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Les Discutailleurs fans de musique...
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"La voix de Nolwenn ? une élégance souveraine, de la soie, du velours." Patrice Demailly. - - - - "Le talent sans génie est peu de chose. Le génie sans talent n'est rien" Valery.
chanson française, formes de composition, d’écriture et d’interprétation musicales utilisées en France. L’histoire de la chanson française commence avec les premiers trouvères, aux origines de la langue d’oïl, se poursuit avec les mazarinades, ancêtres de la chanson contestataire, puis s’installe au XIXe siècle dans les caf’conc, les cabarets de Montmartre et du Quartier latin et enfin les music-halls. À la fois élitiste et roturière, la chanson française a débuté dans les cours du Moyen Âge, puis elle est progressivement devenue un patrimoine culturel et le mode d’expression populaire par excellence grâce à une diffusion massive par les médias modernes.
2 LA TRANSMISSION DES CHANSONS Les chansons se transmettent d’abord sur le mode de la tradition orale : « le Roi Renaud » est l’une de ces œuvres transcrites très tard et léguées de père en fils, avec parfois quelques modifications. Il nous reste ainsi des titres qui témoignent de leur époque, de façon parfois paradoxale : de la fin du règne de Louis XVI et de la Révolution, nous avons conservé « la Marseillaise » et « Il pleut Bergère » ; selon une opinion fort répandue, « le Temps des cerises » est une chanson de la Commune — en fait, elle a été écrite quelques années plus tôt ; « Tout va très bien madame la marquise » est quant à elle une excellente illustration de l’insouciance des années 1930, avant que n’éclate la Seconde Guerre mondiale. Ces chansons ont longtemps fait partie du patrimoine sans que l’on sache vraiment qui les avait créées. Ainsi, au début du xixe siècle, les paroliers, pour la plupart anonymes, écrivent le plus souvent sur des airs déjà connus puisés dans un ouvrage de référence, la Clé du caveau, qui comporte un millier de « timbres », soit autant de mélodies populaires.
3 LES PREMIERS AUTEURS, COMPOSITEURS ET INTERPRÈTES DE CHANSONS EN FRANCE (1800-1950)
3.1 Les premiers chansonniers Le premier chansonnier à signer ses chansons et à accéder au rang de célébrité est Pierre-Jean de Béranger, bonapartiste et farouche opposant à la Restauration dont « le Roi d’Yvetot » ou « les Gueux » sont à l’époque connus de tous. Apparaissent ensuite Gustave Nadaud, dont « les Deux Gendarmes » devient un classique, Eugène Pottier, auteur du texte de « l’Internationale », puis les chansonniers rassemblés autour du cabaret Le Chat noir de Rodolphe Salis : Aristide Bruant, immortalisé sur toile par Toulouse-Lautrec, Maurice Mac-Nab (auteur du « Grand Métingue du métropolitain »), Léon Xanrof (auteur du « Fiacre »), Vincent Hyspa, Jules Jouy ou Paul Delmet (compositeur des « Petits Pavés »).
3.2 L’avènement du cabaret Dès la fin du xixe siècle, le cabaret devient pour longtemps le haut lieu de la chanson ; les artistes y débutent avant de passer à des salles plus vastes, comme le « caf’conc » (abréviation de « café-concert »), puis le music-hall au xxe siècle. À Paris, Bobino, L’Olympia ou l’ABC et, dans les grandes villes de province, des établissements comme L’Alcazar de Marseille, accueillent des vedettes et font découvrir, en première partie, des débutants. Certains artistes restent fidèles à une salle, comme Dranem, qui se produit pendant vingt ans à L’Eldorado, ou Félix Mayol, qui possède un temps son propre music-hall (le Concert Mayol). D’autres font le tour des scènes de la capitale, comme Yvette Guilbert, qui passe de L’Eldorado au Divan japonais, de la Scala à L’Horloge et aux Ambassadeurs.
3.3 « Petits formats » et chanson revancharde Outre le cabaret, le caf’conc et le music-hall, il existe un autre moyen de diffusion de la chanson : au cours du xixe siècle en effet, les « petits formats », feuilles sur lesquelles sont imprimés le texte et la mélodie, sont vendus par des chanteurs de rues qui s’accompagnent le plus souvent d’un orgue de Barbarie, apprenant ainsi au public à chanter ses œuvres préférées. La chanson est alors essentiellement un divertissement populaire, marqué parfois par l’air du temps, l’actualité politique et sociale, se faisant par exemple le support du courant revanchard anti-allemand après la défaite de 1870 (« Alsace-Lorraine » ; « le Maître d’école alsacien » ; « le Violon brisé » voir chanson revancharde) ou faisant la chronique des faits divers, comme la célèbre « Complainte de Fualdès » qui relate l’assassinat mystérieux d’un magistrat de Rodez. La chanson est également, à cette époque, plutôt réservée aux hommes. Parmi les premières interprètes féminines figurent les chanteuses populaires Amiati (1851-1889) et Rosa Bordas (1841-1901), puis Yvette Guilbert, qui défend sur toutes les scènes la chanson poétique, et enfin Mistinguett, célèbre chanteuse de revue et partenaire de Maurice Chevalier à ses débuts.
3.4 Music-hall, apparition du microphone et chanson réaliste Avec le music-hall fleurissent d’autres styles de chanson, d’autres voix : Harry Fragson, qui excelle dans le genre franco-britannique, puis Félix Mayol et Dranem. La France découvre les rythmes venus d’outre-Atlantique, que Mireille puis Charles Trenet « acclimatent » ; Fréhel, Damia, Berthe Sylva et surtout Édith Piaf portent quant à eux la chanson réaliste à son apogée.
Pendant les spectacles, ces artistes « à voix » sont dans l’obligation de chanter extrêmement fort pour ne pas se laisser couvrir par l’orchestre et pour atteindre les spectateurs des promenoirs.
