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Les Discutailleurs fans de musique...
Nous sommes des Fans de Musique, de Poésie, de peinture... ouverts à la diversité immense que nous proposent tous les arts majeurs
"La voix de Nolwenn ? une élégance souveraine, de la soie, du velours." Patrice Demailly. - - - - "Le talent sans génie est peu de chose. Le génie sans talent n'est rien" Valery.
Au suivant by Jacques Brel Tout nu dans ma serviette qui me servait de pagne J'avais le rouge au front et le savon à la main Au suivant, au suivant J'avais juste vingt ans et nous étions cent vingt A être le suivant de celui qu'on suivait Au suivant, au suivant J'avais juste vingt ans et je me déniaisais Au bordel ambulant d'une armée en campagne Au suivant, au suivant
Moi j'aurais bien aimé un peu plus de tendresse Ou alors un sourire ou bien avoir le temps Mais au suivant, au suivant Ce n'fut pas Waterloo mais ce n'fut pas Arcole Ce fut l'heure où l'on r'grette d'avoir manqué l'école Au suivant, au suivant Mais je jure que d'entendre cet adjudant d'mes fesses C'est des coups à vous faire des armées d'impuissants Au suivant, au suivant
Je jure sur la tête de ma première vérole Que cette voix depuis je l'entends tout le temps Au suivant, au suivant Cette voix qui sentait l'ail et le mauvais alcool C'est la voix des nations et c'est la voix du sang Au suivant, au suivant Et depuis chaque femme à l'heure de succomber Entre mes bras trop maigres semble me murmurer : "Au suivant, au suivant"
Tous les suivants du monde devraient s'donner la main Voilà ce que la nuit je crie dans mon délire Au suivant, au suivant Et quand je n'délire pas, j'en arrive à me dire Qu'il est plus humiliant d'être suivi que suivant Au suivant, au suivant Un jour je m'f'rai cul-de-jatte ou bonne sœur ou pendu Enfin un d'ces machins où je n's'rai jamais plus Le suivant, le suivant
Invité Invité
Sujet: Re: Jacques BREL Mer 10 Juin - 10:42
Les biches Jacques Brel
Elles sont notre premier ennemi Quand elles s'échappent en riant Des pâturages de l'ennui Les biches Avec des cils comme des cheveux Des cheveux en accroche-faon Et seulement le bout des yeux Qui triche Si bien que le chasseur s'arrête Et que je sais des ouragans Qu'elles ont changés en poètes Les biches Et qu'on les chasse de notre esprit Ou qu'elles nous chassent en rougissant Elles sont notre premier ennemi Les biches de quinze ans
Elles sont notre plus bel ennemi Quand elles ont l'éclat de la fleur Et déjà la saveur du fruit Les biches Qui passent toute vertu dehors Alors que c'est de tout leur cœur Alors que c'est de tout leur corps Qu'elles trichent Lorsqu'elles grignotent le mari Ou lorsqu'elles croquent le diamant Sur l'asphalte bleu de Paris Les biches Qu'on les chasse à coups de rubis Ou qu'elles nous chassent au sentiment Elles sont notre plus bel ennemi Les biches de vingt ans
Elles sont notre pire ennemi Lorsqu'elles savent leur pouvoir Mais qu'elles savent leur sursis Les biches Quand un chasseur est une chance Quand leur beauté se lève tard Quand c'est avec toute leur science Qu'elles trichent Trompant l'ennui plus que le cerf Et l'amant avec l'autre amant Et l'autre amant avec le cerf Qui biche Mais qu'on les chasse à la folie Ou qu'elles nous chassent du bout des gants Elles sont notre pire ennemi Les biches d'après vingt ans
