Mais Léo Ferré est toujours en phase avec son époque : la pop music qu'il a découvert avec les Beatles et les Moody Blues n'échappe pas à son intérêt. C'est ainsi que lassé des récitals en solo, il commence à tourner avec un groupe pop français, Zoo. "Cette façon neuve de concevoir la musique liée à une pensée jeune, libérée" comme il le dit lui-même conforte sa place auprès d'un public renouvelé et plus jeune. En octobre 70, sort le 45 tours "Avec le temps".
L'année suivante, il enregistre "Solitude", album enregistré avec le groupe Zoo.
En 72, il se produit pendant trois semaines à l'Olympia. Son style est plus dépouillé que dans les années 60 durant lesquelles on l'avait vu beaucoup plus lyrique chantant avec emphase. Il interprète ses chansons mais aussi celles de Jean-Roger Caussimon dont la très belle "Ne chantez pas la mort". En mai 73, il publie l'enregistrement de ce spectacle en double album.
Un autre disque, en studio, est enregistré : "Il n'y a plus rien", discours nihiliste proche du monologue qui démontre une fois de plus le talent de poète de Ferré. Il enchaîne ensuite sur une tournée avec le chanteur québécois Robert Charlebois.
Son père décède la même année. Léo Ferré est très affecté, même si leur relation n'a pas toujours été paisible.
L'année suivante, Ferré se produit à l'Opéra Comique, salle de spectacle d'habitude réservée à la musique classique. Il présente de nouvelles chansons mais il dit aussi un texte d'Apollinaire "La Chanson du Mal-aimé". Surtout, il entreprend de lire une prose intitulée "Et basta" véritable profession de foi, qui laisse le public une fois de plus impressionné et pantois.
Chef d'orchestre symphonique
En 75, commence pour l'artiste une nouvelle aventure musicale. En effet, il entreprend de diriger un véritable orchestre symphonique, celui de Montreux en Suisse. A l'automne, il poursuit cette expérience en Belgique, puis au Palais des Congrès à Paris. Les spécialistes de la musique classique (Ravel et Beethoven sont au programme) ne lui pardonnent pas cette incursion dans leur pré-carré, ce qui blesse énormément l'artiste.
Cette même année, il quitte la maison Barclay, non sans quelques dissensions. A la suite de cette rupture, il sort chez CBS un album intitulé "Ferré muet dirige Ravel et Ferré". Ce disque regroupe entre autres, le "Concerto pour la main gauche" par l'Orchestre Symphonique de Milan et "Muss es sein ? Es muss sein", "Love" ou "Requiem" par l'Orchestre de Liège.
De 76 à 90, il publie différents disques chez CBS, puis RCA et enfin EPM : "Ma vie est un slalom" en 79, "La Violence et l'ennui" en 80, "les Loubards" en 85, "On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans" en 86, "Les Vieux copains" en 90.
Installé définitivement en Toscane avec sa femme Marie-Christine, la famille s'agrandit avec la naissance de Marie-Cécile en juillet 74, puis avec celle de leur deuxième fille Manuella en janvier 78. Léo Ferré y trouve enfin le repos de l'âme qu'il attendait depuis sa rupture avec Madeleine et aussi une harmonie familiale qui le rend véritablement heureux.
Ferré assagi avec l'âge n'en reste pas moins un chanteur populaire qui enchaîne les récitals à l'Olympia ou au TLP Dejazet, autre salle parisienne et qui continue à effectuer des tournées en France et à l'étranger. Son soutien à la cause anarchiste n'est pas remis en question malgré son exil toscan, loin du bruit et de la fureur. Il participe d'ailleurs jusqu'à la fin de sa vie, à des galas de soutien.
Mémoire
C'est à l'âge de 77 ans que Ferré meurt à la suite d'une longue maladie le 14 juillet 1993. Cette maladie dont il n'a quasiment jamais parlée, s'était déclarée en 1992 et l'avait empêché de faire son retour sur la scène du Grand Rex à Paris.
A la fin des années 90, son fils Mathieu reprend la maison d'édition et société d'exploitation de droits d'auteurs que ses parents avaient montée en 92, la Mémoire et la Mer. Il cherche ainsi à promouvoir les projets divers concernant l'œuvre de son père : réédition de disques, parution d'inédits ou spectacles.