L’apparition du microphone marque donc le début de changements considérables, permettant désormais aux interprètes de chanter à voix basse, notamment des chansons d’amour, jusqu’alors déclamées de façon peu crédible. Ainsi, Jean Sablon, le premier à utiliser cette innovation technique, après avoir été copieusement sifflé, crée un genre, celui de la « chanson-confidence ».
4 LA NAISSANCE DE LA chanson FRANÇAISE : LA chanson « RIVE GAUCHE » (ANNÉES 1950)
4.1 La chanson française se crée une image Cette lente évolution conduit à la naissance d’un type de chanson très particulier, connu dans le monde entier sous le nom de « chanson française » et qui n’en constitue pourtant qu’un des aspects. En Allemagne comme au Japon, en Russie comme en Argentine, le mot « chanson », prononcé de différentes façons, a les mêmes connotations :
la chanson française est assimilée à quelques artistes, comme Édith Piaf, Georges Brassens, Jacques Brel, et à un style, celui de la chanson poétique, ou de la chanson « à texte ».
Elle est également associée à un lieu, la rive gauche de la Seine, à Paris. Cette image stéréotypée, qui correspond toutefois à une réalité historique indéniable, joue encore aujourd’hui un rôle non négligeable dans la chanson française, investie presque malgré elle d’une exigence de qualité.
Si la chanson « gauche » trouve son origine dans l’immédiat après-guerre, des artistes tels que Charles Trenet, Mireille ou Jean Nohain ont, dès les années 1930, bouleversé les habitudes en introduisant en France les rythmes syncopés et les harmonies du jazz, et en jouant avec les sonorités et les syllabes de la langue : le surréalisme et la musique américaine sont passés par là.
4.2 Les cabarets du Quartier latin À la fin des années 1940, les cabarets fleurissent à Paris, dans le Quartier latin : Le Cheval d’or, L’Écluse, Le Port du Salut, Chez Georges, La Colombe (dans l’île de la Cité), La Méthode, La Contrescarpe, ont en commun une superficie limitée, qui rend impossible la présence d’un orchestre et permet à peine la présence d’un piano. On tasse le public et il ne reste alors pour l’artiste qu’un espace réduit, un tabouret ou une chaise et un projecteur, soit le strict nécessaire pour un spectacle.
Ces conditions techniques président à la naissance d’un nouveau genre : le spectacle donné par un chanteur (ou une chanteuse) s’accompagnant à la guitare, seul instrument qui puisse s’accommoder de cet espace, le seul aussi que l’on puisse transporter aisément d’un cabaret à l’autre, d’une prestation à l’autre.
Des dizaines d’artistes, de Georges Brassens à Alain Souchon, en passant par Jacques Brel ou Pierre Perret, ont débuté ainsi ; les rares exceptions, comme Léo Ferré ou Barbara, qui s’accompagnent au piano, disposent d’un nombre beaucoup plus limité de lieux où se produire.L’obligation pour les chanteurs de s’accompagner à la guitare ne fait pas nécessairement d’eux de bons instrumentistes. Bien souvent guitaristes débutants, ces artistes ne connaissent que quelques harmonies (do, fa, sol septième pour le majeur, la mineur, ré mineur, mi pour le mineur) sur lesquelles ils écrivent leurs mélodies. Il existe ainsi un grand nombre de chansons de cette époque écrites sur une suite de quatre accords que les musiciens de jazz ont baptisé « anatole » (do, la mineur, ré mineur, sol septième) : « la Cane de Jeanne » de Georges Brassens, « Il faut savoir » de Charles Aznavour, « le Déserteur » de Boris Vian, « Quand on n’a que l’amour » de Jacques Brel, « Actualités » de Golmann et Vidalie, etc.
4.3.1 De prestigieuses collaborations Ces cabarets ont aussi en commun un public, composé d’étudiants et d’intellectuels pour qui la chanson n’est pas un simple divertissement, mais une forme d’expression chargée de sens. On cherche donc à compenser cette relative pauvreté mélodique et harmonique par une recherche textuelle.
La chanson française s’oriente vers la poésie : on met en musique Verlaine (Georges Brassens et Léo Ferré) et Aragon (Léo Ferré encore, Jean Ferrat), Jacques Prévert et Joseph Kosma collaborent pour créer « les Feuilles mortes », tandis que Jean-Paul Sartre écrit un texte pour Juliette Gréco, « la Rue des Blancs-Manteaux ».
4.3.2 Une chanson engagée La chanson poétique ou chanson « rive gauche » est née, avec a ses symboles et ses mythes : l’existentialisme avec Juliette Gréco, la « muse de Saint-Germain-des-Prés », l’anarchisme avec Georges Brassens et son « Gorille ».
Jacques Prévert, Raymond Queneau (« Si tu t’imagines ») et Jean-Paul Sartre lui donnent ses lettres de noblesse.
Elle provoque aussi des scandales, notamment « le Déserteur », chanson dans laquelle Boris Vian exprime son antimilitarisme en pleine guerre d’Algérie.
Poétique à ses débuts, la chanson française est devenue « engagée », véhiculant des messages, prenant parti dans la vie de la cité et la politique. Jean Ferrat, Léo Ferré et surtout Colette Magny sont les fers de lance de cette tendance.
4.3.3 Une scène, un instrument C’est autour de la guitare, dans cette atmosphère confinée, dans la fumée des cigarettes, qu’est née une certaine chanson française, celle que l’on admire en France et que l’on entoure de mythes à l’étranger. Plus tard, ces artistes doivent d’abord enregistrer un disque, atteindre la notoriété, quitter le cabaret pour les scènes du music-hall, pour avoir enfin leur orchestre.
Seul Georges Brassens (« les Copains d’abord ») transporte les moyens réduits du cabaret sur les scènes de Bobino ou de L’Olympia, conservant sa guitare en y ajoutant simplement une contrebasse. Les autres — Jacques Brel, Jean Ferrat ou Pierre Perret —, même accompagnés par une dizaine de musiciens, gardent toujours dans leur écriture le souvenir de cette naissance, d’un lieu de spectacle et d’un instrument.