Elles sont notre dernier ennemi Quand leurs seins tombent de sommeil Pour avoir veillé trop de nuits Les biches Quand elles ont le pas résigné Des pèlerins qui s'en reviennent Quand c'est avec tout leur passé Qu'elles trichent Afin de mieux nous retenir Nous qui ne servons à ce temps Qu'à les empêcher de vieillir Les biches Mais qu'on les chasse de notre vie Ou qu'elles nous chassent parce qu'il est temps Elles restent notre dernier ennemi Les biches de trop longtemps
Gilou Admin
Nombre de messages : 15295 Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: Jacques BREL Mer 10 Juin - 11:05
Mickaelmms a écrit:
La chanson de Jacky by Jacques Brel Même si un jour à Knokke-le-Zoute Je deviens comme je le redoute Chanteur pour femmes finissantes Même si j'leur chante "Mi Corazon" Avec la voix bandonéante D'un Argentin de Carcassonne Même si on m'appelle Antonio Que je brûle mes derniers feux En échange de quelques cadeaux Madame, je fais ce que je peux Même si j'me saoule à l'hydromel Pour mieux parler d'virilité A des mémères décorées Comme des arbres de Noël Je sais qu'dans ma soûlographie Chaque nuit pour des éléphants roses Je chanterai ma chanson morose Celle du temps où j'm'appelais Jacky
{Refrain:} Etre une heure, une heure seulement Etre une heure, une heure quelquefois Etre une heure, rien qu'une heure durant Beau, beau, beau et con à la fois
Même si un jour à Macao J'deviens gouverneur de tripot Cerclé de femmes languissantes Même si lassé d'être chanteur J'y sois dev'nu maître chanteur Et qu'ce soit les autres qui chantent Même si on m'appelle le beau Serge Que je vende des bateaux d'opium Du whisky de Clermont-Ferrand De vrais pédés, de fausses vierges Que j'aie une banque à chaque doigt Et un doigt dans chaque pays Et que chaque pays soit à moi Je sais quand même que chaque nuit Tout seul au fond de ma fum'rie Pour un public de vieux Chinois Je r'chanterai ma chanson à moi Celle du temps où j'm'appelais Jacky
{au Refrain}
Même si un jour au Paradis J'devienne comme j'en serais surpris Chanteur pour femmes à ailes blanches Que je leur chante "Alléluia !" En regrettant le temps d'en bas Où c'est pas tous les jours dimanche Même si on m'appelle Dieu le Père Celui qui est dans l'annuaire Entre "Dieulefit" et "Dieu vous garde" Même si je m'laisse pousser la barbe Même si toujours trop bonne pomme Je m'crève le cœur et l'pur esprit A vouloir consoler les hommes Je sais quand même que chaque nuit J'entendrai dans mon paradis Les anges, les Saints et Lucifer Me chanter la chanson d'naguère Celle du temps où j'm'appelais Jacky.
{au Refrain}
jacky?????
Invité Invité
Sujet: Re: Jacques BREL Mer 10 Juin - 11:42
Dernière édition par Nounouka le Mer 10 Juin - 13:01, édité 1 fois
Gilou Admin
Nombre de messages : 15295 Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: Jacques BREL Mer 10 Juin - 11:47
Non :x tu connaîs pas ce Jaky, nounouka :lol:
Invité Invité
Sujet: Re: Jacques BREL Mer 10 Juin - 11:54
Dernière édition par Nounouka le Mer 10 Juin - 12:44, édité 1 fois
Gilou Admin
Nombre de messages : 15295 Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: Jacques BREL Mer 10 Juin - 12:04
bien sur Nounouka, mais cela est bien sur entre mickaël et moi....
Tu trouves que je le cite?....mince, je ne m'en suis pas rendue comptes.......
bah!!!!!....au diable l'avarice....Je citerai encore et encore ...ENCORE....ENCORE..encoreeeeeeeeeeeeeee
Elle est bien bonne celle-là....j'aurais tout vu .
n'ai pas peur, je ne te le prends paston Micky
miminem
Nombre de messages : 3618 Date d'inscription : 07/10/2008
Sujet: Re: Jacques BREL Mer 10 Juin - 12:22
Allons bon ! il y a un quota à ne pas dépasser pour citer un post ?
