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Les Discutailleurs fans de musique...
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"La voix de Nolwenn ? une élégance souveraine, de la soie, du velours." Patrice Demailly. - - - - "Le talent sans génie est peu de chose. Le génie sans talent n'est rien" Valery.
Nombre de messages : 7161 Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: JEAN FERRAT Lun 9 Nov - 19:42
Merci Nounouka !
Ce sont les plus connues !
Toutes de trés belles chansons
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: JEAN FERRAT Sam 21 Nov - 14:23
JEAN FERRAT - BEST OF 3 CD - SONY MUSIC
Je l'ai acheté, je le conseille, c'est vraiment magnifique, d'ailleurs je suis en train de l'écouter !
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: JEAN FERRAT Dim 21 Fév - 20:12
C'est toujours la première fois
Paroles et Musique: Jean Ferrat 1965
Enfin enfin je te retrouve Toi qui n'avais jamais été Qu'absente comme jeune louve Ou l'eau dormante au fond des douves S'échappant au soleil d'été
Tu peux m'ouvrir cent fois les bras C'est toujours la première fois
Absente comme souveraine Qu'on voit entre deux haies passer O toi si proche et si lointaine Dès que l'amour file sa laine Entre nos doigts désaccordés
Tu peux m'ouvrir cent fois les bras C'est toujours la première fois
La faim de toi qui me dévore Me fait plier genoux et bras Je n'aurais pas assez d'amphore Ni de mots encore et encore Pour y mettre son terme bas
Tu peux m'ouvrir cent fois les bras C'est toujours la première fois
La soif de toi par quoi je tremble Ma lèvre à jamais desséchée Mon amour qu'est-ce qu'il t'en semble Est-ce de vivre ou non ensemble Qui pourra m'en désaltérer
Tu peux m'ouvrir cent fois les bras C'est toujours la première fois
L'amour de toi par quoi j'existe N'a pas d'autre réalité Je ne suis qu'un nom de ta liste Un pas que le vent sur la piste Efface avant d'avoir été
Tu peux m'ouvrir cent fois les bras C'est toujours la première fois
Invité Invité
Sujet: Re: JEAN FERRAT Sam 13 Mar - 16:30
Paroles: C'est Beau La Vie
Jean Ferrat
Artiste: Jean Ferrat Chanson: C'est Beau La Vie
Le vent dans tes cheveux blonds Le soleil à l'horizon Quelques mots d'une chanson Que c'est beau, c'est beau la vie
Un oiseau qui fait la roue Sur un arbre déjà roux Et son cri par dessus tout Que c'est beau, c'est beau la vie.
Tout ce qui tremble et palpite Tout ce qui lutte et se bat Tout ce que j'ai cru trop vite A jamais perdu pour moi
Pouvoir encore regarder Pouvoir encore écouter Et surtout pouvoir chanter Que c'est beau, c'est beau la vie.
Le jazz ouvert dans la nuit Sa trompette qui nous suit Dans une rue de Paris Que c'est beau, c'est beau la vie.
La rouge fleur éclatée D'un néon qui fait trembler Nos deux ombres étonnées Que c'est beau, c'est beau la vie.
Tout ce que j'ai failli perdre Tout ce qui m'est redonné Aujourd'hui me monte aux lèvres En cette fin de journée
Pouvoir encore partager Ma jeunesse, mes idées Avec l'amour retrouvé Que c'est beau, c'est beau la vie.
Pouvoir encore te parler Pouvoir encore t'embrasser Te le dire et le chanter Oui c'est beau, c'est beau la vie Paroles de Chansons
claudia
Nombre de messages : 9072 Date d'inscription : 22/03/2008
Nombre de messages : 7161 Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: JEAN FERRAT Sam 13 Mar - 21:42
Il m'est difficile aujourd'hui d'écrire sur Ferrat, je ne le cacherais pas, je suis trés touché par sa disparition, de plus il est trés délicat, en ce qui me concerne d'affirmer que je préfère telle chanson à telle autre.
Car Ferrat c'est certes plus de 200 chansons écrites et composées, mais et c'est le grand paradoxe du poète, c'est plus de 50 chansons qui furent, à une certaine époque, à la Une de l'actualité Musicale !
C'est dire la richesse exceptionnelle de son répertoire, généralement d'un artiste, on se souvient d'une dizaine, voire d'une vingtaine de ses chansons qui furent des succès, et bien avec Ferrat, comme avec Brassens ou Brel, presque le tiers de son répertoire est composé de chansons à succès !
Alors qu'il ne faisait plus de scènes nationales depuis plus de 20 ans, ses albums, chaque année, continuèrent de se vendre à profusion, sa dernière compilation de 57 chansons fut disque de platine en 2009 à peine 1 mois aprés sa sortie !
Ferrat c'était cela, un artiste Hors Norme à tous les niveaux !
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: JEAN FERRAT Dim 14 Mar - 9:32
Une Grande Partie de ces infos provienne d'un article du journal régional "Midi Libre".
PLUS DE 200 CHANSONS :
Tout au long de sa carrière, Jean Ferrat a écrit ou interprété plus de 200 chansons,Dont certaines des plus belles du répertoire Français !
Tout commence véritablement en 1956, quand il compose la musique "des yeux d'Elsa", le poème d'Aragon dont il est admirateur. Il se fait ainsi connaître dans le milieu artistique.
D'autres rencontres, avec André Claveau, Gérard Meys, son éditeur et son ami, lanceront sa carrière.
Son Premier 45 tours, "Ma Môme", sort en 1960. En 1961, son Premier 33 tours reçoit le prix de la SACEM.
Puis viendront :
"C'est beau la vie" 1963 "Nous dormirons ensemble" 1963 "La Montagne" 1964 "Potemkine" 1965 "On ne voit pas le temps passer" 1965 "Maria" 1966 "Ma France" 1969 "Camarade" 1970 "Aimer à perdre la raison" 1971 "La Femme est l'Avenir de l'homme" 1975 "Je ne suis qu'un Cri" 1985 "Nul ne guérit de son enfance" 1991 "Qui vivra verra" 1994 "Complainte de Pablo Neruda" 1995 ........................