4.4 La chanson devient un art Jusqu’à Charles Trenet, il y a dans la chanson deux métiers distincts :
celui d’interprète (comme Damia, Édith Piaf ou Félix Mayol) et celui d’auteur (comme Vincent Scotto ou Jean Lenoir).
Les choses changent avec la chanson « rive gauche », car tous ces artistes ont en commun le fait que, le plus souvent, ils écrivent eux-mêmes les chansons qu’ils chantent, et l’on invente même pour eux un sigle, ACI (pour « auteur-compositeur-interprète »). Les rares exceptions (Juliette Gréco ou Catherine Sauvage) compensent cette absence d’écriture originale par la qualité « littéraire » de leurs auteurs.
Si les ACI sont au début majoritairement des hommes (Charles Trenet, Georges Brassens, Jacques Brel, Charles Aznavour, etc.), dès la fin des années 1950, Barbara, Anne Sylvestre et Colette Magny mettent un terme à ce privilège masculin.
Cette période, qui a fait le succès international d’une certaine chanson française, louée pour sa qualité, a donc vu apparaître non seulement un style nouveau, mais aussi une fonction nouvelle : le chanteur n’est plus un amuseur, mais un créateur. La chanson est désormais considérée comme un art et comme un fait culturel, non plus comme un simple divertissement
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jacommos Admin
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Sujet: Re: La Chanson Française Dim 18 Avr - 13:24
La Chanson Française
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5 LE YÉ-YÉ ET LA GUITARE ÉLECTRIQUE (ANNÉES 1960)
5.1 Les premières « idoles » de la chanson française Au début des années 1960, une vague musicale déferle sur l’Europe, celle du rock and roll : Elvis Presley, Chuck Berry, Gene Vincent ou Eddie Cochran, les modèles viennent désormais des États-Unis ou de Grande-Bretagne. En France, l’essor du rock génère le phénomène « yé-yé ». À l’heure où les groupes fleurissent, on adapte des succès américains, on imite et importe les « tubes » anglo-saxons. Si Georges Brassens a lancé la mode de la guitare sèche, c’est désormais la guitare électrique, au son amplifié, qui accompagne cette vogue. Ironie de l’histoire, les deux premiers « rockers » français sont deux joyeux compères, respectivement âgés de 36 et 39 ans : Boris Vian (qui signe ses textes sous le pseudonyme Vernon Sullivan) et Henri Salvador (qui enregistre sous le nom de Henri Cording), qui dès 1956 font de la parodie (« Rock and roll Mops »). La jeunesse suit un peu plus tard : Danyel Gérard, Richard Anthony à la fin des années 1950, puis Johnny Hallyday en 1961, qui se mettent tous au rock alors que les États-Unis passent déjà à une autre mode, celle du twist. Le mouvement yé-yé a son temple, le Golf Drouot, son émission de radio fétiche, Salut les copains sur Europe 1, et ses magazines, Salut les copains à partir de 1962, suivi de Podium, Tilt, etc. Les artistes et les groupes se multiplient au début des années 1960 : Sylvie Vartan, Françoise Hardy, Claude François, France Gall, Hector et les Médiator, les Chaussettes noires, les Surfs, les Chats sauvages, Moustique, Antoine. Beaucoup d’épigones traversent comme des météores le ciel du show-business, le temps d’enregistrer un ou deux 45 tours avant de disparaître. D’autres s’adaptent et continuent leur carrière, comme Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Sylvie Vartan, Dick Rivers et Françoise Hardy. La génération des Jacques Brel, Georges Brassens et Barbara avait parfois dû rester des années dans les cabarets avant de pouvoir accéder à la première partie d’un spectacle de music-hall, puis prétendre enregistrer un disque. Au début des années 1960 cependant, le profil de carrière s’inverse : on enregistre d’abord, et l’on passe parfois sur scène si le disque rencontre le succès. Les sociétés de disques, recherchant frénétiquement la vedette qui leur permettra de dégager le plus de profit, signent en effet des contrats à tout-va.
5.2 La chanson devient un phénomène de société Le « phénomène yé-yé » apparaît comme la face musicale de la société de consommation qui se met en place dans les années 1950 : les adolescents disposant d’argent de poche constituent désormais un facteur économique, une clientèle, une « cible » marketing. On leur vend des disques, des films et des vêtements — le yé-yé a eu également sa mode vestimentaire ; les jeunes sont « fans » avant d’être électeurs — la majorité est encore à 21 ans —, et font ainsi un apprentissage particulier de la vie et de la société. Les chanteurs yé-yé ne sont guère auteurs-compositeurs, si l’on excepte Claude Moine, dit Eddy Mitchell, qui écrit ses textes, Jacques Dutronc qui compose ou Françoise Hardy qui écrit seule ses premières chansons. Les autres ont recours à une pléiade d’adaptateurs qui traduisent, ou plutôt « accommodent » de façon très approximative des paroles américaines. Le texte, en vérité, importe peu : la chanson yé-yé n’exprime pas des idées, mais le public jeune, qui fait un triomphe aux rockers américains puis aux groupes britanniques (The Beatles, Rolling Stones), a trouvé là sa musique, son rythme et sa culture. Et même si certains font la fine bouche, si le rock est au centre des conflits de générations, les parents considérant comme du bruit la musique qu’écoutent leurs enfants, il se produit un phénomène irréversible.
Néanmoins, cette frénésie prend fin avec les événements de Mai 68 : la chanson yé-yé est la première victime de ce mouvement de critique de la société de consommation. Il reste quelques vedettes qui savent s’adapter, on en garde des rythmes et des souvenirs, mais comme par réaction à une tendance dominante à une époque, la chanson va revenir vers le texte, sans renier les apports musicaux du rock and roll.
6 LES MUTATIONS DE LA chanson FRANÇAISE (ANNÉES 1970) Si l’on excepte Georges Brassens ou Jacques Brel, qui ont poursuivi leur carrière, impavides, portés par leur public, les auteurs-compositeurs-interprètes ont tous souffert de la vague yé-yé : la chanson rive gauche connaît dans les années 1960 un net recul, qui dure environ une décennie. Puis émerge un nouveau courant, une relève novatrice et pourtant fidèle à ses origines. En fait, il existe deux mouvements contraires : l’un qui tend vers le retour aux sources, vers la tradition, et l’autre qui pousse au changement, à la mutation.