Tu sais, Nounouka, le plus simple, quand on ne comprend pas quelque chose, c'est soit de ne pas se mêler à la conversation soit de demander des explications ....
Mais reprocher de citer et reciter un posteur sans que celui-ci ne s'en plaigne, c'est un peu juste .... Moi, je t'ai déjà demandé dans le temps de moins citer ... parce qu'après, on ne peux plus se corriger .... mais tu persistes .... et c'est ton droit, bien sûr ! Mais ne le reproche pas aux autres de le faire aussi
Invité Invité
Sujet: Re: Jacques BREL Mer 10 Juin - 12:40
Mais cela n'avait rien avoir pour l'histoire de citer en général,Miminem!C'était juste pour la chanson,je faisais aussi de l'humour,je n'en ai pas le droit,soit!Quand à Micky,il ne m'appartient pas,c'est un électron libre!Un papillon qui s'envole à tire d'aile! Sur ce je m'édite plus haut et je vous tire ma révérence de ce coin-là!
Dernière édition par Nounouka le Mer 10 Juin - 17:11, édité 1 fois
miminem
Nombre de messages : 3618 Date d'inscription : 07/10/2008
Sujet: Re: Jacques BREL Mer 10 Juin - 13:10
L'art et la manière de nous laisser avec nos posts de réponses dans le vide !!! Ca me rappelle Online !
Tiens! j'aurais du citer ton post, pour le coup!
Gilou Admin
Nombre de messages : 15295 Localisation : Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: Jacques BREL Mer 10 Juin - 13:34
Allez bisous...à ce soir, si je ne suis pas trop crevée..
Invité Invité
Sujet: Re: Jacques BREL Mer 10 Juin - 13:37
Bon voyage Gilou et Bonne Ballade !Bisous!Profites-en bien!
Invité Invité
Sujet: Re: Jacques BREL Mer 10 Juin - 17:01
Le plat pays Jacques Brel
Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues Et de vagues rochers que les marées dépassent Et qui ont à jamais le cœur à marée basse Avec infiniment de brumes à venir Avec le vent de l'est écoutez-le tenir Le plat pays qui est le mien
Avec des cathédrales pour uniques montagnes Et de noirs clochers comme mâts de cocagne Où des diables en pierre décrochent les nuages Avec le fil des jours pour unique voyage Et des chemins de pluie pour unique bonsoir Avec le vent d'ouest écoutez-le vouloir Le plat pays qui est le mien
Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner Avec le vent du nord qui vient s'écarteler Avec le vent du nord écoutez-le craquer Le plat pays qui est le mien
Avec de l'Italie qui descendrait l'Escaut Avec Frida la Blonde quand elle devient Margot Quand les fils de novembre nous reviennent en mai Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet Quand le vent est au rire, quand le vent est au blé Quand le vent est au sud, écoutez-le chanter Le plat pays qui est le mien.
Invité Invité
Sujet: Re: Jacques BREL Mer 10 Juin - 17:07
La quête Jacques Brel
Rêver un impossible rêve Porter le chagrin des départs Brûler d'une possible fièvre Partir où personne ne part
Aimer jusqu'à la déchirure Aimer, même trop, même mal, Tenter, sans force et sans armure, D'atteindre l'inaccessible étoile
Telle est ma quête, Suivre l'étoile Peu m'importent mes chances Peu m'importe le temps Ou ma désespérance Et puis lutter toujours Sans questions ni repos Se damner Pour l'or d'un mot d'amour Je ne sais si je serai ce héros Mais mon cœur serait tranquille Et les villes s'éclabousseraient de bleu Parce qu'un malheureux
Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé Brûle encore, même trop, même mal Pour atteindre à s'en écarteler Pour atteindre l'inaccessible étoile.