C'est ainsi qu'en mars 2000 sort un CD posthume du chanteur, "Métamec". Cet album reprend des projets de Léo que la mort a laissé sur le côté de la route quelques années, jusqu'à ce que Mathieu découvre ces chansons dont neuf seulement ont pu être reconstituées. Ces titres écrits dans les 15 dernières années de la vie de l'artiste inaugurent une série d'autres disques constitués d'inédits que beaucoup qualifient cependant de beaucoup moins intéressants que tout ce que Léo Ferré a écrit et sorti de son vivant. En novembre, la société de son fils réédite les trois derniers CDs de son père
Léo Ferré détient une place à part dans la chanson française : il reste un auteur-compositeur-interprète d'exception. Le plus bel éloge a été rendu par Louis Aragon : "Il faudra réécrire l'histoire littéraire un peu différemment à cause de Léo Ferré". |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Léo Ferré Dim 27 Avr - 2:21 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Léo Ferré Dim 27 Avr - 2:23 | |
| Je chante pour passer le temps
Je chante pour passer le temps Petit qu'il me reste de vivre Comme on dessine sur le givre Comme on se fait le cœur content A lancer cailloux sur l'étang Je chante pour passer le temps
J'ai vécu le jour des merveilles Vous et moi souvenez-vous-en Et j'ai franchi le mur des ans Des miracles plein les oreilles Notre univers n'est plus pareil J'ai vécu le jour des merveilles
Allons que ces doigts se dénouent Comme le front d'avec la gloire Nos yeux furent premiers à voir Les nuages plus bas que nous Et l'alouette à nos genoux Allons que ces doigts se dénouent
Nous avons fait des clairs de lune Pour nos palais et nos statues Qu'importe à présent qu'on nous tue Les nuits tomberont une à une La Chine s'est mise en Commune Nous avons fait des clairs de lune
Et j'en dirais et j'en dirais Tant fut cette vie aventure Où l'homme a pris grandeur nature Sa voix par-dessus les forêts Les monts les mers et les secrets Et j'en dirais et j'en dirais
Oui pour passer le temps je chante Au violon s'use l'archet La pierre au jeu des ricochets Et que mon amour est touchante Près de moi dans l'ombre penchante Oui pour passer le temps je chante
Je chante pour passer le temps Oui pour passer le temps je chante |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Léo Ferré Dim 27 Avr - 2:24 | |
| La Marseillaise
J'connais un' grue sur le Vieux Port Avec des dents longu's comm' la faim Et qui dégraf' tous les marins Qu'ont l'âme chagrine et le cœur d'or C'est à Marseille que j'vais la voir Quand le soleil se fout en tweed Et que l'mistral joue les caïds C'est à Marseille qu'ell' traîn' le soir Elle a des jupes à embarquer Tous les chalands qui traîn'nt la nuit Et des froufrous qui font tant d'bruit Qu'on les entend au bout du quai Il suffit d'y mettre un peu d'soi C'est un' putain qu'aime que la braise Et moi j'l'appelle la Marseillaise C'est bien le moins que je lui dois
Arrête un peu que j'vois Su tu fais l'poids Et si j'en aurai pour mon fric Arrête un peu que j'vois Si les étoiles couchent avec toi Et tu m'diras Combien j'te dois
J'connais un' grue dans mon pays Avec les dents longu's comm' le bras Et qui s'tapait tous les soldats Qu'avaient la mort dans leur fusil C'est à Verdun qu'on peut la voir Quand les souv'nirs se foutent en prise Et que l'vent d'est pose sa valise Et qu'les médaill's font le trottoir Elle a un' voix à embarquer Tous les traîn'-tapins qu'elle rencontre Et il paraît qu'au bout du compte Ça en fait un drôl' de paquet Il suffit d'y mettre un peu d'soi Au fond c'est qu'un' chanson française Mais qu'on l'appell' la Marseillaise Ça fait bizarr' dans ces coins-là
Arrête un peu que j'vois Si t'as d'la voix Si j'en aurais pour mes galons Arrête un peu que j'vois Et puis qu'j'abreuve tous vos sillons Et j'vous dirai Combien ça fait
J'connais un' grue qu'a pas d'principes Les dents longu's comme un jour sans pain Qui dégrafait tous les gamins Fumant leur vie dans leur cass'-pipe C'est dans les champs qu'ell' traîn' son cul Où y a des croix comm' des oiseaux Des croix blanch's plantées pour la peau La peau des autr's bien entendu Cell'-là on peut jamais la voir A moins d'y voir les yeux fermés Et l'périscop' dans les trous d'nez Bien allongé sous le boul'vard Suffit d'leur filer quat' bouts d'bois Et d'fair' leur lit dans un peu d'glaise Et d'leur chanter la Marseillaise Et d'leur faire un' bell' jambe de bois