6.1 Persistance de la tradition Du côté de la tradition, il faut noter les références constantes de jeunes artistes : Serge Lama chante Jacques Brel (il lui consacre un disque entier), Maxime Le Forestier puis Renaud chantent Georges Brassens (deux disques pour le premier, un pour le second), Catherine Ribeiro chante Édith Piaf, Bernard Lavilliers interprète Léo Ferré, Julien Clerc chante Édith Piaf ou ou Léo Ferré sur scène, Jacques Higelin chante Charles Trenet, tandis que Serge Gainsbourg donne une interprétation provocatrice de « Mon légionnaire », à cent lieues de la façon dont Édith Piaf chante cette chanson. Tous semblent indiquer de quel côté se trouvent leurs racines, dessinant ainsi une généalogie de la chanson française, un héritage et un patrimoine qu’ils respectent et entendent préserver.
6.2 L’avènement de la variété
6.2.1 La chanson devient un spectacle à grande échelle Mais les forces de mutation sont à l’œuvre. L’électrification des instruments puis la numérisation, l’utilisation des synthétiseurs, l’échantillonnage des instruments et des sons, changent les conditions de la création. En outre, les lieux de spectacles évoluent vers le gigantisme. Les cabarets disparaissent lentement et les artistes se produisent dans des endroits de plus en plus grands : le Palais des sports, le Palais des congrès, et plus tard, le Zénith, le Palais omnisports de Bercy, pour ce qui concerne Paris, des chapiteaux, des stades pour les tournées en province. Alors qu’un cabaret moyen des années 1950 pouvait contenir une cinquantaine de spectateurs, Bercy peut en accueillir quinze mille. Et cette évolution vers le gigantisme rend impossibles les jeux de scène à l’ancienne, imposant une évolution des prestations ; les éclairages prennent une grande importance, la mise en scène devient l’une des principales composantes du spectacle. La prestation d’un Georges Brassens guitare en bandoulière et le pied posé sur un tabouret n’est plus qu’un souvenir lointain.
6.2.2 L’impact du disco La conséquence peut-être la plus visible de cette évolution des technologies musicales et scéniques est l’explosion de la variété dans les années 1970, qui connaît son heure de gloire avec l’apparition du disco. Certains chanteurs en sont issus, beaucoup s’y sont reconvertis — Patrick Juvet, Cerrone, Mike Brant, Michel Fugain, Mireille Mathieu, Frédéric François, Stone et Charden, Sheila, Michel Sardou, Dalida, Michel Polnareff, Nicole Croisille, Michel Berger et France Gall, etc. —, mais peu, une fois la mode passée, parviendront à pérenniser leur succès.
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jacommos Admin
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Sujet: Re: La Chanson Française Dim 18 Avr - 13:33
La Chanson Française
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6.3 La « nouvelle chanson française » Cependant, dans ce mouvement dialectique entre tradition et mutation, et à l’exception de quelques artistes au talent irréductiblement singulier, comme Gérard Manset, Jacques Higelin ou William Sheller, pour ne citer que les plus connus, c’est finalement la tradition qui l’emporte. La chanson à texte ressort de l’ombre en utilisant les nouvelles technologies. Si Maxime Le Forestier débute avec une guitare sèche entouré d’une petite formation (une deuxième guitare, une contrebasse), avec des musiques inspirées de Georges Brassens et de l’héritage hippie (voir mouvement hippie) de la côte ouest des États-Unis (« San Francisco », 1972), si Bernard Lavilliers, Alain Souchon, Yves Simon et bien d’autres encore se produisent d’abord en grattant leur guitare, tous vont d’une façon ou d’une autre assimiler le changement, intégrer dans leur univers la musique électrique et les nouveaux rythmes.
Cette « nouvelle chanson française » (l’expression, lancée par Alain Souchon, est reprise dans la presse et devient même le nom d’une émission de radio spécialisée) culmine au tournant des années 1970 et 1980. Yves Simon, Alain Chamfort, Michel Jonasz, Francis Cabrel et Bernard Lavilliers en sont les principaux fleurons. Tous sont marqués par les musiques nouvelles et n’ignorent rien du rock qui, parallèlement, continue son évolution ; Michel Jonasz flirte avec le jazz, Bernard Lavilliers évolue entre rock et rythmes tropicaux (salsa et reggae notamment), tandis que d’autres, comme Pierre Vassiliu, sont marqués par les rythmes africains. Parallèlement cette démarche d’ouverture à des sonorités inédites, tous restent attachés à la chanson à texte, dans le droit fil de leurs aînés et d’autres modèles anglo-saxons comme Bob Dylan, Leonard Cohen ou John Lennon. Les auteurs-compositeurs-interprètes demeurent la caractéristique principale de la chanson française.
6.4 La chanson francophone Dans le même temps, au début des années 1970, apparaît aux marges de la chanson francophone un mouvement régionaliste qui a son versant musical : chanson occitane (Joan Pau Verdier, Marti, Patric), chanson bretonne (Glenmor, Alan Stivell), chanson alsacienne (Roger Siffer), etc. Ce mouvement, s’associe presque naturellement avec une chanson d’expression française venue de Belgique (Julos Beaucarne), de Suisse (Michel Bühler) et surtout du Québec (Robert Charlebois, Pauline Julien, Diane Dufresne). À cette époque où la francophonie politique se donne ses premières institutions, la chanson francophone apparaît et semble faire alliance avec les chanteurs non français de l’Hexagone contre la chanson « jacobine ». Ses interprètes se produisent dans les mêmes lieux, participent aux mêmes événements et aux mêmes festivals. Mais la chanson régionale redevient d’audience régionale, laissant la place à un vaste mouvement dans lequel elle tient sa place, modeste. C’est ainsi qu’à Pâques 1977, le Printemps de Bourges voit le jour, devenant au fil des ans le lieu privilégié de la chanson francophone, des découvertes et des créations ; il est suivi quelques années plus tard par les Francofolies de La Rochelle (voir festivals de rock). Face au gigantisme des lieux institutionnels s’affirme un militantisme chansonnier, venu au départ des chanteurs eux-mêmes.