Invité Invité
Sujet: Re: Jacques BREL Mer 10 Juin - 17:09
L'enfance Jacques Brel
L'enfance Qui peut nous dire quand c’est fini Qui peut nous dire quand ça commence C'est rien avec de l'imprudence C'est tout ce qui n'est pas écrit
L'enfance Qui nous empêche de la vivre De la revivre infiniment De vivre à remonter le temps De déchirer la fin du livre
L'enfance Qui se dépose sur nos rides Pour faire de nous de vieux enfants Nous revoilà jeunes amants Le cœur est plein, la tête est vide L'enfance L'enfance
L'enfance C'est encore le droit de rêver Et le droit de rêver encore Mon père était un chercheur d'or L'ennui c'est qu'il en a trouvé
L'enfance Il est midi tous les quarts d'heure Il est jeudi tous les matins Les adultes sont déserteurs Tous les bourgeois sont des Indiens
L'enfance L'enfance
{+ couplet isolé :}
Si les parents savaient l'enfance Si les moindres amants savaient Si par chance ils savaient l'enfance Il n'y aurait plus d'enfants jamais.
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: Jacques BREL Dim 14 Nov - 11:27
Citation :
Et dire que nous sommes passé de ça à Cali et Calogero. C'est un véritable scandale de notre époque ! Des paroles d'une poésie infinie ! Une prestation scénique éblouissante ! Remplit de lumière, de vie et de force ! Et s'il transpire sur scène ce n'est que son génie débordant qui nous éclabousse à la gueule et nous rappelles une époque pleine de vide : La nôtre. keupon2 il y a 1 jour
Citation :
Cet individu est capable de transporter dans un absolu aussi puissant que celui créé par Beethoven et son ode à la joie. Oui, Brel possède bien le puissant génie musical d'un Schubert mélangé avec un poème de Baudelaire. Frappante mais inoubliable alchimie. Louislurine93 il y a 2 jours 3
Citation :
Chaque atome de son corps entre en vibration avec la chanson, tu prends ça de plein fouet, il allait aux limites, sans rien compter. Merci Mr Brel que d'avoir existé. thierry62 il y a 2 semaines 2
Citation :
Je n'écoute jamais de son de cette époque à par Brel et Brassens et c'est un envol que je prend sur celle la! jusqu'a ce que tout à coup l'acordéon expire... antitogeman il y a 2 semaines
miminem
Nombre de messages : 3618 Date d'inscription : 07/10/2008
Sujet: Re: Jacques BREL Lun 2 Mai - 22:08
Paroles / Lyrics: Jacques Brel FERNAND 1966
Dire que Fernand est mort Dire qu'il est mort Fernand Dire que je suis seul derrière Dire qu'il est seul devant Lui dans sa dernière bière Moi dans mon brouillard Lui dans son corbillard Et moi dans mon désert Devant y a qu'un cheval blanc Derrière y a que moi qui pleure Dire qu'y a même pas de vent Pour agiter mes fleurs Moi si j'étais le Bon Dieu Je crois que j'aurais des remords Dire que maintenant il pleut Dire que Fernand est mort
Dire qu'on traverse Paris Dans le tout petit matin Dire qu'on traverse Paris Et qu'on dirait Berlin Toi toi toi tu sais pas tu dors Mais c'est triste à mourir D'être obligé de partir Quand Paris dort encore Moi je crève d'envie De réveiller des gens Je t'inventerai une famille Juste pour ton enterrement Et puis si j'étais le Bon Dieu Je crois que je serais pas fier Je sais on fait ce qu'on peut Mais y a la manière
Tu sais je reviendrai Je reviendrai souvent Dans ce putain de champ Où tu dois te reposer L'été je te ferai de l'ombre On boira du silence A la santé de Constance Qui se fout bien de ton ombre Et puis les adultes sont tellement cons Qu'ils nous feront bien une guerre Alors je viendrai pour de bon Dormir dans ton cimetière Et maintenant Bon Dieu Tu vas bien rigoler Et maintenant Bon Dieu Maintenant je vais pleurer.