Et tant d'autres qui sont, la plupart du temps, aussi magnifiques que sublimes.....
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: JEAN FERRAT Dim 14 Mar - 12:44
Citation :
Les chaînes de télévision France 2 et France 3 ont annoncé des changements de programme en hommage à Jean Ferrat, décédé samedi à l'âge de 79 ans. Dès 20H00 samedi, France 2 consacre une édition spéciale de son journal au chanteur.
Dimanche à 13H55 et 18H25, France 2 et Michel Drucker rendront hommage à l'artiste engagé, dans une émission spéciale, avec des extraits du "Vivement dimanche" consacré à Jean Ferrat en 2003 et de l'émission "Star 90" de 1991.
France 3 proposera aussi une émission spéciale en hommage au chanteur lundi à 20H35, retraçant sa carrière en image, chanson et interviews, a indiqué la chaîne dans un communiqué.
France 2 entend par ailleurs proposer mardi à 22H30 une "soirée spéciale en hommage à Jean Ferrat", a précisé la chaîne dans un communiqué.
jacommos Admin
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Sujet: Re: JEAN FERRAT Dim 14 Mar - 13:36
Gilou Admin
Nombre de messages : 15295 Localisation : Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Mon prince noir et famélique Ma pauvre graine de clodo Toi qui vécus fantomatique En peignant tes vieux godillots Toi qui allais la dalle en pente Toi qu'on jetait dans le ruisseau Qui grelottais dans ta soupente En inventant un art nouveau T'étais zéro au Top cinquante T'étais pas branché comme il faut Avec ta gueule hallucinante Pour attirer les capitaux
Mais dans un coffre climatisé Au pays du Soleil-Levant Tes tournesols à l'air penché Dorment dans leur prison d'argent Leurs têtes à jamais figées Ne verront plus les soirs d'errance Le soleil fauve se coucher Sur la campagne de Provence
Tu allais ainsi dans la vie Comme un chien dans un jeu de quilles La bourgeoisie de pacotille Te faisait le coup du mépris Et tu plongeais dans les ténèbres Et tu noyais dans les bistrots L'absinthe à tes pensées funèbres Comme la lame d'un couteau Tu valais rien au hit-parade Ni à la une des journaux Toi qui vécus dans la panade Sans vendre un seul de tes tableaux
Mais dans un coffre climatisé Au pays du Soleil-Levant Tes tournesols à l'air penché Dorment dans leur prison d'argent Leurs têtes à jamais figées Ne verront plus les soirs d'errance Le soleil fauve se coucher Sur la campagne de Provence
Dans ta palette frémissante De soufre pâle et d'infini Ta peinture comme un défi Lance une plainte flamboyante Dans ce monde aux valeurs croulantes Vincent ma fleur mon bel oiseau Te voilà donc Eldorado De la bourgeoisie triomphante Te voilà star du Top cinquante Te voilà branché comme il faut C'est dans ta gueule hallucinante Qu'ils ont placé leurs capitaux
Mais dans un coffre climatisé Au pays du Soleil-Levant Tes tournesols à l'air penché Dorment dans leur prison d'argent Leurs têtes à jamais figées Ne verront plus les soirs d'errance Le soleil fauve se coucher Sur la campagne de Provence
Invité Invité
Sujet: Re: JEAN FERRAT Lun 15 Mar - 10:41
très jolie chanson que je ne connaissais pas !
merci
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: JEAN FERRAT Mar 16 Mar - 23:23
Notre Monde tourne vraiment à l'envers, il a fallu que Jean Ferrat nous tire sa révérence, pour que nos médias se mettent à le rediffuser, c'est consternant !
Surtout pour un si magnifique artiste et qui de plus, nous laisse en héritage une oeuvre aussi magique que riche.
Enfin....
Invité Invité
Sujet: Re: JEAN FERRAT Mer 17 Mar - 0:46
TU AURAIS PU VIVRE ENCORE UN PEU JEAN FERRAT
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: JEAN FERRAT Sam 20 Mar - 15:11
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: JEAN FERRAT Sam 20 Mar - 15:49
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: JEAN FERRAT Sam 20 Mar - 16:10
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: JEAN FERRAT Sam 20 Mar - 16:35
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: JEAN FERRAT Sam 20 Mar - 16:51
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Ce type que la France aime et chante, et qui ne renonce pas au partage, au refus des faiseurs.
Jean Ferrat est mort, et c’est une tristesse étonnante qui m’envahit, une tristesse qui ne fait pas l’économie d’une forme d’allégresse et d’espoir. Comme s’il m’avait tant chanté l’amour, les combats pour une vie meilleure, la politique, la loyauté et la mémoire aussi. « Je twisterais les mots s’il fallait les twister… » Au bout du compte, c’est comme une empreinte partagée avec tous ceux dont il était le plus proche, Francesca, Ernest, Daniel, Paco, Alain et les copains de la pétanque le soir sous les étoiles d’un ciel d’Ardèche de grande pureté.
C’est fou, j’ai 10 ans, la France se fiche pas mal de ses bagnards revenus des camps. Ils soliloquent dans les familles, c’est tout juste si leur enfer est crédible. 1963, en Allemagne, les nazis ont repris du service, les époux Klarsfeld se mettent en chasse, et Jean Ferrat n’en peut plus de ne pas rendre hommage à tous ceux qui n’en sont pas revenus, son père déporté à Auschwitz, mort là-bas. C’est une drôle d’époque, n’est-ce pas, la France se bouche les oreilles, l’ORTF est au garde-à-vous, elle ne veut pas entendre : « Mais qui donc est de taille à pouvoir m’arrêter, l’ombre s’est faite humaine, aujourd’hui c’est l’été… » Mais qu’importe, Ferrat se cale dans ma mémoire, je découvre, effaré, le numéro tatoué sur le poignet de mon grand-père, Dachau, Mauthausen, Loebl Pass. Je grimpe aussi parfois les escaliers de l’HLM à Nanterre pour vendre le journal, l’Humanité Dimanche, avec mon père. C’est toute une époque.