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7.1 L7 LA chanson FRANÇAISE S’OUVRE À DE NOUVEAUX HORIZONS MUSICAUX (ANNÉES 1980) L’apport des musiques du monde
7.1.1 Les prémices d’un melting-pot musical Au début des années 1950, Paris accueille un nombre important de chanteurs et chanteuses venus d’ailleurs, mais se produisant en français : l’Américain Eddie Constantine, le Danois Georges Ullmer, la Britannique Petula Clark, le Grec d’Alexandrie Georges Moustaki, l’Italienne Dalida, etc. Il y a là ce que l’on aurait pu baptiser une « école de Paris », un grand mouvement culturel autour de la chanson en français. La situation va se renouveler, mais de façon toute différente, dans les années 1980.
7.1.2 Paris, capitale des musiques du monde Paris devient tout d’abord un lieu d’enregistrement. Il était alors à la mode, pour les artistes issus du mouvement yé-yé, d’aller enregistrer aux États-Unis (à Memphis, considéré comme le temple du rock, ou à New York) ou à Londres. Le son et les musiciens, disait-on, y étaient meilleurs (d’autres, plus réalistes, ajoutaient que les coûts y étaient plus bas). Toutefois, en 1977, le groupe anglophone Village People, qui connaît un succès mondial, est une production française, et les artistes étrangers vivant et enregistrant à Paris vont se multiplier. C’est donc naturellement que Youssou N’Dour, Mory Kanté ou Toure Kunda se retrouvent à Paris et contribuent à en faire la capitale des musiques du monde.
7.1.3 Où la chanson française se régénère Cette musique venue d’horizons les plus divers va lentement changer l’oreille du public. Les Français, jusque-là, n’ont guère écouté ce qui se faisait hors de leurs frontières, si l’on excepte bien sûr les musiques anglo-saxonnes. Tout au plus accueillaient-ils la chanson latino-américaine importée par des réfugiés politiques : écouter les Argentins du Cuarteto Cedron, le groupe chilien Quilapayun était un acte militant. Avec l’avènement des musiques du monde, les choses vont différemment. Le public découvre de nouveaux instruments (la kora, le balafon, pour l’Afrique noire, l’ûd pour le Maghreb) et de nouveaux univers musicaux (le Pakistanais Nusrat Fateh Ali Khan, par exemple). Dès lors, la chanson française va pratiquer de plus en plus le métissage culturel. Ainsi Maxime Le Forestier, qui a connu quelques difficultés à garder le contact avec son public, revient en force à la fin des années 1980 avec une chanson baignant dans une ambiance musicale d’Afrique du Sud, « Né quelque part » (1987), et une chanson venue de l’île Maurice et interprétée en créole, « Ambalaba » (1988). Ce n’est là qu’un exemple parmi d’autres : les musiques du monde n’ont pas fini d’enrichir l’univers harmonique et instrumental de la chanson française.
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jacommos Admin
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Sujet: Re: La Chanson Française Dim 18 Avr - 13:38
La Chanson Française
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7.1.4 Le raï Parallèlement, la situation politique de l’Algérie pousse une partie des chanteurs de raï, un genre populaire venu d’Oran, à s’installer à Paris : Khaled, Cheb Mami ou Cheb Hasni vivent en France et y enregistrent des chansons majoritairement en arabe et parfois en français (« Aïcha », de Jean-Jacques Goldman, interprétée par Khaled). Le raï, modernisé musicalement, intégrant l’univers électrique et les harmonies du blues, du rock et de la musique soul, est prêt pour l’exil et pour l’aventure mondiale que lui garantit la vogue des musiques du monde. Le public français le découvre en 1986, lors d’un festival organisé à la Maison de la culture de Bobigny (Seine-Saint-Denis), et les retombées métissées de cette rencontre, ses influences sur la chanson française ou francophone sont encore perceptibles, comme en témoignent les succès de Faudel ou Rachid Taha.
7.2 L’avènement du rap 7.2.1 Naissance et développement du rap français Toutefois, le « phénomène » qui véritablement bouleverse la paysage musical français à la fin des années 1980 est probablement le rap. Dès 1983, le duo Chagrin d’amour, avec son succès « Chacun fait c’qui lui plaît », préfigure ce qui pourrait être un « rap à la française », mais il s’agit encore d’une forme aseptisée, « bon chic bon genre ». C’est la parution en 1990 de la compilation Rapattitude qui signe l’acte de naissance du rap français la même année, le disque Bouge de là de MC Solaar et le titre « Peuples du monde » de Tonton David confirment le phénomène. Le mouvement est constitué de tendances diverses, qui vont d’un style très travaillé littérairement (MC Solaar) à une violence verbale débridée (NTM, Assassin) en passant par des formes régionales (les Fabulous Trobadors à Toulouse, Massilia Sound System, IAM et Akhenaton à Marseille) parfois marquées par les langues et les musiques locales, ou encore une approche plus légère et humoristique, par conséquent plus accessible (Doc Gyneco, Alliance Ethnik, Fonky Family ou 113).
7.2.2 Entre polémiques… Le rap est désormais le mode d’expression d’une jeunesse urbaine confrontée à la misère et à l’exclusion ; après avoir été souterrain (underground en anglais) pendant quelques années, il accède maintenant aux grands médias. Toutefois, accusé de violence verbale, le rap est l’objet d’un débat national qui prend la forme d’une question simple (voire simpliste) : « pour ou contre le rap ? » Au-delà de la polémique, ce nouveau genre musical, qui procède plus généralement de la culture hip-hop dans son ensemble (vêtements, graffiti, tags, danses, etc.), est désormais un fait de société.
