PRISME ■ Dernier concert de la saison, hier soir, au Prisme d’Aurillac, devant plus de 1.100 personnes
Nolwenn, le charme du bout du monde
Nolwenn Leroy et le
Prisme se sont quittés très
bons amis, hier soir, après
quelques jours de
résidence artistique et un
concert devant plus de
1.100 personnes. Un show
bercé par les plus grands
airs du folklore celtique
Matthieu Perrinaud
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Un rideau peut en cacherun autre. L’un est tombé
sur la saison du Prisme,
hier soir. L’autre s’est
levé sur le show de Nolwenn Leroy,
première date de sa tournée
des festivals, après quelques
jours de résidence artistique au
zénith aurillacois (lire notre édition
du 16 juin).
Quand la salle plonge dans
l’o b s c u r i t é , d é c o u v ra n t d u
même coup la scène et ses six
musiciens, le public est enthousiaste.
Les applaudissements répondent
du tac au tac à ces airs
celtiques pas tocs. Puis, rapidement,
la maîtresse de soirée arrive
sur scène, virevoltant dans
une robe légère aux couleurs du
drapeau breton, l’énergie communicative
et la grâce chevillée
au sourire.
Musique et voix
Portée par le succès de son
dernier album en date, Bretonne,
elle est bien décidée à planter
quelques menhirs dans le
décor local, et à chanter les
l o u a n g e s d e s o n « bo u t d u
monde ».
Les lumières des téléphones
portables braqués sur la jeune
fille transpercent la pénombre
ambiante. Sur les planches, pas
de fioritures. Un décor dépouillé,
avec simplement musique
et voix.
Nolwenn, visiblement, est ravie.
D’être là, de jouer enfin la
fille de l’Eire face à ses fans.
Sensuelle, envoûtante, très à
l’aise, elle s’amuse comme une
folle. Comme les ritournelles
qu’elle entonne, elle tourne,
vire, et le public chavire. Quasiment
tout l’album y passe, des
reprises du répertoire folklorique
celtique et gaélique, rendues
célèbres par Alan Stivell
(Tri martolod), les Pogues (Dirty
old town), les Dubliners (Whiskey
in the Jar), Tri Yann (Les prisons
de Nantes), U2 (Sunday
bloody sunday), Simon et Garfunkel
(Scarborough fair) ou Alain
Souchon (Le bagad de LannBihoué).
Sans oublier quelques titres
tirés de ses précédents
opus.
Elle ne se ménage pas, et retrouve
même parfois difficilement
son souffle quand elle
s’adresse au public, réservée et
enthousiaste à la fois.
La salle a des fourmis dans les
travées. Ne manque plus que
quelques embruns pour fouetter
les visages et les sangs, dans ce
décor minimaliste, pour que le
tableau se mette à tanguer au
gré des vagues vocales de la
chanteuse.
Nolwenn est grande aujourd’hui.
L’air du large lui a définitivement
décollé les étiquettes
tenaces de ses débuts télévisées.
Et derrière ces airs de petite fille
espiègle et cet aplomb de femme
fatale, le naturel lui va bien.
D’autant plus que le show
n’est pas encore carapacé dans
un savoirfaire
rodé par la routine.
Ce soir, les musiciens et l’artiste
se regardent sans cesse, se
cherchent, par peur des sorties
de route. Quelques réglages restent
nécessaires. Les enchaînements,
parfois, sont laborieux.
Chacun cherche ses marques,
son espace artistiquement vital.
Manque encore, aussi, ce grain
de folie qui mettrait le feu aux
poudres de tous les tonnerres
de Brest.
Elle saute et danse
comme si le sort
de la Bretagne
en dépendait
Mais le coeur y est, totalement,
infiniment. Dans quelques dates,
quand tous parviendront à
prendre leur pied marin, le navire
devrait tourner à plein régime,
et sera en mesure, alors,
d’affronter les plus gros grains.
Quand la lumière disparaît sur
scène, sonnant l’heure du premier
rappel, des dizaines de
fans en profitent pour investir la
fosse. Nolwenn revient, enlève
ses talons et emporte le public
dans un dernier tour de piste,
tout le monde debout et elle
toujours sautant et dansant
comme si le sort de la Bretagne
en dépendait.
Po u r l a s a i s o n d u Pr i s m e,
c’était la dernière. Pour Nolwenn
Leroy, c’était la première.
Charmant chassécroisé.
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