Plus tard, je découvre la poésie dans la collection de poche Gallimard. Aragon, Desnos, Apollinaire, et aussi les Seghers, cette poésie du Roman inachevé d’Aragon que Ferrat parvient à faire descendre dans la rue. Sa plus grande fierté, dit-il, sa seule mission. C’est fou, je me surprends souvent vingt, trente et quarante ans plus tard encore à fredonner l’amour dans les rues de Paris, et ailleurs. Je frime en chuchotant à l’oreille des fille : « Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant/Que cette heure arrêtée au cadran de la montre/Que serais-je sans toi que ce balbutiement. Aimer à perdre la raison/Aimer à n’en savoir que dire… » Et tout se fige en moi, les images font ciment, la voix de Ferrat se mêle à mes propres combats. C’est la France de la fin des années 70, qu’y faire ?
Me reviennent en mémoire les meetings les soirs d’hiver porte de la Villette, Alvaro Cunhal le Portugais, Berlinguer l’Italien, on dirait Pasolini à la tribune et la gauche victorieuse, enfin, une première depuis la Libération. On chante à la Bastille, mais aussi des années de déception, ta colère, Jean, et le désespoir de réaliser la barbarie qui se joue là-bas à l’Est. Et faut-il que les donneurs de leçons du camp d’en face – ces staliniens inversés, dirait joliment Guy Hocquenghem – lisent bien peu les livres et n’écoutent que d’une oreille distraite tes textes. Il suffit de chanter « Camarade, c’est un joli nom, tu sais, qui marie cerise et grenade… », mais aussi « Camarade, c’est un nom terrible, camarade, c’est un nom terrible à dire quand le temps d’une mascarade il ne fait plus que frémir ».
Mais qu’importe, Ferrat ne prend pas la porte à droite, jamais, et c’est bien ce qui les agace, ce type que la France aime et chante, et qui ne renonce pas au partage, au refus des faiseurs. Il en rigole, Ferrat, le soir au plus près des truites et des écrevisses de la Volane qui coule à ses pieds, il en rigole de ne pas avoir à se déplacer, 150 000 disques vendus par an, quelle liberté, quel joli bras d’honneur, et au bout du compte c’est peut-être ce goût du bonheur que la foule aperçoit quand tout se solde dans cette belle atmosphère de printemps d’hiver à Antraigues, mardi dernier, sous les coups de 15 heures en plein soleil, oui, ce goût du bonheur.
Je me souviens que Jean Ferrat n’aimait pas trop Georges Marchais, le bilan globalement positif, les couleuvres avalées. Décidément, il ne roulerait jamais pour ce socialisme de pacotille, c’est « ce goût du bonheur qui rend nos lèvres sèches », et que nous avons tant aimé, oui, « des lèvres d’Eluard s’envolent des colombes, ils n’en finissent pas, tes artistes prophètes, de dire qu’il est temps que le malheur succombe, ma France ». Et alors, comme un dernier clin d’œil, une dernière pichenette, voici la mort de Ferrat la veille des élections, une voix, de moins ou de plus, pour cette France qui l’aimait à corps perdu et qu’il aimait d’une manière éperdue, car le chagrin serait bien capable de serrer les rangs.
Je chante sur la place, un avion troue le ciel, on dirait le salut des oiseaux, puis je marche au soleil, je pose ma main sur le cercueil de bois clair, je regarde autour de moi, le chagrin et aussi le désir de transmettre l’espoir, le sourire dans le regard de Colette la femme aimée, le grand frère Pierre, les copains de bonne bouffe. Je m’éloigne, impossible de n’y pas penser, la phrase d’Aragon revient comme une légère amertume : « Comme il va vite entre les doigts passés le sable de jeunesse. » Miracle, je finis par ignorer l’absence de ceux qu’il combattait sans vraiment les haïr. Notre ministre de la Culture, lui, est à Dubaï… Je me marre, je bois des canons de blanc, de rouge, avec Francesca Solleville et toute sa bande. On est bien ensemble, la nuit est si fraîche et pure, tout paraît découpé comme un nouveau décor, les étoiles à bout touché. Oui, vivement dimanche, et c’est déjà comme une merveilleuse consolation ardéchoise. C’est si peu de dire que nous t’aimions, Jean.