Gilou Admin
Nombre de messages : 15295 Localisation : Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: Jacques BREL Mar 28 Fév - 10:28
Un enfant
Un enfant Ça vous décroche un rêve Ça le porte à ses lèvres Et ça part en chantant Un enfant Avec un peu de chance Ça entend le silence Et ça pleure des diamants Et ça rit à n'en savoir que faire Et ça pleure en nous voyant pleurer Ça s'endort de l'or sous les paupières Et ça dort pour mieux nous faire rêver Un enfant Ça écoute le merle Qui dépose ses perles Sur la portée du vent Un enfant C'est le dernier poète D'un monde qui s'entête A vouloir devenir grand Et ça demande si les nuages ont des ailes Et ça s'inquiète d'une neige tombée Et ça croit que nous sommes fidèles Et ça se doute qu'il n'y a plus de fées Mais un enfant... Et nous fuyons l'enfance... Un enfant... Et nous voilà passants... Un enfant... Et nous voilà patience... Un enfant... Et nous voilà passés...
Jacques Brel
claudia
Nombre de messages : 9072 Age : 76 Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: L'immense J. BREL Mer 4 Avr - 10:35
Le grand J. BREL
La chanson des vieux amants
Invité Invité
Sujet: Re: Jacques BREL Mer 4 Avr - 12:11
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: Jacques BREL Mer 28 Nov - 19:42
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: Jacques BREL Mer 28 Nov - 19:51
Gilou Admin
Nombre de messages : 15295 Localisation : Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: Jacques BREL Mer 9 Oct - 11:32
JACQUES BREL, 35 ANS
Suivre l’étoile…
Il y a trente-cinq ans, jour pour jour, disparaissait Jacques Brel. Ce « petit matin » du lundi 9 octobre 1978, chambre 305 de l’hôpital franco-musulman de Bobigny, il était exactement 4 h 10 – comme dans la chanson de Thiéfaine... Son ami et ancien imprésario Charley Marouani parti à 2 h, seule sa compagne Maddly Bamy restait à son chevet : « Après un dernier mot pour moi, se souvient-elle, Jacques se retourne sur le côté gauche, "se racrapote" en chien de fusil… Le tracé de l’électrocardiogramme reste plat. Jacques ne bouge pas. Jacques ne bougera plus. » Il succombe – à 49 ans – non pas de cette maladie dont on cache le nom, comme disait son copain Brassens, mais d’une banale embolie pulmonaire consécutive à la chasse que lui avaient livrée de foutus salauds de paparazzi…
Aujourd’hui, pourtant, comme il l’avait pressenti, le Grand Jacques est « un mort encore vivant ». Mieux : aucun autre artiste de l’histoire de la chanson francophone n’a laissé pareille trace dans la mémoire collective et surtout dans le cœur des gens, toujours prêts à Suivre l’étoile, comme y invite le titre de sa toute nouvelle intégrale. Aucun autre, alors même que sa carrière a duré à peine quinze ans (rappelez-vous sa déclaration au public de l’Olympia, le soir de sa dernière, quand il revient en peignoir au bout d’une demi-heure d’applaudissements ininterrompus : « Je vous remercie, parce que cela justifie quinze années d’amour… »). Dont dix seulement (!) en haut de l’affiche, depuis cette chanson qui le rendit célèbre, Quand on n’a que l’amour, et allait marquer pour la vie (parmi des milliers d’autres sans doute) un gamin écartelé entre ses racines cervantesques et son absolue nécessité d’être le premier à l’école dans la langue de Molière…
C’était au printemps 1957. Cinquante-quatre ans plus tard, à l’automne 2011, devenu « vieux » mais en aucun cas « adulte » au sens mortifère où l’entendait Jacques Brel (« C’est mort et ça ne sait pas… » confirmerait San-Antonio, lui-même grand admirateur du Grand Jacques), ledit « gamin » se mettrait en règle avec ses rêves d’enfance. Il partirait sur les traces de l’homme jusqu’au bout du monde, vérifier si celui-ci – loin du regard des autres, loin des médias et des projecteurs – s’était montré à la hauteur de son œuvre. Histoire aussi, implicitement, de vérifier s’il avait bien fait, entre-temps, de suivre son sillage d’imprudence et d’enthousiasme confondus.
