8.06.09 - 08:43
Avoir un quotient intellectuel au-delà de 130 ne signifie pas pourtant être bon élève. Certains parcours sont chaotiques, et certains enfants doivent même parfois être déscolarisés. Une petite école du Namurois accueille les enfants à "haut potentiel".
Trouver une école qui prend en compte le profil particulier n’est donc pas simple. C’est sur la base de ce constat qu’une petite école primaire de la région namuroise accepte depuis deux ans plusieurs enfants appelés «jeunes à haut potentiel». L’école collabore à un programme de recherche universitaire sur le sujet.
Enfants et parents parfois en souffrance"Quand j’ai entendu la souffrance de ces parents, j’ai été moi-même étonnée" explique madame Françoise, institutrice et directrice de l’école. "Je pensais que ces enfants éprouvaient plus de facilités que les autres dans leur parcours scolaire. Mais ce n‘est pas le cas ! J‘en ai inscrit plusieurs dans mon établissement, mais je ne veux absolument pas que mon école devienne une école ghetto pour surdoués".
La directrice de l’école met en garde directement. L’école ne désire d’ailleurs pas rendre publique son identité. "Je ne veux pas que de la publicité soit faite autour du projet. Je les accepte de bon cœur, mais cela demande beaucoup d’énergie pour les enseignants".
Cinq enfants à haut potentiel sont inscrits dans cette école qui pratique encore le principe des classes uniques à plusieurs niveaux de cours (4ème, 5ème et 6ème primaires ensemble par exemple) "Le système transversal d’enseignement convient assez bien à ces enfants" témoigne Fabienne, maman de deux garçons détectés à haut potentiel.
"Depuis que mes enfants se trouvent dans cette école, c’est le jour et la nuit par rapport à avant. Mon aîné était dépressif. Il a dû être déscolarisé. Maintenant que l’on a trouvé une école qui met en pratique la différenciation, c’est ce qui lui faut. Ca va beaucoup mieux."
Pas au tableau. Mais près de l’enfant, dans les bancsCela étonne à priori. Un enseignant qui n’est pas à son pupitre. Pas non plus devant le tableau noir. Par contre, l’instituteur passe et repasse dans les bancs et adapte les consignes au niveau, au profil de l’enfant. "Ca peut paraître étrange, mais cela devrait être comme ça dans toutes les écoles. C’est juste la pratique de la différenciation" dit la directrice. "Evidemment, pour les hauts potentiels, cela demande une pédagogie adaptée" ajoute Madame Louise, institutrice en deuxième et troisième primaire. "L’enfant à haut potentiel est parfois hypersensible, très lucide. Son cerveau va trop vite. Et il faut parfois aussi anticiper sa demande, sa soif d’apprendre de peur qu’ il ne s’ennuie."
Pas de moyens"Il ne faudrait pas que le nombre d’enfants à haut potentiel augmente en flèche au sein de l’école" préviennent la directrice et les enseignants. "Nous accueillons pour l’instant deux ou trois élèves à haut potentiel par classe. Ca nous paraît le maximum possible, car nous ne disposons d’aucun moyen supplémentaire." "Ces enfants n’ont pas tout !" ajoute Fabienne, la maman de deux garçons âgés de 7 et 10 ans. "Ils rencontrent des difficultés. On ne demande pas des écoles ghettos. Mais un encadrement spécifique. Un soutien. Il leur faut du concret". En d’autres mots, une pédagogie un peu décalée. "En Flandre, certains cours sont organisés spécifiquement pour ces enfants. Quelques heures par semaine. C’est ce qu’il faudrait".
Même discours du côté des chercheurs universitaires qui planchent sur le sujet, notamment à l’ ULB, l’UCL, et les Facultés Universitaires Notre Dame de la Paix de Namur. "Il ne faut pas faire les tests de manière systématique pour connaître le quotient intellectuel des enfants" affirme Catherine Cuche, psychologue à la cellule jeunes à haut potentiel des facultés à Namur. "Il leur faudrait plus de répondant dans les écoles. D’accord, ils doivent s’adapter à la société. Non à l’école ghetto. Mais ils pourraient être mieux compris et mieux encadrés".
La directrice de l’école namuroise le confirme: "Rien n’est conçu pour eux. C’est dommage. Ici, par exemple, il faudrait un éducateur pour les encadrer à certains moments". Le message est lancé: qu’en pensera la future équipe à la tête de la Communauté française ?
Pour tous renseignements sur le programme de recherche universitaire et aussi plus largement sur ces enfants: vous pouvez vous rendre sur le site internet:
www.enseignement.be/jhp(Laurence Lenne)