Pierre Louis Basse est journaliste et écrivain
Ma France Paroles et Musique: Jean Ferrat 1969 "Jean Ferrat - Vol.1 (1999)"
De plaines en forêts de vallons en collines Du printemps qui va naître à tes mortes saisons De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine Je n'en finirais pas d'écrire ta chanson Ma France
Au grand soleil d'été qui courbe la Provence Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche Quelque chose dans l'air a cette transparence Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche Ma France
Cet air de liberté au-delà des frontières Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige Elle répond toujours du nom de Robespierre Ma France
Celle du vieil Hugo tonnant de son exil Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines Celle qui construisit de ses mains vos usines Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille Ma France
Picasso tient le monde au bout de sa palette Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes De dire qu'il est temps que le malheur succombe Ma France
Leurs voix se multiplient à n'en plus faire qu'une Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs En remplissant l'histoire et ses fosses communes Que je chante à jamais celle des travailleurs Ma France
Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches Pour la lutte obstinée de ce temps quotidien Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche A l'affiche qu'on colle au mur du lendemain Ma France
Qu'elle monte des mines descende des collines Celle qui chante en moi la belle la rebelle Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines Celle de trente-six à soixante-huit chandelles Ma France
Dernière édition par jacommos le Sam 27 Mar - 23:58, édité 2 fois
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
"Jean Ferrat est mort!"… C'est mon mari qui m'apprend la nouvelle, ce samedi 13 mars vers quinze heures. Je suis devant mon ordinateur en train de travailler. La terrible nouvelle a du mal à pénétrer mon cerveau. Je la refuse. Je jette un regard noir à mon mari, lui signifiant qu'on ne plaisante pas sur ce sujet. Connaissant mon admiration pour ce poète-chanteur, je pensais qu'il me taquinait… Mais très vite, j'ai compris qu'il disait vrai… Sur l'écran de son ordinateur, sur le site "Rue 89", la nouvelle est inscrite en gros caractères… J'ai quelques secondes de vide… puis les souvenirs affluent à ma mémoire. Je pense à la première fois où j'ai rencontré cet homme… non pas physiquement mais à travers ses chansons : mon frère venait d'acheter son album "Ferrat chante Aragon". J'ai été conquise. J'avais à peine 16 ans… mais ces textes me parlaient. Oui, va-t-on me rétorquer, mais c'était du Aragon et pas du Ferrat. Certes… mais Ferrat, par sa musique, par sa voix a su les sublimer, les rendre vivants, accessibles… les faire aimer à une adolescente que rien ne poussait vers la poésie. Grâce à Ferrat, j'ai découvert d'autres poètes : Maïakowski, Gracia-Lorca, Desnos, Machado, etc… tout un univers de combats, de résistance, d'engagements… d'espoir aussi en un monde meilleur, de fraternité, de respect et d'amour. Grâce à Jean Ferrat, j'ai eu envie d'en savoir davantage sur l'histoire de notre siècle : révolution russe, chinoise, guerre d'Espagne, deuxième guerrs mondiale, etc. et à travers cette aventure, c'est ma conscience politique qui émergeait. Nièce de résistants algériens, fille d'ouvrier immigré, je me reconnaissais dans ces combats, dans cette aspiration à un autre monde. Ferrat m'a ouvert d'autres horizons, m'a amenée à m'interroger sur ce monde, à refuser tout asservissement d'où qu'il vienne, à dire non, à m'impliquer dans la vie de la cité. "Potemkine", "nuit et brouillard", "ma France", "bilan"… et bien d'autres titres sont des repères pour moi. Ils symbolisent les drames du vingtième siècle mais aussi la volonté de l'homme de toujours rester debout, dignement, pour faire vivre un idéal. Merci pour tout cela Monsieur Ferrat. Pour moi, vous êtes une référence et j'espère que mon fils prendra autant de plaisir que moi à vous écouter…
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: JEAN FERRAT Sam 27 Mar - 14:19
Plus que communiste, JEAN FERRAT était, surtout, un CRIEUR de l'INJUSTICE !
Cette INJUSTICE SOCIALE qui permet à quelques grands "patrons" de gagner des millions d'euros par an, alors que de l'autre côté notre gouvernement actuel de droite, est en train de "réformer" et donc de SUPPRIMER, fur à mesure, tous les ACQUITS SOCIAUX qui permettaient à l'immense majorité de la population de vivre à peu prés décemment !
Le 13 mars dernier est mort Jean Ferrat, vu par plusieurs comme l’un des plus grands chansonniers de la francophonie. Ferrat était renommé pour la chaleur de sa voix et les paroles engagées de plusieurs de ses chansons. Homme de gauche, Jean Ferrat est demeuré fidèle à ses convictions tout au long de sa vie contrairement à bien d’autres. Pour vous donner une idée de la profondeur des convictions de Ferrat, voici une chanson écrite en 1985 dont les paroles demeurent encore aujourd’hui très actuelles. Elle s’applique fort bien à notre climat social et pourrait servir de chanson de rassemblement du Front commun pour les présentes négociations. L’homme nous a quittés, mais ses paroles continuent de nous atteindre à travers cette belle chanson.
On m’a dit tes idées ne sont plus à la mode Quand on veut gouverner ce n’est pas si commode Il faut évidemment s’adapter au terrain Mettre jour après jour un peu d’eau dans son vin
On m’a dit dans la jungle il faut qu’on se débrouille On est bien obligé d’avaler des magouilles De laisser dans un coin les projets trop coûteux On va pas tout rater pour des canards boiteux
La porte du bonheur est une porte étroite On m’affirme aujourd’hui que c’est la porte à droite Qu’il ne faut plus rêver et qu’il est opportun D’oublier nos folies d’avant quatre-vingt-un
On m’a dit qu’il fallait prêcher le sacrifice A ceux qui n’ont pas pu s’ouvrir un compte en Suisse Qu’il fallait balayer tous nos vieux préjugés Et que ceux qui travaillent étaient privilégiés
On m’a dit tu comprends tes idées archaïques Ne feront qu’aggraver la crise économique Ainsi la liberté dans un monde plus juste Fait partie des slogans qui sont un peu vétustes
La porte du bonheur est une porte étroite On m’affirme aujourd’hui que c’est la porte à droite Qu’il ne faut plus rêver et qu’il est opportun D’oublier nos folies d’avant quatre-vingt-un
Puis d’autres sont venus beaucoup moins présentables Qui parlaient de la France en tapant sur la table Qui disaient faut changer c’est la loi du pendule On va pour commencer supprimer la pilule
Ensuite il faudra bien flytoxer la vermine Rétablir la morale avec la guillotine Et pi gn’a qu’à virer les mauvais syndicats Pour conserver celui qui plaît au patronat
La porte du bonheur est une porte étroite On m’affirme aujourd’hui que c’est la porte à droite Qu’il ne faut plus rêver et qu’il est opportun D’oublier nos folies d’avant quatre-vingt-un
Ils ont dit qu’il fallait se montrer réaliste Qu’il y avait du bon dans les journaux racistes Qu’il fallait nettoyer ce cher et vieux pays Si l’on ne voulait pas qu’il devienne un gourbi
Dois-je vous l’avouer ces propos me renversent Quand je vais boire un verre au café du commerce Parfois je crois revoir sur du papier jauni La photo de Pétain dans mon verr’ de Vichy
La porte du bonheur est une porte étroite Qu’on ne me dise plus que c’est la porte à droite Qu’il ne faut plus rêver et qu’il est opportun D’oublier nos folies d’avant quatre-vingt-un
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: JEAN FERRAT Sam 27 Mar - 14:37
Par Jean-Michel Thénard
Le petit Tenenbaum préférait Saint-Jean-Cap-Ferrat au Cap Nègre. Il choisit donc Jean Ferrat pour nom de scène, ce qui était plus facile pour un gamin de Versailles que de prendre un nom au black.