Vous connaissez le résultat, consigné aujourd’hui dans L’aventure commence à l’aurore, qui raconte tout cela et surtout le reste, vécu par son « héros » dans un complet anonymat : un livre non prémédité, non planifié, pas même envisagé au départ, né seulement de l’urgence, après coup, de faire connaître cette vie méconnue de Jacques Brel – après la scène et les plateaux de cinéma, après la gloire et les faux-semblants –, tant celle-ci, aux Marquises où il écrivit son album le plus accompli, fut incroyablement et si discrètement exemplaire. C’est là aussi, dans cette oasis surgie du Pacifique qu’on appelle « Terre des Hommes » (Hiva Oa), qu’après quarante ans de vie commune et d’aventures qui n’eurent rien d’une sinécure, nous prîmes conscience ma chère et tendre et moi de tout le « talent » qu’en vieux amants (et amoureux passionnés de la chanson) nous eûmes à faire preuve pour arriver finalement à « être vieux sans être adultes »…
Voilà pourquoi l’œuvre du Grand Jacques est si importante. Si « à part » dans l’histoire de la chanson. Conforme en tous points à son auteur. Authentique quand tant d’autres sont en toc. Jamais il ne tricha en écrivant et en chantant. Jamais il ne fit semblant. C’est même pour éviter ce risque que, chaque fois, il choisit d’« aller voir » plus loin, quoi qu’il puisse (lui) en coûter. Jusqu’à mettre en pratique dans la vie quotidienne ce qu’il professait auparavant sur les planches ! Après les paroles (et les musiques), les actes ! Si bien que l’intégrale CD qui vient de paraître – la quatrième du nom depuis la mort de son auteur, d’autant plus incontournable qu’elle se présente comme « l’intégrale définitive » – s’écoute à présent d’une façon différente, ce qui était seulement de l’ordre de l’inspiration poétique et de l’aspiration à un monde meilleur étant devenu aux Marquises, du temps de Jacques Brel, une réalité tangible. « Et je suis vraiment émue maintenant, m’a confié une journaliste fort appréciée et respectée de Radio-Canada, de réécouter le dernier disque de Brel avec un autre regard intérieur… »
La première (Brel, l’œuvre intégrale), qui rassemblait les chansons sorties en albums studio et en public chez Philips (1954 à 1962) et Barclay (1962 à 1977), parut en 1982 sous la forme de 14 volumes 30 cm (avec déjà 4 inédits en albums). boite-bonbons2Rééditée en CD en 1988, l’Intégrale Jacques Brel, « Grand Jacques » proposait 14 inédits supplémentaires en 10 volumes. La troisième, dite de la boîte à bonbons en 2003 (L’Intégrale, 25e anniversaire), contenait 15 CD reprenant la discographie originale complétée de titres parus seulement en 78 ou 45 tours, de versions alternatives et d’enregistrements rares ou inédits (dont les 5 du dernier album : Sans exigences, Avec élégance, Mai 40, L’amour est mort et La Cathédrale), et d’un « CD bonus » regroupant 26 chansons interprétées en guitare-voix, en août 1953 à Limbourg, à la radio belge BRT2, et 2 autres inédits (Si tu revenais et Le Pendu).