7.2.3 …et « assimilation » Par les thèmes qu’il aborde, par l’écho qu’il donne au désarroi d’une partie de la jeunesse, le rap constitue l’équivalent de la chanson « engagée » des années 1960 et perpétue ainsi une certaine idée de la « tradition » : MC Solaar n’est pas loin de Georges Brassens, et la révolte qu’expriment les rappeurs, même si elle choque une partie du public, rappelle « le Déserteur » de Boris Vian, les imprécations de Léo Ferré ou l’univers de Bernard Lavilliers. Sur le plan strictement musical, la sphère d’inspiration du rap tend à s’élargir à d’autres courants musicaux, anciens comme le jazz ou récents comme les musiques électroniques. Le rap semble ainsi s’être intégré dans la généalogie globale de la chanson française, de même qu’il est devenu un chapitre supplémentaire de l’histoire du rock.
7.3 Où la pop rencontre le rock 7.3.1 Le règne du synthétiseur : la new wave française Peu de temps avant l’avènement des musiques du monde et du rap, et succédant aux mouvements punk et new wave anglo-saxons de la fin des années 1970 et du début des années 1980, un courant pop-rock féru de sons synthétiques apparaît, sans pour autant éclipser la chanson rock et à texte incarnée par des artistes tels que Jean Guidoni, Charlélie Couture, Hubert-Félix Thiéfaine, Alain Bashung, Renaud, Daniel Balavoine ou Jean-Jacques Goldman . Le synthétiseur est désormais accessible à tous et va faire les beaux jours des jeunes radios libres — la libération des ondes a lieu en 1981 — pendant plusieurs années. Plus ou moins inspiré, selon les cas, de la new wave anglaise et incarné par des chanteurs ou formations éphémères — Elli et Jacno, Taxi Girl et Marc Seberg d’une part, Caroline Loeb, Axel Bauer, Lizzy Mercier Descloux, Gamine, Plastik Bertrand ou encore Jeanne Mas d’autre part — ou plus durables — Lio, Richard Gotainer, Marc Lavoine, Kent (ex-Starshooter), mais surtout Indochine, Les Rita Mitsouko et Étienne Daho sauront négocier le difficile virage des années 1990 -, ce mouvement insuffle à la chanson française une légèreté, une énergie et parfois une espièglerie rafraîchissante ainsi que des rythmes sautillants.
7.3.2 Variété et rock indépendant À partir du milieu de la décennie 1980, il cède toutefois la place, ou évolue dans deux directions, qui peuvent à l’occasion se croiser : d’une part la variété-pop, qu’il est difficile d’associer systématiquement à la chanson à texte — L’Affaire Louis Trio, Arno, Bill Baxter, Patrick Bruel, les Avions, Elsa, Mylène Farmer, Stephan Eicher, Images, les premiers albums de Niagara ou encore Vanessa Paradis d’autre part le rock alternatif — dans le sillage du groupe Téléphone, figure centrale et tutélaire du rock français qui se sépare en 1985, des formations telles que les Garçons Bouchers, Pigalle, Les Négresses vertes, La Mano Negra, Noir Désir, Les Innocents ou encore Bérurier Noir, Ludwig von 88 ou les Wampas (trois groupes issus du punk) mettent en pratique les principes d’intégrité du rock indépendant.
jacommos Admin
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Sujet: Re: La Chanson Française Dim 18 Avr - 13:42
La Chanson Française
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8 UNE chanson FRANÇAISE AUX MULTIPLES IDENTITÉS (DEPUIS 1990) Au début des années 1990, l’état des lieux du paysage musical français laisse entrevoir un immense bouleversement par rapport à ce qu’il était quelque quinze ans auparavant, mais également des possibilités d’évolution en d’innombrables ramifications. L’avènement des musiques électroniques révolutionne l’idée même de composition et permet pour la première fois à des Français de rivaliser avec leurs « homologues » anglo-saxons en terme de crédibilité artistique et de popularité. Dans le même temps, les impératifs commerciaux de rentabilité dictés par l’industrie du disque autorisent l’émergence de « produits » musicaux ; cette tendance à l’uniformisation et à l’éphémère est toutefois contestée par de fortes personnalités revendiquant une identité propre et un véritable parcours artistique s’inscrivant dans la durée.
8.1 L’apparition des musiques électroniques Au cours des années 1990, le paysage de la chanson française doit se recomposer en tenant compte de l’extraordinaire bouleversement musical qu’a déclenché l’apparition des musiques électroniques — house music et techno — à la fin des années 1980. Celles-ci ont ensuite essaimé en de nombreux courants pour la plupart exclusivement instrumentaux : jungle, drum and bass, big beat, easy-listening, etc. Héritiers de Jean-Michel Jarre notamment, précurseur de l’utilisation systématique de la technologie dans le processus d’écriture musicale, Laurent Garnier, Daft Punk et Air figurent parmi les premiers artisans de la French Touch, mouvement qui contribue à « décomplexer » la musique populaire française à la faveur d’importants — et inédits jusqu’alors — succès à l’étranger. Dans leur sillage, des artistes et formations tels que Cassius, Étienne de Crécy, Alex Gopher, Saint Germain, Mirwais, Bertrand Burgalat, Kid Loco, Telepopmusik, Dimitri From Paris, Ginkgo ou encore Tahiti 80 entretiennent la flamme de ce qu’on appelle désormais l’electro (contraction du terme « electronica » désignant l’ensemble des musiques électroniques).
8.2 Persistance de la variété populaire 8.2.1 La veine commerciale Des boys’ bands (Alliage, 2B3, etc.) aux comédies musicales (Notre-Dame de Paris, les Dix Commandements, Cendrillon, etc.) en passant par la domination de la dance music (ou groove) et la fabrication en tous points artificielle des « stars » de demain par l’intermédiaire d’émissions de télévision (Popstars ou Star Academy), la chanson française connaît des dérives significatives au cours des années 1990, bien loin de l’esprit d’inventivité et d’originalité qui l’animait dans les années 1960 et qui a fait sa réputation. Modelées sur des structures qui ont fait leurs preuves outre-Atlantique et outre-Manche, ces incursions forcées en territoires exclusivement commerciaux permettent néanmoins à certains artistes de sortir du lot et de se faire un nom, à l’image de Lara Fabian ou Garou notamment.