Pile une semaine après les Victoires de la musique qui ont couronné Benjamin Biolay chanteur de l’année, Ferrat a tiré sa révérence avec superbe. Sans autre victoire en poche que l’émotion suscitée par sa disparition. Un coup de blues national qui en dit long sur l’époque et sa nostalgie d’un temps où les chanteurs étaient aussi engagés qu’engageants et plus peuple que people.
En ces temps-là, les Brel, Brassens côtoyaient les Ferrat, Ferré, un carré magique qui avait en commun de battre froid le bourgeois et de fêter copains, camarades et anarchistes. Sarko, qui connaît la musique, a rendu hommage à ce politiquement incorrect : « Farouchement attaché à sa liberté et à son indépendance, il a toute sa vie pensé et vécu son art comme un artisanat, privilégiant l’authenticité et l’excellence à la facilité consumériste des standards commerciaux ».
Parole d’expert pour applaudir en Ferrat l’anti-bling-bling, par excellence. Sa « môme »,« elle joue pas les starlettes/ elle met pas des lunettes/ de soleil/ elle pose pas pour les magazines/ elle travaille en usine/ à Créteil ». On est loin des valeurs du Fouquet’s, même si Carla a aussi son poète, Yeats, qu’elle fredonne en anglais, mondialisation oblige, quand Ferrat chante Aragon en VF ?
L’Ardéchois n’était pas consumériste mais il avait une longueur d’avance sur la tendance. Il voyait en la femme l’avenir de l’homme, sa « Montagne » était écolo avant l’heure et, pour le rappeur Akhenaton, il était même « l’une des racines du rap français ».
Ferrat aimait les ânes et avait baptisé le sien « Justice sociale ». Les ânes l’avaient pourtant censuré à la radio parce qu’ils trouvaient « Nuit et Brouillard » plombant et pas très « twist ». Et à la télé parce qu’ils pensaient que Potemkine rime avec Lénine. Les ânes ne goûtaient pas non plus son compagnonnage critique avec les communistes, qui l’avaient recueilli quand son père avait été déporté à Auschwitz.
Il avait aggravé son cas dans le show-biz en devenant moustachu chez les barbudos de Cuba. Sa fidélité pourtant payait : sa dernière compil’, l’automne dernier, est encore partie à 200 000 exemplaires. Chaque fois qu’il passait à la télé, il explosait l’audience.TF1 n’a pas pensé à l’inviter pour sauver sa « Ferme célébrités ». France 3 n’a pas loupé le coche qui a diffusé ses obsèques en direct.
Maintenant qu’il est mort, et le communisme avec, Ferrat est sur toutes les chaînes…
Aimer à perdre la raison Aimer à n'en savoir que dire À n'avoir que toi d'horizon Et ne connaître de saisons Que par la douleur de partir Aimer à perdre la raison.
Ah, c'est toujours toi que l'on blesse C'est toujours ton miroir brisé, Mon pauvre bonheur ma faiblesse Toi qu'on insulte et qu'on délaisse Dans toute chair martyrisée.
Aimer à perdre la raison Aimer à n'en savoir que dire À n'avoir que toi d'horizon Et ne connaître de saisons Que par la douleur de partir Aimer à perdre la raison.
La faim la fatigue et le froid, Toutes les misères du monde, C'est par mon amour que j'y crois En elles je porte ma croix Et de leurs nuits ma nuit se fonde.
Aimer à perdre la raison Aimer à n'en savoir que dire À n'avoir que toi d'horizon Et ne connaître de saisons Que par la douleur de partir Aimer à perdre la raison
Des millions de gens doivent être très tristes ce soir, Jean Ferrat, le chanteur engagé, mousquetaire de la chanson française est décédé, suite à une longue maladie, ce samedi en Ardèche. Il avait 79 ans. Oui, de nombreuses personnes sont tristes ce soir : ceux qui étaient engagés comme lui, ceux qui aiment la montagne, ceux qui aiment à perdre la raison, l'une des plus belles chansons d'amour.
Jean Ferrat aura marqué son époque avec des titres comme La Montagne ou Aimer à perdre la raison. Il était l'un des derniers des grands après Ferré, Brassens et Brel... Il avait quitté très tôt le métier, dès qu'il s'est rendu compte que la musique devenait une industrie. Il s'était confectionné un nid douillet en Ardèche. C'était un monstre sacré, un pur.
Toute l'équipe d'Influencesalue l'artiste, l'humaniste et le militant.
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Salut l’Artiste! T’es parti hier matin un beau jour de printemps y z’étaient des milliers y z’étaient vingt et cent à pleurer de concert que la montagne est belle et qu’à vol d’hirondelle le printemps vient d’arriver. Ceux-la peut-être ont dû te chatouiller les oneilles et les doigts de pieds; mais les as-tu entendus tous les autres? les rois des ondes les faiseurs de tubes. Ils t’ont oint,tel un saint effaçant à mi_mots ton combat de coco, ne nous faisant entendre que chansons douces et tendres. Que ne te lèves-tu Ferrat du fond de ton cercueil et une derniére fois comme mille autre fois ne brandis-tu pas, face aux gens médusés, la mâchoire serrée, tres fort,ton poing fermé? Que ne leur réponds-tu du fond de ton cercueil que la lutte s’est tue que le rouge est en deuil.? Envoie-les donc paître ces hypocrites,menteurs, casseurs de rêves pietres animateurs. Ferrat! tu faisl’mort ou quoi?