Quatrième intégrale à ce jour (édition limitée et numérotée), Suivre l’étoile (« Jacques Brel, 35e anniversaire ») est parue le 23 septembre chez Barclay sous l’apparence d’un ancien coffret d’albums 30 cm. Forte de 21 CD, elle reprend le contenu de la précédente, soit l’intégrale des enregistrements studio et en public de 1953 à 1977, avec un livret grand format de 60 pages abondamment illustré compilant des extraits d’interviews de l’artiste, et, à part, les fac-similés des manuscrits des Bonbons, de La Chanson des vieux amants et de L’Enfance ainsi que de sa première licence de pilote privé (1965).
Spécificité de Suivre l’étoile, l’ensemble est enrichi de 16 versions alternatives inédites, de 5 titres inédits en CD, de 2 reprises inédites et, surtout, de 3 concerts inédits. À savoir :
• les 16 versions alternatives inédites suivantes en studio : Quand on n’a que l’amour (1956), L’Air de la bêtise (1957), Je ne sais pas (2 versions 1958), Litanies pour un retour (1958), La Dame patronnesse (1959), Marieke (1961), Vivre debout (1961), Les Singes (1961), Ces gens-là (1966), La… la… la… (1967), Regarde bien petit (1968), La Quête (1968), Ne me quitte pas (3 versions 1972).
• les 2 titres studio inédits : La Toison d’or (chanson écrite en 1963 à la demande de son ami journaliste Jean Serge pour servir d’introduction à La Conquête de la toison d’or, une pièce de Corneille qui serait jouée une seule fois, à l’été 63, au Festival Corneille que Jean Serge animait à Barentin, près de Rouen – voir le document vidéo ci-dessous) ; Le Docteur (un des deux textes, avec Histoire française, écrits en dialecte bruxellois et enregistrés en septembre 1977 mais non retenus dans l’album).
• les 5 titres suivants inédits en CD : Les trois histoires de Jean de Bruges (La Baleine, La Sirène, L’Ouragan, 1963) ; Place de la Contrescarpe (1967) ; Le Petit Chemin (1969). En fait, Jean de Bruges, qui n’avait jamais été commercialisé depuis son enregistrement en 1963 pour un disque hors commerce destiné seulement à un congrès de bourgmestres belges, est sorti pour la première fois au printemps 2013 dans le CD Suites d’orchestre de François Rauber. Place de la Contrescarpe est une chanson de Jean-Pierre Suc enregistrée par Jacques Brel pour l’émission TV de François Chatel Chansons pour un ami (1re chaîne, 5 juin 1965). Le Petit Chemin, ou plutôt « Ce » petit chemin, est une reprise de la chanson de Mireille et Jean Nohain interprétée en 1968 dans l’émission TV Le Grand Échiquier consacrée à Mireille.
• les enregistrements live suivants, déjà commercialisés : Intégralité des enregistrements radio de 1953 (cf. CD « Chansons ou versions inédites de jeunesse » joint à l’intégrale 2003) ; Olympia 61 ; Jacques Brel à Knokke, le 23 juillet 1963 (album posthume sorti en 1993), avec l’interview Brel parle ; Olympia 64 ; Brel en scènes (album posthume sorti en 1998, compilation de concerts donnés en Allemagne, aux Pays-Bas et en Suisse de 1960 à 1966).
Enfin et surtout, car il s’agit de formidables documents pour ceux qui aiment Jacques Brel, les trois concerts inédits suivants :
• EN PUBLIC AUX TROIS BAUDETS (1957), avec François Rauber au piano : Présentation – La Bourrée du célibataire – Il nous faut regarder – L’Air de la bêtise – Je ne sais pas – Le Diable (Ça va) – Au printemps – Quand on n’a que l’amour.
• LES ADIEUX À L’OLYMPIA (1966) : Fugue – Le Cheval – Fils de… – La Chanson de Jacky – Le Gaz – Les Vieux – Les Bigotes – Mon enfance – Mathilde – Ces gens-là – Amsterdam – Les Bonbons 67 – Jef – Au suivant – Le Plat Pays – Madeleine.