Arrête un peu tes cuivres Et tes tambours Et ramèn' moi l'accordéon Arrête un peu tes cuivres Que je puiss' finir ma chanson Le temps que j'baise Ma Marseillaise |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Léo Ferré Dim 27 Avr - 2:25 | |
| La mémoire et la mer Paroles et Musique: Léo Ferré 1970 © Editions N°1 note: Léo Ferré a appelé tour à tour ce long poème, dont la première version date de 1960, Les chants de la fureur, Guesclin et enfin la Mémoire et la mer. Ce texte fournira la matière de 7 chansons : La mémoire et la mer (1970) FLB, La mer noire, Géométriqueme
La marée, je l'ai dans le cœur Qui me remonte comme un signe Je meurs de ma petite sœur, de mon enfance et de mon cygne Un bateau, ça dépend comment On l'arrime au port de justesse Il pleure de mon firmament Des années lumières et j'en laisse Je suis le fantôme jersey Celui qui vient les soirs de frime Te lancer la brume en baiser Et te ramasser dans ses rimes Comme le trémail de juillet Où luisait le loup solitaire Celui que je voyais briller Aux doigts de sable de la terre
Rappelle-toi ce chien de mer Que nous libérions sur parole Et qui gueule dans le désert Des goémons de nécropole Je suis sûr que la vie est là Avec ses poumons de flanelle Quand il pleure de ces temps là Le froid tout gris qui nous appelle Je me souviens des soirs là-bas Et des sprints gagnés sur l'écume Cette bave des chevaux ras Au raz des rocs qui se consument Ö l'ange des plaisirs perdus Ö rumeurs d'une autre habitude Mes désirs dès lors ne sont plus Qu'un chagrin de ma solitude
Et le diable des soirs conquis Avec ses pâleurs de rescousse Et le squale des paradis Dans le milieu mouillé de mousse Reviens fille verte des fjords Reviens violon des violonades Dans le port fanfarent les cors Pour le retour des camarades Ö parfum rare des salants Dans le poivre feu des gerçures Quand j'allais, géométrisant, Mon âme au creux de ta blessure Dans le désordre de ton cul Poissé dans des draps d'aube fine Je voyais un vitrail de plus, Et toi fille verte, mon spleen
Les coquillages figurant Sous les sunlights cassés liquides Jouent de la castagnette tans Qu'on dirait l'Espagne livide Dieux de granits, ayez pitié De leur vocation de parure Quand le couteau vient s'immiscer Dans leur castagnette figure Et je voyais ce qu'on pressent Quand on pressent l'entrevoyure Entre les persiennes du sang Et que les globules figurent Une mathématique bleue, Sur cette mer jamais étale D'où me remonte peu à peu Cette mémoire des étoiles
Cette rumeur qui vient de là Sous l'arc copain où je m'aveugle Ces mains qui me font du fla-fla Ces mains ruminantes qui meuglent Cette rumeur me suit longtemps Comme un mendiant sous l'anathème Comme l'ombre qui perd son temps À dessiner mon théorème Et sous mon maquillage roux S'en vient battre comme une porte Cette rumeur qui va debout Dans la rue, aux musiques mortes C'est fini, la mer, c'est fini Sur la plage, le sable bêle Comme des moutons d'infini... Quand la mer bergère m'appelle |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Léo Ferré Dim 27 Avr - 2:27 | |
| Le chien
Regarder la Vidéo À mes oiseaux piaillant debout Chinés sous les becs de la nuit Avec leur crêpe de coutil Et leur fourreau fleuri de trous À mes compaings du pain rassis À mes frangins de l'entre bise À ceux qui gerçaient leur chemise Au givre des pernods-minuit
A l'Araignée la toile au vent A Biftec baron du homard Et sa technique du caviar Qui ressemblait à du hareng A Bec d'Azur du pif comptant Qui créchait côté de Sancerre Sur les MIDNIGHT à moitié verre Chez un bistre de ses clients
Aux spécialistes d'la scoumoune Qui se sapaient de courants d'air Et qui prenaient pour un steamer La compagnie Blondit and Clowns Aux pannes qui la langue au pas En plein hiver mangeaient des nèfles A ceux pour qui deux sous de trèfle Ça valait une Craven A
A ceux-là je laisse la fleur De mon désespoir en allé Maintenant que je suis paré Et que je vais chez le coiffeur Pauvre mec mon pauvre Pierrot Vois la lune qui te cafarde Cette Américaine moucharde Qu'ils ont vidée de ton pipeau