À croire que la disparition de Jean Ferrat est une ultime occasion pour qu’on s’incline devant un immense artiste et à ce qu’il restait de la chanson française. La vraie. Celle qui se chante en français, et qui était respectée et admirée partout dans le monde alors que tout inlassablement devient moribond. D’ailleurs, un journal brésilien disait cette semaine que Ferrat était le dernier représentant d’un musique française des années 60 et 70, devenue un remix sans âme de la musique américaine.
Depuis huit jours on a tant dit à propos de cet homme rare. Tellement. Avec tendresse. Avec tristesse.
On dirait que partout dans le monde chacun vient de perdre un peu de Ferrat.
À croire qu’autour de nous, on pourrait interpeller le premier passant distrait et lui demander de nous dire une chanson de Ferrat pour aussitôt entendre chanter La Montagne, ou Nuit et brouillard, ou Potemkine ou Que serais-je sans toi ou C’est beau la vie, parmi tant d’autres titres qu’on a rangés dans le tiroir du cœur.
À croire qu’il nous suffit de parler de l’auteur de La femme est l’avenir de l’homme pour entendre le ciel s’allumer d’étoiles magnifiques qui portent des noms comme Aragon, Isabelle Aubret, Brel, Ferré, Brassens et puis tant d’autres…
À croire qu’il nous suffit de dire Jean Ferrat pour que la chanson française prenne soudain son envol vers ses rêves d’hier alors qu’elle brillait dans le firmament des hommes. Pour qu’on un sourire s’illumine de souvenirs dans le regard de l’autre.
À croire qu’il suffit de dire Jean Ferrat pour que le ciel de nos plus fières promesses s’illumine, comme une fête ancienne, afin de nous plonger dans la tendresse et les parfums des milliers de ces petites choses qui s’envolent aàchaque instant vers des éternités nouvelles, joyeuses comme des cris d’enfants…
Je ne suis pas littérature Je ne suis pas photographie Ni décoration ni peinture Ni traité de philosophie
Je ne suis pas ce qu’on murmure Aux enfants de la bourgeoisie Je ne suis pas saine lecture Ni sirupeuse poésie
Je ne suis qu’un cri
Non je n’ai rien de littéraire Je ne suis pas morceaux choisis Je serais plutôt le contraire De ce qu’on trouve en librairie
Je ne suis pas guide ou bréviaire Ni baratin ni théorie Qu’on range entre deux dictionnaires Ou sur une table de nuit
Je ne suis qu’un cri
Je n’ai pas de fil à la patte Je ne viens pas d’une écurie Non je ne suis pas diplomate Je n’ai ni drapeau ni patrie
Je ne suis pas rouge écarlate Ni bleu ni blanc ni cramoisi Je suis d’abord un cri pirate De ces cris-là qu’on interdit
Je ne suis qu’un cri
Je ne suis pas cri de plaisance Ni gueulante de comédie Le cri qu’on pousse en apparence Pour épater la compagnie
Moi si j’ai rompu le silence C’est pour éviter l’asphyxie Oui je suis un cri de défense Un cri qu’on pousse à la folie
Je ne suis qu’un cri
Pardonnez si je vous dérange Je voudrais être un autre bruit Etre le cri de la mésange N’être qu’un simple gazouillis
Tomber comme un flocon de neige Etre le doux bruit de la pluie Moi je suis un cri qu’on abrège Je suis la détresse infinie
Je ne suis qu’un cri
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
Peut-on avoir 22 ans et être touché par la mort de Jean Ferrat ? Ben oui. Déjà, on a le droit d’aimer les vieilles musiques : le culte de la nouveauté à tout prix est insupportable et tout aussi stupide que la triste antienne du « c’était mieux avant ». Ensuite, au-delà des qualités musicales et d’interprétation de l’ami Ferrat, j’ai été touché par la disparition d’un chanteur à l’engagement progressiste entier, chargé de passion mais aussi de lucidité. Les chansons de Ferrat renseignent en effet sur les thèmes et les espérances qui ont marqué l’histoire de la gauche.
Il y a tout d’abord ces chansons qui paraissent tristement obsolètes aujourd’hui, et qui montrent à quel point les rapports de force ont changé, au détriment de l’utopie. Je pense ici à « J’imagine », dans laquelle Ferrat évoque avec lyrisme ce que serait un monde idéal, chantant à pleine voix « la grande liberté, au poing la rose ». Je pense surtout à « Si j’étais peintre ou maçon », titre entraînant dans lequel Ferrat explique que si les défenseurs du capitalisme n’ont que faire des jérémiades des classes populaires, ils ont tout à redouter d’un chanteur comme lui : « Mais je gagne des millions/ Et combats à ma façon/Votre bien-aimé système/Et votre teint devient blême/Quand je dis révolution/Moi qui gagne des millions/Vous avez peur d'une chanson/Peur de l'avenir/Vous manquez d'imagination/Jusqu'à en mourir ». De l’imagination, les promoteurs de l’économie-casino et du capitalisme financier en ont pourtant eu, et détiennent aujourd’hui un pouvoir qui peut les faire rire de cette mise en garde dérisoire : « Nous qui sommes des millions/Vous déclarons sans façon/Gardez bien votre système/Car il changera quand même/Que vous le vouliez ou non/Nous qui sommes des millions ».