8.2.2 Les stars de la chanson française La variété française — ou francophone — n’en a pas pour autant disparu, ni la chanson à texte rompue avec la tradition. Certains « intouchables » règnent toujours en maître c’est le cas de Johnny Hallyday, Michel Sardou, Serge Lama ou, dans un genre plus expérimental, Alain Bashung et Christophe. À leurs côtés se trouvent les représentants de l’ex-« nouvelle chanson française » ; Alain Souchon, Laurent Voulzy, Jean-Jacques Goldman, Francis Cabrel ou Renaud vendent en effet toujours beaucoup de disques, sans avoir à se livrer à des entreprises particulièrement risquées en termes d’innovation artistique. Patrick Bruel, Patricia Kaas, Céline Dion, Pascal Obispo, Zazie, Florent Pagny, Axelle Red, Dany Brillant ou encore Gérald De Palmas constituent le « peloton » des stars du moment, adeptes d’une musique destinée à un large public. Enfin, des personnalités iconoclastes et inclassables telles que Brigitte Fontaine, Arno ou Général Alcazar perpétuent avec succès une veine tour à tour provocante ou savamment décalée.
8.2.3 Les métissages musicaux Il convient également de signaler la confirmation de l’accueil particulièrement favorable réservé à toutes les tentatives de métissage musical, comme le démontrent, chacun à leur manière spécifique, les Gipsy Kings, Deep Forest, Ekova, Gotan Project, I Muvrini, Les Yeux Noirs, Manau, les Nubians ou l’Orchestre national de Barbès ; salsa, tango, flamenco, musiques celte, arabe, tzigane ou encore africaine sont ainsi régulièrement à l’honneur au travers de pertinentes associations avec des sonorités occidentales.
jacommos Admin
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Sujet: La Chanson Française Dim 18 Avr - 15:05
La Chanson française
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La chanson française désigne un genre musical à part entière, l’adjonction de l’adjectif « française » au terme « chanson » tendant à signifier une particularité propre à cette forme d’expression musicale en langue française et dans le champ culturel francophone.
Ce genre existe et s’est défini au moment de la constitution de l’industrie du disque comme marché culturel de masse (à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale). Il repose sur des particularités culturelles et esthétiques : la « chanson française » s’inspire de la littérature classique de langue française (en particulier la poésie), et se nourrit d’un désir de résistance linguistique et culturelle à une forme de domination économique, linguistique, et esthétique.
L’expression « chanson française » désigne donc depuis 1945 un genre musical qui se définit par l’usage de la langue française, la référence à des maîtres et modèles hérités de la littérature poétique de langue française, et par opposition, ou par différenciation aux formes dominantes, anglo-saxonnes, de l’industrie musicale.
Les sources
Les grands poètes-souches
On peut considérer que Baudelaire, Verlaine et Rimbaud, sont trois sources littéraire essentielles pour la chanson francophone moderne. D'abord, par leur travail sur la musicalité des mots, et le format court de nombre de leurs textes, ils inventent, en quelque sorte tels des "musiciens sans guitare", un format qui deviendra celui de la chanson. Dans leurs poèmes on trouve des textes dans lesquels le mot "chanson" figure ("chanson d'automne"[1], ou "chanson d'après-midi"[2]). En outre, leur esthétique poétique fait la part belle à la musicalité et aux sonorités des mots, comme en témoigne la célèbre phrase de Verlaine : "De la musique avant toute chose"[3]. Ces poètes ont été mis en chanson par de nombreux artistes, tels que Léo Ferré[4], ou Jean-Louis Murat plus récemment, pour ne citer que les plus célèbres. Leur influence continue de marquer la chanson française actuelle. La tradition littéraire dans son ensemble offre bien d'autres exemple de réécritures poétiques : il suffit de songer par exemple à Jean de La Fontaine, pastiché, parodié par Pierre Perret par exemple[5], ou à l'univers de Thomas Fersen, avec la présence marquée d'un bestiaire merveilleux, emprunté sans aucun doute au grand auteur classique : la chanson intitulée "Les malheurs du lion"[6] paraît être calquée sur "Le lion et le moucheron"[7]. D'autres poètes ont nourri la créativité des chanteurs de langue française : Charles Cros, Louis Aragon, Jacques Prévert, et bien d'autres encore. L'héritage des formes [modifier]
La chanson française comme genre se constitue sur un terreau vivace et riche, également sur le plan de ses origines musicales : c'est dans les formes de musique classique ou savante qu'elle va s'ancrer, empruntant certaines petites formes à des formats musicaux plus importants. C'est le cas par exemple d'une chanson à succès des années 1930, "Couchés dans le foin", composée par Mireille[8] pour une opérette, puis extraite de cette opérette, pour devenir un tube. D'autres chanteurs à succès sont tout droit issus des formes classiques d'expression lyrique : Luis Mariano vient de l'opérette, Tino Rossi a des atouts de ténor lyrique classique, et les progrès techniques (usage du micro sur scène pour la première fois par Jean Sablon, fabrication et diffusion des 78 tours) permettent à de nouvelles figures d'entrer sur la scène naissante de la chanson. La chanson se diffuse également grâce à des lieux, tels que le cabaret, où on peut se détendre sans subir la forte pression sociale et les inégalités : ces lieux deviennent des terreaux dans lesquels les chansonniers peuvent diffuser leurs œuvres, et acquérir de la renommée (Aristide Bruant par exemple au "chat noir"). Le cabaret a son équivalent anglicisé dans le terme bien connu de "music-hall"[9], littéralement une grande salle dédiée au spectacle musical. Il s'agit d'un endroit plus vaste que le cabaret, où on donnait des spectacles dits "de variétés", proposant de nombreux numéros, un peu sur le modèle du cirque, et notamment des numéros vocaux et chantés. C'est donc dans la conjugaison de ces endroits nouveaux et libres propices à la création, et d'une culture musicale plus classique, héritée des formes savantes mais aussi populaires de l'art lyrique, que vont naître et croître la tradition de la chanson française et la figure du chanteur.