• LE DERNIER CONCERT / ROUBAIX 1967 : Fugue – Le Moribond – Fils de… – La Chanson de Jacky – La Chanson des vieux amants – Le Gaz – Les Vieux – Les Bigotes – Mon enfance – Mathilde – Ces gens-là – Amsterdam – Les Bonbons 67 – Jef – Le Plat Pays – Madeleine.
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Ce soir-là, le 16 mai 1967 au Casino de Roubaix, une salle de 1800 places, Jacques Brel chanta comme toujours, sans s’économiser, en enchaînant à toute allure les chansons, sans laisser le temps aux applaudissements d’aller à leur terme, et en terminant comme toujours (depuis des années) par Madeleine, sans revenir non plus pour le moindre rappel. Un tour de chant comme les autres, d’ailleurs présenté comme tel, si cela n’avait été la présence exceptionnelle d’Eddie Barclay, de Bruno Coquatrix et bien sûr de Charley Marouani, qui, eux, savaient bien qu’il s’agissait là de l’ultime concert à honorer de la tournée prolongeant la série des adieux à l’Olympia (du 6 octobre au 1er novembre 1966) et, surtout, qu’il serait, irrémédiablement, le tout dernier de sa carrière de chanteur. « Celle-ci, on ne la refera plus… » disait Jacques à voix basse à ses musiciens après chacune des quinze chansons – quinze, jamais une de plus !
Ce soir-là justement, ô malice du destin, alors que l’interprète était loué pour la force et l’intensité d’une voix permettant les plus entraînantes et difficiles envolées lyriques – son fameux « crescendo brélien » –, il dut se produire pour la der des ders avec une voix pour une fois défaillante… « Je suis embêté, confia-t-il aussitôt après le concert à un reporter d’Europe 1, Fernand Choisel, venu recueillir ses impressions ; parce que, pour mon dernier tour de chant, j’étais à moitié aphone. […] Quand vous dites un mot gai avec une voix cassée, ce mot est toujours triste, vous avez remarqué ? Je dis “soleil” avec ma voix cassée, et ce soleil a l’air d’être noyé dans les nuages. » De la nostalgie ? « Oh, j’aurai sans doute, un jour, de la nostalgie ; mais pas maintenant. Si j’avais de la nostalgie maintenant, c’est que je me serais vraiment trompé tout à fait. »
Jacques Brel – Europe 1 – Concert de Roubaix
On le sait, Jacques Brel ne s’était pas trompé. Au contraire, après le cinéma et L’Homme de la Mancha, il fit en sorte d’accomplir les principaux rêves qui l’accompagnaient depuis l’enfance. Cette enfance passée « de grisailles en silences / De fausses révérences / En manque de batailles… ».
L’enfance, Qui peut nous dire quand ça finit, Qui peut nous dire quand ça commence, C’est rien, avec de l’imprudence, C’est tout ce qui n’est pas écrit.
couv-Brel-internet-copie-1Un beau jour d’été sur l’Escaut, à la barre de l’Askoy, Cap’tain Brel prenait le large et mettait le cap sur les mers du Sud. Pour un tour du monde censé durer cinq ans. Mais tout n’était pas écrit… Il restait à Jacques Brel à vivre l’aventure la plus belle, la plus folle et la plus inattendue de toute son existence, celle qui donnerait rétrospectivement à son œuvre ses lettres de noblesse, qui la rendrait vraiment immortelle en lui offrant l’occasion, rarissime, d’opérer la jonction entre l’homme et l’artiste.
Les Marquises, le voyage au bout de la vie du Grand Jacques ? Non ! Tout au contraire : son départ pour une nouvelle vie. Car, à Hiva Oa chaque matin comme celui du 24 juillet 1974 à Anvers, « l’aventure commence alors / que la lumière nous lave les mains » : l’aventure commence à l’aurore !