Mais Ferrat ne s’attaque pas qu’aux rapports de domination économiques. Le féminisme fait partie de son identité progressiste. A l’heure où certains au NPA croient pertinent de présenter aux élections régionales une candidate voilée, en la prétendant « emblématique » des quartiers, il fait bon se souvenir que bien des hommes inspirés par l’idéal communiste se sont retrouvés dans ces vers de « La femme est l’avenir de l’homme » : « Pour accoucher sans la souffrance/Pour le contrôle des naissances/Il a fallu des millénaires/Si nous sortons du moyen âge/Vos siècles d'infini servage/Pèsent encor lourd sur la terre ». Ferrat trace ici un trait d’union entre deux combats émancipateurs, celui qui se mène contre les exigences du capital et celui qui se mène contre les traditions patriarcales. « Votre lutte à tous les niveaux/De la nôtre est indivisible », insiste-t-il, en fustigeant plus loin ceux qui s’inspirent de la religion pour écrire la loi. Ce côté joyeusement anticlérical se retrouve dans « Une femme honnête » et « Mis à part », qui tournent en dérision la rhétorique des hommes d’Église et des grenouilles de bénitier.
Cette absence de crispation sur la question sociale atteste d’un esprit de gauche attaché à la liberté sous toutes ses formes, à rebours de ceux qui voudraient séparer la lutte contre la marchandisation et celle pour le libéralisme culturel. L’égalité sociale n’est pas un but en soi, elle se justifie parce qu’elle permet la liberté authentique. Or, c’est bien cette vigilance sur la liberté individuelle qui permettra à Ferrat de prendre ses distances avec les crimes commis par les régimes communistes. En cela, il est un vrai « antitotalitaire », plus en tout cas que les BHL et compagnie, qui ont bazardé la préoccupation pour la justice sociale en même temps que le reste. La chanson « Camarade », en réaction à la répression menée à Prague, a été évoquée dans la presse. « Le bilan », surtout, est une attaque en règle contre George Marchais et le bilan positif qu’il disait lire dans l’œuvre de l’Union Soviétique : « Ah ils nous en ont fait approuver des massacres/Que certains continuent d'appeler des erreurs/Une erreur c'est facile comme un et deux font quatre/Pour barrer d'un seul trait des années de terreur/Ce socialisme était une caricature/Si les temps on changé des ombres sont restées/J'en garde au fond du cœur la sombre meurtrissure/Dans ma bouche à jamais le soif de vérité ». Nous sommes là au tournant des années 70-80, et le ton se fait moins bravache quant aux transformations sociales à accomplir. C’est avec modestie et méfiance envers les doctrines que le bonheur doit se construire pas à pas. « Moins de souffrances », voilà en quelque sorte le minimum syndical auquel Ferrat appelle, « Avec nos yeux ouverts et grands sur le réel/Un avenir conduit par notre vigilance/Envers tous les pouvoirs de la terre et du ciel ».
Le moteur de la lutte contre tout ce qui brime l’homme et sa dignité, c’est aussi l’amour. Et Ferrat, en reprenant Aragon, est un de ceux qui l’a le mieux chanté. Amour de la femme, amour de la nature aussi, il y aurait presque un peu de Camus chez notre chanteur, qui fonde son combat pour un monde plus juste sur la conviction que la joie est à saisir ici et maintenant, plutôt que dans l’au-delà ou dans un avenir indéterminé. Cette modestie, cette lucidité qui n’empêche pas l’attachement à l’idéal, se lisent aussi dans « Épilogue ». C’est le dernier titre enregistré par Ferrat, sur un texte d’Aragon délesté de toute propagande. Tout le texte est à découvrir, en voici quelques extraits pour conclure : « Songez qu'on arrête jamais de se battre et qu'avoir vaincu n'est trois fois rien/Et que tout est remis en cause du moment que l'homme de l'homme est comptable/Nous avons vu faire de grandes choses mais il y en eut d'épouvantables/Car il n'est pas toujours facile de savoir où est le mal où est le bien/Et vienne un jour quand vous aurez sur vous le soleil insensé de la victoire/Rappelez-vous que nous avons aussi connu cela que d'autres sont montés/Arracher le drapeau de servitude à l'Acropole et qu'on les a jetés/Eux et leur gloire encore haletants dans la fosse commune de l'histoire... ».
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
En décembre 1965, dans l’excellent premier 30 cm de Jean Ferrat, exemplaire de sa diversité d’inspiration (Potemkine, C’est si peu dire que je t’aime - d’après Aragon -, Les Belles Étrangères, Je ne chante pas pour passer le temps, La voix lactée (S.G.D.G.), C’est toujours la première fois, Le Sabre et le goupillon, On ne voit pas le temps passer…), figure une chanson dont Claude Delécluse a écrit le texte : Raconte-moi la mer. Soudain, le temps suspend son cours pour une superbe invitation au voyage, au rêve, à l’envol maximum où Ferrat a su dessiner une mélodie lyrique à plusieurs étages, parfaitement servie par sa voix ample et chaleureuse au creux des vagues successives de cordes dirigées par Alain Goraguer. Dans un ensemble de titres aux contenus très pugnaces, elle apporte à l’album une respiration nécessaire, salutaire même. Un instant d’éternité. CQTC.
À juste titre, en matière de poésie, on associe toujours Aragon à Ferrat. Pourtant, il l’a dit et répété, le premier choc poétique lui vint de Federico Garcia Lorca quand il le découvrit, à l’adolescence. Plus tard, dans une maison d’édition, il rencontra un compositeur nommé Claude-Henri Vic, qui lui montra une mélodie d’esprit flamenco sur laquelle personne n’avait encore réussi à écrire un texte. Tout de suite, elle lui donna l’envie d’évoquer Lorca, entre humanisme viscéral et mémoire qui sous-tend la réflexion et l’implication politiques : « Voilà plus de vingt ans Camarades / Que la nuit règne sur Grenade » (Jean était un petit garçon de cinq ans et demi, le 19 août 1936, lorsque Federico Garcia Lorca fut fusillé à Grenade par les autorités franquistes, au tout début de la guerre civile). C’était fin 1961, deux ans avant Nuit et Brouillard ; aujourd’hui, voix grave et prenante de l’artiste à la clé, cette chanson vibrante et dépouillée n’a pas pris une ride. CQTC.