De l'avant-guerre à la libération naissance d’un genre. Yves Montand, Charles Trenet, Jean Sablon... entre la dérision et l’esprit de révolte, une tradition de rire et de panache. construction du mythe de la femme française qui chante : Édith Piaf... C'est la naissance des premières grandes Stars du "Music Hall", dont certaines, comme Maurice Chevalier, auront des difficultés à se justifier de leur compromission avec l'occupant allemand.
La génération relais Elle est constituée de chanteurs qui étaient déjà là avant-guerre, et qui font perdurer, dans une tonalité compréhensible de joie et de gaité, la tradition du chansonnier à la française.
Années 1980 : entre déprime et croisade Les années 80 marqueront un tournant dans la chanson française car plusieurs chanteurs et chanteuses ainsi que plusieurs groupes marieront un courant musical d'influence anglo-saxonne (guitares électriques, synthétiseurs, solos de guitares ou de saxophone, ...), des paroles engagées et se positionnant en héritiers des grands textes de la chanson française passée. Cette génération est aujourd'hui citée comme modèle par énormément de chanteurs d'horizons divers (nouvelle scène française, rap, slam, ...).
Les années 1990 comme une renaissance La Renaissance de la « chanson française » : retour des textes et crise du disque. (on appelle cela la « nouvelle scène française », mais elle renaît avant que cette expression ne soit inventée, et se nourrit de la crise de l’industrie du disque, des compromissions esthétiques des médias de masse, du retour des personnalité scéniques et du show). Moins de son, plus de sens. Cette renaissance se fait un peu en réaction contre une certaine dérive que ces nouveaux auteurs jugent trop "légère", la dérive "variété". C'est dans ce sens que Dominique A, par exemple, revendique des influences plutôt anglo-saxonnes (le Velvet Underground par exemple) et refuse de façon catégorique le cliché. Cette attitude esthétique radicale, va contribuer aussi à l'émergence d'univers musicaux particuliers, qui vont eux aussi infléchir la perception d'une particularité française de la chanson dans les années 1990.
La chanson française aujourd'hui
Persistance de la bipolarité du genre : entre veine lyrique et fibre partisane
La veine lyrique
On retrouve ici des figures d’artistes dont la recherche esthétique, par les textes et par la création musicale, vise à conquérir les territoires du registre lyrique. C'est pêle-mêle ce qu'on appelle les chanteurs et chanteuses "à voix", ou les artistes dont le but est avant tout de créer un univers à l'esthétique musicale, dans lequel le sens et l'écriture poétique ne sont pas le but essentiel recherché. Ils ou elles chantent en Français, mais parfois leurs textes n'ont pas d'autre ambition que reprendre des thèmes universels, ou manipuler efficacement des stéréotypes - ce qui n'empêche pas une chanson d'être réussie.On y trouvera également les artistes dont les œuvres cherchent à divertir le public, en les emportant dans un univers musical propice à l'évasion ou à la rêverie. Ils cultivent souvent une certaine légèreté de propos et de forme.
Des artistes-mondes Appelons-les ainsi pour rendre tangible leur côté inclassable : on ne peut pas les réduire aisément à une veine lyrique ou à un « engagement » : leur style musical, leur grain de voix, leurs textes font qu’ils apportent à la fois une créativité lyrique, et un propos fort sur le monde et leur temps. Cette catégorie peut paraître un peu subjective, mais elle regroupe des figures de chanteurs qui savent (pour certains depuis de nombreuses années, tracer un chemin très personnel, construisant une œuvre originale tant par son propos que par sa, ou ses formes. Camille, par exemple, fabrique album après album, un univers vocal, retournant presque aux sources purement lyriques de l'art de chanter, avec un esprit human beat box pour les tenants d'un langage contemporain à la mode, a capella pour les plus anciens, dans lequel elle parvient à allier une démarche jouissive de plaisir vocal pur, et un propos fort sur des questions sociales ou psychologiques. Sur l'album intitulé le Fil, et sorti en 2006, « il n'y a aucun instrument, juste des bruits de bouche ou de main, bidouillés sur ordinateur, pour assurer la rythmique, derrière sa voix espiègle et surprenante » . Thomas Fersen, quant à lui, dessine depuis plusieurs disques une œuvre forte où se mélangent un univers de fabuliste (histoires un peu décalées, personnages de doux dingues ou héros improbables, bestiaire fantasque, poésie du quotidien, volonté d'intégrer des thèmes peu séduisants au premier abord, le tout dans une recherche musicale constante, alliant des éléments très acoustiques à des effets plus électriques (mariage de l'ukulélé et de la guitare électrique). Florent Marchet, pour en citer un dernier, construit de son côté une œuvre discographique sans pareille, parce qu'il a su s'affranchir des circuits classique de production, pour se permettre de proposer au public des albums "concepts" audacieux : Rio Baril, publié en 2007, raconte l'histoire d'un jeune homme d'origine rurale, qui sort d'une enfance difficile, grandit, entre dans le monde des adultes, et finit sa course de manière pitoyable, dans un fait-divers peu reluisant, le tout en une douzaine de plages musicales reliées entre elles par ce fil rouge narratif. Il sort ensuite en 2008 un autre « objet musical non identifié », ou tout au moins difficile à classer, intitulé Frère animal : il s'agit d'un livre-disque co-écrit avec Arnaud Cathrine, romancier, et mettant en scène sur un ton satirique radical, le monde de l'entreprise et ses excès. CamilleCamille[/url], Catherine Ribeiro, Thomas Fersen, Vincent Delerm, Mathieu Boogaerts, Dominique A, Didier Super, DionysosDionysos[/url], Les Wampas, Katerine, Marcel Kanche, Jean-Louis Murat, Florent Marchet, Benjamin Biolay, Yann Tiersen, Anne Sylvestre, Alain Souchon.