Ils t'ont pelé comme un mouton Avec un ciseau à surtaxe Progressivement contumax Tu bêle à tout va la chanson Et tu n'achètes plus que du vent Encore que la nuit venue Y a ta cavale dans la rue Qui hennnit en te klaxonnant
Le Droit la Loi la Foi et Toi Et une éponge de vin sur Ton Beaujolais qui fait le mur Et ta Pépée qui fait le toit Et si vraiment Dieu existait Comme le disait Bakounine Ce Camarade Vitamine Il faudrait s'en débarrasser
Tu traînes ton croco ridé Cinquante berges dans les flancs Et tes chiens qui mordent dedans Le pot-au-rif de l'amitié Un poète ça sent des pieds On lave pas la poésie Ça se défenestre et ça crie Aux gens perdus des mots FERIES
Des mots oui des mots comme le Nouveau Monde Des mots venus de l'autre côté clé la rive Des mots tranquilles comme mon chien qui dort Des mots chargés des lèvres constellées dans le dictionnaire des constellations de mots Et c'est le Bonnet Noir que nous mettrons sur le vocabulaire Nous ferons un séminaire, particulier avec des grammairiens particuliers aussi Et chargés de mettre des perruques aux vieilles pouffiasses Littéromanes
IL IMPORTE QUE LE MOT AMOUR soit rempli de mystère et non de tabou, de péché, de vertu, de carnaval romain des draps cousus dans le salace Et dans l'objet de la policière voyance ou voyeurie Nous mettrons de longs cheveux aux prêtres de la rue pour leur apprendre à s'appeler dès lors monsieur l'abbé Rita Hayworth monsieur l'abbé BB fricoti fricota et nous ferons des prières inversées Et nous lancerons à la tête des gens des mots SANS CULOTTE SANS BANDE A CUL Sans rien qui puisse jamais remettre en question La vieille la très vieille et très ancienne et démodée querelle du qu'en diront-ils Et du je fais quand même mes cochoncetés en toute quiétude sous prétexte qu'on m'a béni Que j'ai signé chez monsieur le maire de mes deux mairies ALORS QUE CES ENFANTS SONT TOUT SEULS DANS LES RUES ET S'INVENTENT LA VRAIE GALAXIE DE L'AMOUR INSTANTANE Alors que ces enfants dans la rue s'aiment et s'aimeront Alors que cela est indéniable Alors que cela est de toute évidence et de toute éternité JE PARLE POUR DANS DIX SIECLES et je prends date On peut me mettre en cabane On peut me rire au nez ça dépend de quel rire JE PROVOQUE-À L'AMOUR ET À L'INSURRECTION YES! I AM UN IMMENSE PROVOCATEUR Je vous l'ai dit
Des armes et des mots c'est pareil Ça tue pareil II faut tuer l'intelligence des mots anciens Avec des mots tout relatifs, courbes, comme tu voudras
IL FAUT METTRE EUCLIDE DANS UNE POUBELLE
Mettez-vous le bien dans la courbure C'est râpé vos trucs et manigances Vos démocraties où il n'est pas question de monter à l'hôtel avec une fille Si elle ne vous est pas collée par la jurisprudence C'est râpé Messieurs de la Romance Nous, nous sommes pour un langage auquel vous n'entravez que couic NOUS SOMMES DES CHIENS et les chiens, quand ils sentent la compagnie, Ils se dérangent et on leur fout la paix Nous voulons la Paix des Chiens Nous sommes des chiens de " bonne volonté " El nous ne sommes pas contre le fait qu'on laisse venir à nous certaines chiennes Puisqu'elles sont faites pour ça et pour nous
Nous aboyons avec des armes dans la gueule Des armes blanches et noires comme des mots noirs et blancs NOIRS COMME LA TERREUR QUE VOUS ASSUMEREZ BLANCS COMME LA VIRGINITÉ QUE NOUS ASSUMONS NOUS SOMMES DES CHIENS et les chiens, quand ils sentent la compagnie, II se dérangent, ils se décolliérisent Et posent leur os comme on pose sa cigarette quand on a quelque chose d'urgent à faire
Même et de préférence si l'urgence contient l'idée de vous foutre sur la margoulette Je n'écris pas comme de Gaulle ou comme Perse l JE CAUSE et je GUEULE comme un chien
JE SUIS UN CHIEN |
| | | jacommos Admin
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| | | | Gilou Admin
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| | | | jacommos Admin
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| Sujet: Re: Léo Ferré Mer 1 Fév - 11:06 | |
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| Sujet: Re: Léo Ferré | |
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| | | | Léo Ferré | |
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