Jean Ferrat a toujours pris la chanson d’expression(c’était son terme) très au sérieux. Bien entendu, elle revêt chez lui différentes formes, et à côté des grandes envolées poétiques, amoureuses, humanistes… il a écrit des pamphlets « partisans », caustiques, ironiques… et des « petites » chansons, tout aussi nécessaires, avec leur mélodie accrocheuse et leur intemporalité. Ainsi Excusez-moi (1967), où il reconnaît en préambule sa maladresse corporelle scénique (souvent relevée alors dans la presse) et souligne le paradoxe éternel de la chanson, si dérisoire et si essentielle (« Je rêve de chansons trempées / Tranchantes comme un fil d’épée / Et ne manie qu’un sabre en bois »), tout en affirmant justement combien il y croit. Ça tombe bien, nous aussi. CQTC.
Jean Ferrat est indiscutablement celui qui a fait le plus descendre la poésie d’Aragon dans la rue, parce qu’il a toujours cherché l’angle chanson, n’hésitant pas à « trafiquer » à l’occasion telle ou telle strophe, isolant, intervertissant tel ou tel vers pour dessiner un refrain. Avec l’envie constante de tailler un diamant, la volonté viscérale de partager ce meilleur trop souvent réservé à une élite. Résultat, j’avais promis une chanson quotidienne, je ne résiste pas au plaisir d’en proposer deux aujourd’hui. Deux qui se répondent. D’abord, ce sublime Un jour un jour de 1967 ; le survol des crimes et des malheurs du monde y inciterait à baisser les bras (« Ah je désespérais de mes frères sauvages »), mais le refrain d’utopie nécessaire, le carburant mental devenu signe de reconnaissance politique en fera une chanson centrale chez Ferrat qui précisera : « Elle est significative de ce que pense Aragon et de ce que je pense. »
Depuis son décès, Jean Ferrat est partout à la une. Certes, des millions de gens sincères, bouleversés, ont lâché la bonde à leur émotion, comme aurait dit son ami Brassens, et c’est sa victoire éternelle ; mais ceux qu’il « emmerdait » avec constance, ceux qui l’ont censuré, voire les faux-culs et autres charognards de tous poils, pointent par grappes sur le petit écran et au tiroir-caisse des média. Bref, aujourd’hui, tout le monde l’aime (« Les morts sont tous des braves types », chantait déjà le père Georges en 1961 dans Le Temps passé), par calcul ou par ignorance, beaucoup de choses erronées sont dites et on diffuse à peu près toujours les mêmes chansons. Chaque jour de cette semaine, vous en trouverez une à découvrir (ou à retrouver) sur ce blog. En voici trois aujourd’hui dont il a signé paroles et musiques, à commencer par cette Berceuse de 1964, à laquelle il était très attaché et un peu triste aussi qu’elle ne soit pas plus connue.
Comme une suite à cette chanson (qui ouvrait son quatrième album, celui de La Montagne et Que serais-je sans toi) où, à voix douce et chaleureuse, il décrit la vie de misère de ces petits brésiliens, mais où il laisse quand même la porte entr’ouverte à des lendemains possibles, voici Ils volent volent volent, écrite huit ans plus tard, dans l’album dont le titre à succès est Une femme honnête.
Enfin, comme on ne cesse de traiter Jean Ferrat de chanteur « engagé », terme fourre-tout, commode, tendancieux, méprisant, qu’il n’appréciait guère, préférant très tôt dire qu’il faisait (pas toujours, bien sûr) des chansons « partisanes » ou « politiques », voici Pauvre Boris qui salue Boris Vian par le biais d’une lettre ouverte dans l’esprit du Déserteur posté quinze ans plus tôt. Ferrat ironise sur le fait que ces mêmes couplets pacifistes de Vian interdits à leur création deviennent soudain un succès dans la bouche d’un Richard Anthony, icône de la « nouvelle vague » yé-yé. Et il précisera alors dans la presse : « Je suis contre les chanteurs engagés pour une certaine période, celle où “ça marche”… Si c’est ça, être engagé, je ne le suis pas. »
Personnellement j'ai acheté son intégrale "Ferrat Aragon", des chansons, plus belles les unes que les autres, puisque ce sont des poèmes d'Aragon mis en chansons, et dont les compositions musicales sont toutes de Jean Ferrat et de Gerard Meys avec des réorchestration d'Alain Goraguer. (Disques Temey, distribués par Sony Music).
Et ensuite j'ai commandé sa dernière et complète intégrale(son oeuvre complète) de 11 Cd, qui pour l'instant n'est plus disponible et qui le sera certainement dans les semaines à venir...
jacommos Admin
Nombre de messages : 7161 Age : 61 Localisation : le Sud Date d'inscription : 22/03/2008
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Sujet: Re: JEAN FERRAT Lun 5 Avr - 15:17
Jean Ferrat À BRASSENS Paroles et Musique: Jean Ferrat 1963
Est-ce un reflet de ta moustache Ou bien tes cris de "Mort aux vaches!" Qui les séduit De tes grosses mains maladroites Quand tu leur mets dessus la patte C'est du tout cuit
Les filles de joie, les filles de peine Les Margotons et les Germaines Riches de toi Comme dans les histoires anciennes Deviennent vierges et souveraines Entre tes doigts
Entre tes dents juste un brin d'herbe La magie du mot et du verbe Pour tout décor Même quand tu parles de fesses Et qu'elles riment avec confesse Ou pire encore
Bardot peut aligner les siennes Cette façon de montrer les tiennes Ne me déplaît pas Et puisque les dames en raffolent On ne peut pas dire qu'elles soient folles Deo gratias
Toi dont tous les marchands honnêtes N'auraient pas de tes chansonnettes Donné deux sous Voilà que pour leur déconfiture Elles resteront dans la nature Bien après nous
Alors qu'avec tes pâquerettes Tendres à mon coeur, fraîches à ma tête Jusqu'au trépas Si je ne suis qu'un mauvais drôle Tu joues toujours pour moi le rôle De l'Auvergnat